Tourisme : L’occident « assassine » le tourisme malien

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Représentant 5% du produit intérieur brut (PIB), le tourisme représentait le 3e produit d’exportation après l’or et le coton au Mali jusqu’au début de l’année 2010. De 2002 à 2010, il a enregistré environ 140 milliards de recette avec plus de 60 milliards d’investissements. Mais depuis les restrictions de voyage imposées par certains pays occidentaux à leurs ressortissants vers le Mali (2009), notre pays a perdu plus de 50 milliards de francs CFA selon Gustave Diasso de la sous commission tourisme de l’UEMOA.

Le Mali abrite les plus grands monuments et sites classés au patrimoine mondial de l’humanité après l’Egypte : Le plateau Dogon, le tombeau des Askia, la ville de Tombouctou. Ses patrimoines immatériels sont le Djaral et Dégal à Mopti (signifie : la traversée des bœufs). L’ancien ministre de l’artisanat et du tourisme, N’diaye Bah estime que les recettes générées par le secteur du tourisme, contribuent à l’équilibre de la balance des paiements de notre pays et à la création d’une forte valeur ajoutée. Selon l’organisation mondiale du tourisme (OMT), le tourisme représentante aujourd’hui, le premier secteur économique du monde avant l’industrie aéronautique, l’industrie automobile et l’industrie textile. Chaque emploi créé, génère trois emplois trois emplois et demi en tourisme. Le tourisme englobe plusieurs filières dont : L’hôtellerie, les agences de voyages, les transports aériens et terrestre, les guides touristiques, la restauration, le commerce, l’artisanat…C’est tout cet ensemble qui est affecté par la crise qui secoue actuellement le secteur.

Contrairement à ce que croiraient certains, la rébellion du nord Mali n’a jamais affecté le tourisme dans notre pays. N’Diaye Bah, ancien ministre du Tourisme, explique que c’est justement durant cette période que le tourisme a commencé à prendre son envol et rapporté un gain important à l’économie du pays. Les zones concernées par la rébellion étaient très éloignées de celles qui abritent les sites touristiques. L’ancien ministre pense que le tourisme a commencé à battre de l’aile avec les séries d’enlèvements dans la bande sahélo-sahélienne. Il y a eu celui de Pierre Camatte à Ménaka (Gao), ceux enlevés au Niger au lendemain du festival de Anderaboukan en 2007, les enlèvements d’Arlit et de Niamey (Niger), ceux de la Mauritaniequi ont amenés la France, les Etats Unis et l’ensemble des pays de l’Union Européenne, à classer le cœur du tourisme malien en zone rouge, notamment les régions de Tombouctou, de Gao. Le pays Dogon et Ségou, quant à eux, ont été classés en orange. Il était fortement déconseillé à tous les ressortissants occidentaux d’aller dans ces zones. Pour couronner le tout, même Bamako a été classé zone à risque au début de l’année 2011. Cela a créé une psychose totale. Or, lorsque le tourisme est en panne, c’est l’économie malienne qui est en souffre. Les revenus des ménages baissent, le chômage augmente, les agences de voyages vont de mal en pie…Bref, tout va de travers. La morosité du secteur n’affecte pas que le tourisme. Les dégâts collatéraux de la crise touchent d’autres secteurs, principalement l’agro-industrie et du commerce : les pêcheurs, les bouchers, les boulangers, le secteur du transport aérien, et le transport terrestre. A la question de savoir ce qu’il pense des restrictions sur le Mali, le ministre de l’artisanat et du tourisme Mohamed El Moctar répond que « le Mali est respectueux des libertés de tous. Respectueux des décisions de chaque pays. Nous comprenons les soucis des différents Etats ». Il révèle cependant que les étrangers occupent 90% des hôtels lors du salon international du tourisme organisé chaque année à Bamako. La France est le 1er pays émetteur de touristes au Mali. Plus de 60% des touristes qui visitent le Mali viennent de France. L’agence de voyage « Point Afrique » qui assurait deux liaisons hebdomadaires entre Paris et Mopti, et une liaison hebdomadaire entre Gao et Paris, a arrêté ses activités. Engendrant un énorme manque à gagner. Il précise que les restrictions concernent en particulier la France. Par contre, de fortes demandes en direction de Tombouctou et Mopti sont actuellement exprimées par les Etats Unis.  

La directrice de l’agence de voyage Timbuctours, Mme Cissé Fatoumata Kouyaté déplore le matraquage médiatique des médias occidentaux contre le Mali. « Notre pays est passé en zone rouge par les ambassades européennes qui sont les premières clientes émetteurs de tourisme en direction du Mali.»A-t-elle souligné. Toutes les agences de voyages de Bamako sont confrontées au même problème : les touristes viennent au compte goutte. Le marché est lent, très lent. Beaucoup sont obligé de se défaire de certains agents parce que les entreprises ne rapportent plus autant d’argent.

 

Perspectives à long terme

Bamako est la première capitale en densité hôtelière en Afrique de l’Ouest. Elle compte cinq hôtels 5 étoiles : Le Radisson Blue (70 chambres), l’hôtel de l’amitié et les trois hôtels de la chaîne Azalai (hôtel Salam, Grand hôtel, hôtel Nord-Sud). D’autres hôtels sont en chantier : L’extension du l’hôtel Radisson Blue à Bamako qui va porter la capacité de cet hôtel à 189 chambres. Sans compter le groupe Mariotte qui va réaliser au bord  du fleuve Niger, un hôtel cinq étoiles d’une capacité de 540 chambres avec une piscine à chaque niveau. Ce sera une première sur le continent. Il n’y a pas que Bamako qui abrite des hôtels de luxe. En effet, Sikasso est la 2e place hôtelière du Mali après Bamako. Elle abrite l’hôtel du cinquantenaire (cinq étoiles). Ségou a multiplié ses hôtels par 2, Tombouctou et Kayes par 3 en moins de 10 ans. Tout cela est dû, selon l’ancien ministre, N’Diaye Bah, au fait que les investisseurs maliens et étrangers croient toujours à la destination Mali et au tourisme comme un secteur rentable.

 

Vendre la destination Mali

La relance du tourisme malien peut se faire de plusieurs manières : La promotion du tourisme à l’interne et la participation de notre pays aux foires, salons et festivals touristiques et artisanaux, rentabiliser les hôtels construits et ceux en construction. En effet, tourisme rime forcément avec artisanat. Ces deux secteurs vont de pairs. Il est important que le Mali continue à participer à des évènements tels que : les salons du tourisme WTM de Londres (Angleterre), de Madrid (Espagne), de Milan (Italie), de Paris (France). Et d’autres salons auxquels notre pays participe depuis des années.

Depuis des années, notre pays organise en France, les fêtes de l’artisanat et du tourisme. Ces fêtes étaient l’occasion pour notre pays, de vendre la destination Mali et d’insérer nos artisans dans le circuit commercial international. Ainsi, nos artisans étaient présents à la bourse du commerce à Montreuil, Evry,la Courneuve, Lyon et d’autres villes sollicitaient les artisans maliens pour des foires exposition. Par ailleurs, il serait également intéressant de développer la coopération décentralisée. En effet, plusieurs villes du Mali sont jumelées à des villes françaises. Cela ne serait pas fortuit d’organiser des voyages touristiques entre habitants de chacune de ces villes et en profiter pour montrer les richesses touristiques et artisanales dont le pays regorge. La promotion du tourisme à l’interne pourrait se faire à travers le soutien aux festivals organisés au Mali : Essakane (festival au désert), Anderaboukan, le festival sur le Niger, le festival Kayes-Médine-Tambacounda…Il est important de soutenir les promoteurs de ces festivals qui sont des opportunités pour le Mali, d’accueillir des milliers de touristes du monde entier.  

Le tourisme ne se limite pas qu’aux monuments et sites touristiques. Il est important de développer le tourisme des parcs avec la faune et la flore. Réhabiliter et repeupler en faune sauvage la région de Gao avec les éléphants du Gourma, la réhabilitation de la forêt de Monzonga à Ansongo (avec des girafes dans la zone), la boucle du baoulé (à cheval entre Kolokani et Kita), le Bafing (des Chimpanzés y sont conservés versla Guinée).

 

Hawa Séméga


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