Malgré le démenti du gouvernement malien, qui tombe après les allégations de l’ambassade de France à Bamako, qu’il n’y a aucune preuve tangible de risque d’enlèvement de Français sur son territoire, le nord-Mali paie un lourd tribut à la désaffection des touristes. Sommes-nous en face d’un désert humanitaire ?
Il y a quelques semaines le gouvernement malien à travers un communiqué du ministère de la Sécurité intérieure précisait ceci : «Aucune preuve tangible ne permet de soutenir une prétendue insécurité susceptible d’entraver la libre circulation des personnes et de leurs biens y compris dans la région de Mopti (600 km au nord de Bamako), région de tourisme par excellence ». Ledit communiqué exhortait «les amis du Mali à travers le monde et tous ceux qui désirent visiter le Mali à ne rien changer à leur programme ». Ce n’est pas gagné. Le quotidien se vit au Nord avec une difficulté grand D.
La désaffection des touristes en raison d’une menace terroriste et les conseils aux voyageurs ont déjà produit leurs effets. Les conséquences économiques désastreuses sont très tangibles sur le terrain. Et cette année s’annonce catastrophique pour la fréquentation de la destination-Mali, du moins à en croire le directeur de l’Office malien du tourisme et de l’hôtellerie (Omatho), Mamadou Keïta, qui note une baisse de plus de 50% de la fréquentation en 2009 et 2010.
C’est l’ensemble des régions du Nord qui se vide inexorablement et tout le monde en fait les frais. «Tout le monde est touché», indique un propriétaire de campement à Hombori, notamment les commerçants, les artisans, les éleveurs. Toutes choses qui sont confirmées par une Européenne installée à Mopti, qui constate que : « Les rues sont vides, tout le monde demande de l’argent, tout le monde en veut à la France. » Et elle de regretter ne « pas avoir entendu de prise de position très forte de la part des autorités maliennes ». Elle trouve surtout « scandaleux qu’on affame une région sans indemnisation ».
Par ailleurs, c’est également un coup très dur pour l’association Terres jaunes-Mali, qui est en recherche de financement pour un centre de formation qu’elle tente de mettre en place à Ségou. En revanche, selon les responsables de cette association, si il n’y pas encore de mobilisation générale du gouvernement malien, du ministère du tourisme malien, des associations réceptives et des professionnels de la branche, Terres jaunes-Mali bénéficie de la sympathie de l’Office malien du tourisme et de l’hôtellerie, qui lui a décerné une attestation afin de rassurer ses éventuels bailleurs suisses à soutenir son projet.
Issiaka Sissoko,
Avec Terres jaunes-Mali