Ce petit village, situé à 45 km de la capitale, recèle d’importants sites à la fois historiques et touristiques. Symbole de richesse, les sites des monts mandingues à Siby demeurent aujourd’hui, pour la plupart, mal connus, donc mal exploités. Le Challenger se propose de faire découvrir le charme pluriel de ces monts merveilles. Conformément à la politique de promotion savamment mise en œuvre par l’Office malien de l’hôtellerie et du tourisme (Omatho) sous la conduite éclairée de son directeur général, M. Diallo.
Situé à 45 km au sud-ouest de Bamako dans le cercle de Kati, région de Koulikoro, la commune rurale de Siby est au bord de la route de la Guinée-Conakry. Avec ses vingt-et-un villages, Siby est une vieille localité du Mali. Depuis les temps anciens, la réputation de ce village est due en grande partie à sa production de mangues. A Siby, le nombre de pieds de mangue determine le degré d’opulence. Pour ceux qui ne le sauraient pas, les premières mangues qui inondent les marchés de Bamako, voire au-delà, à partir du mois de février, viennent essentiellement de Siby et de ses environs.
Siby est aussi un lieu où a été écrite l’histoire du Mandé. Selon certains témoignages recueillis sur place, Siby dont le roi Kamandjan Camara, était l’ami d’enfance de Soundjata Kéïta, servait de lieu de rassemblement des troupes pour aller à l’assaut des territoires ennemis. Toujours selon les mêmes récits, la bataille de Krina qui aurait permis à l’empereur du Mali de vaincre définitivement le roi de Sosso, Soumaoro Kanté, a été préparé dans ce village à la fois mythique et mystique.
Des sites non découverts!
Fondé au moyen-âge par les ancêtres des Camara, ce village mandingue est tout simplement magnifique de par son relief, sa nature et son site. Siby se niche dans la plaine aux flancs des monts mandingues. C’est dans ce village que l’on peut voir l’ancien fourneau datant de l’empire du Mali.
L’enclume de Niekema étale les merveilles de ces sites à la fois touristiques et historiques. Cette commune est l’une des rares de notre pays qui dispose de nombreux sites non encore découverts. Parmi ceux déjà connus, on peut citer entre autres : la majestueuse arche de Siby, la grotte de Fanfanba, un site naturel avec son lac, la grotte de Tiekorobani à l’entrée du village, celle de Djolibani, le puits naturel, la colline de Niakéna… Rien que pour le charme envoûtant qu’ils dégagent, les sites de Siby méritent d’être visités.
La majestueuse arche de Siby ou encore ‘’Kama dodanaboda’’ est situé en haut de la montagne derrière l’un des vieux quartiers, Djissoumana. De cette arche, creusée dans la roche, on a facilement une vue splendide sur la plaine environnante. Les versions sur la naissance de ce lieu, symbole de fierté pour tout un village, diffèrent d’une légende à une autre. Selon certaine légende, c’est Kamandjan Camara qui aurait transpercé la montagne avec son sabre à la veille du départ à une soirée où le célèbre griot du Mandé, Balla Fasséké Kouyaté demandait à chaque roi présent ce dont il était capable. D’autres avancent que Kamandjan Camara aurait transpercé la montagne pour échapper à un ennemi. Sur ce site dont l’accès devient de plus en plus facile (on peut aller en voiture à quelques mètres), on peut se balader dans les environs en respirant l’air pur des arbres. On peut aussi aller à la découverte des jolies cascades cachées dans la montagne.
Grotte de Fanfanba : un lieu mystique !
La grotte de Fanfanba est un lieu mystique dans lequel les traces de manifestations humaines datant de plusieurs centaines d’années sont encore visibles. On y trouve des choses merveilleuses. Calme avec une certaine fraîcheur, cette grotte est un lieu idéal de repos même si l’accès peut s’avérer difficile pour certaines personnes. Et cela compte tenu de sa position géographique. Une fois à l’intérieur, la première chose étonnante demeure un lac naturel, alimenté par des gouttes d’eau qui tombent sans irruption en toute saison. L’origine de ces gouttes d’eau que les visiteurs convoitent surtout en certaines périodes de l’année, reste mystérieuse. Un peu plus loin de ce petit lac où pousse une multitude de variétés de fleurs, on découvre un espace paisible. Ici, on peut chanter et danser, comme si la gaîté et la bonne humeur sont comme faisant partie de l’air ambiant. Au fond de cette grotte logée dans une autre, il y a un trou qui donnerait accès à un grand réservoir d’eau. Mais n’entre pas dans ce trou qui veut ! ‘’Ne vous approchez pas de ce trou-là au bout.’’, nous interpellait notre accompagnateur, un jeune du village. Pourquoi ? ‘’Les anciens nous conseillent de ne pas l’approcher. Je ne peux pas vous en dire plus ’’ martèle-t-il tout en nous conseillant de nous éloigner.
On avance alors au milieu des pierres pour atteindre l’autre bout de la grotte. De temps en temps, nous jetons par curiosité un coup d’œil en bas. Nous apercevons, ici et là, des excréments d’animaux sauvages. Une preuve supplémentaire que la célèbre grotte sert aussi de refuge à une catégorie d’animaux sauvages. Au milieu des grands arbres qui couvrent une grande partie de Fanfanba, les oiseaux bercent les visiteurs avec la symphonie sauvage de leurs chants quasi permanents. Les chutes d’eau de Dandan avec sa végétation ajoutent à la beauté et à la richesse des sites touristiques de Siby.
Des efforts de promotion louables !
Siby, avec ses nombreux campements et 13 000 visiteurs par an, fait la fierté du Mandé. Comme d’autres zones (Bafing Macana, Tériyabougou, le Gourma) cette localité est un haut lieu de promotion de l’écotourisme. Il y a donc de la matière à exploiter dans le cadre de la diversité du produit touristique. A Siby, les entrepreneurs touristiques ont déjà commencé avec la construction d’hôtels adaptés à l’écosystème, pour une meilleure protection de l’environnement et une bonne promotion de la richesse du tourisme local.
Il faut reconnaître que l’écotourisme est un produit d’avenir dont tous les pays ambitieux doivent se servir pour travailler à maximiser leur potentiel touristique. En effet, cette formule recèle de multiples autres avantages écologiques et sociaux, en marge des ressources économiques qu’elle génère.
Depuis quelques années, la mobilisation est énorme au niveau local, la commission de guides pour l’accueil des touristes dirigée par Daouda Diawara, travaille pour faire reconnaître les sites.
À l’endroit de la population, Daouda Diawara lance un appel à la mobilisation pour la protection et la sauvegarde de ces sites qui font aujourd’hui la promotion de la commune tout entière. Au-delà de cette mobilisation locale, force est de reconnaître que le ministère de l’Artisanat et l’Office malien de l’hôtellerie et du tourisme ont largement contribué ces dernières années à faire la promotion des sites de Siby.
Parmi les multiples actions menées, on retient entre autres, la formation des guides touristiques, condition indispensable au développement de l’activité touristique, l’identification des sites à travers des plaques très visibles au bord de la route et l’aménagement des pistes d’accès.
Par Ousmane Ballo* Envoyé spécial à Siby