L’enlèvement de deux français dans un hôtel de Hombori et la prise de trois autres touristes en otage à Tombouctou, avec l’assassinat d’un touriste allemand, sont des évènements qui viennent pratiquement pour faire déborder le vase. Des agences de voyage qui ne travaillent plus depuis trois ans ne savent plus à quel saint se vouer. De crainte de mettre la clef sous le paillasson, les responsables des Agences de voyage du Mali se sont retrouvés le 29 novembre 2011, dans la salle de conférence de l’Office malien de l’hôtellerie (OMATHO) pour décider d’une conduite à tenir face à ce qu’ils considèrent comme le laxisme de l’Etat.
Pays à fort potentiel culturel, le Mali à force de travail était parvenu à s’imposer comme une destination touristique très prisée dans les différents programmes des tours opérators. Bon an, mal an, le tourisme malien était parvenu à se hisser parmi les secteurs qui contribuent le plus à l’économie du pays avec 80 milliards de FCFA. Mais, depuis quelques années, cette performance est en net recul. Pour cause : alors qu’aucun touriste n’avait été enlevé sur le territoire malien, la France avait initié une campagne auprès de ses ressortissants pour déconseiller la destination du Mali. Du coup, la filière touristique au Mali a accusé un coup terrible.
Des hôteliers aux agences de voyage en passant par les petits artisans et autres restaurateurs, c’est la débandade générale. Les touristes n’arrivaient plus qu’à compte gouttes et les acteurs de la filière étaient tous devenus comme des malades sous perfusion. Ils avaient tout juste des miettes pour faire vivre leur entreprise en attendant des périodes plus fastes. N’eut été les récents évènements, nombreux sont les citoyens des pays occidentaux qui étaient prêts à passer outre les interdictions de leur chancellerie pour venir visiter notre pays.
Et, c’est ce que les responsables des Agences de voyage n’arrivent pas à pardonner à l’Etat, étant donné qu’un battage médiatique avait été initié pour dire à tout le monde que le Mali était une destination sûre. A la réunion du 29 novembre 2011, les Agences de voyage, après avoir dénoncé le laxisme de l’Etat, ont discuté de la possibilité d’organiser une marche à Bamako ou à Tombouctou, pour dénoncer l’attitude de ces bandits d’une autre époque qui sapent l’économie du Mali par leur comportement des plus répréhensibles. Au cours de cette marche, elles comptent interpeller l’Etat malien afin qu’il prenne tous les dispositions pour assurer la sécurité sur toute l’étendue du territoire.
En attendant, certains responsables d’Agences de voyage ont proposé la mise en place d’une Association forte qui sera leur interlocuteur avec les autorités du pays. Mais, auparavant dans les discussions Aly Dolo, maire de Sangha, dont la commune vit à 95% du tourisme, a conseillé aux responsables d’Agences de voyage de ne rien attendre du Gouvernement. Pour la simple raison qu’après ce qui s’est passé à Hombori et à Tombouctou, le Gouvernement n’a sanctionné aucun responsable de la sécurité, bien qu’ils ne soient pas exempts de tout reproche. « En vous taisant et ne bougeant pas, vous êtes tous complices de ce qui vient de se passer », a-t-il indiqué. La réunion a convenu que le plan de sécurisation des axes routiers, des sites touristes et des établissements hôteliers du Mali est insuffisant en ce sens qu’il ne prend pas en compte l’escorte ou le jalonnement entre Douentza et Tombouctou.
Assane Koné