La réponse d’ATT à Sarkozy : « Si vous n’allez pas aux Dogons, les Dogons viendront à vous ! »

0

Le président Amadou Toumani Touré, avec la subtilité qui lui sied n’a pas manqué d’assener quelques vérités à Sarkozy à l’occasion de  l’ouverture officielle de l’exposition sur l’Univers Dogon au Musée du Quai Branly à Paris.

Le discours prononcé par le président malien ne manque pas de sous-entendus. C’était en présence d’importantes personnalités politiques du pays à l’image de Martine Aubry, maire de Lille et première secrétaire du Parti socialiste, de l’ancien ministre de la Culture, Jacques Lang entre autres.
 
Voici un extrait :
« Le débat sécuritaire a du sens, mais nous ne devons reculer au-delà du seuil de la nécessaire vigilance et des mesures à prendre pour la protection de ceux qui nous font l’amitié de nous rendre visite. En disant cela, je pense naturellement à la décision prise par les autorités françaises d’interdire à leurs ressortissants de se rendre dans de nombreuses régions du Sahel. Nous comprenons la mesure même s’il nous apparaît tout aussi important d’attirer l’attention sur ses conséquences préjudiciables sur les populations du Bassin touristique du Mali : Mopti, Tombouctou, Gao et Kidal… C’est justement parce que les menaces, les défis et les contraintes sont les mêmes pour nos pays que nous avons toujours prôné des solutions sous-régionales aux problèmes transfrontaliers…

Après tout, si vous n’allez pas aux Dogons, les Dogons viendront à vous ! Cette exposition en est la preuve ».

En clair, la décision du Quai d’Orsay de rendre les pays du Sahel Infréquentables est de nature à  favoriser l’immigration sous toutes ces formes dès lors qu’elle (la décision de Paris) provoque la précarité et l’insécurité dans les localités désertées par les touristes et autres partenaires au développement (ONG en l’occurrence).

L’Indignation des français, aussi !
Plusieurs élus français aussi bien de droite et de gauche, sont également indignés par la décision du Quai d’Orsay. A la faveur d’une rencontre entrant dans le cadre du Forum pour la coopération internationale des collectivités, début juillet, le député socialiste français,  François Loncle, a vivement critiqué la mesure, jugée de « deux poids, deux mesures » : «On ne peut pas demander aux Français d’aller au Maroc dès le lendemain de l’attentat de Marrakech, puis leur déconseiller le lendemain d’aller à Bamako, Niamey ou Nouakchott sous prétexte que c’est trop dangereux. C’est une politique d’abandon de l’Afrique subsaharienne qui nous paraît inacceptable».

Et de poursuivre : «En déconseillant aux Français d’aller au Mali, en Mauritanie et au Niger, on a ouvert une sorte de large parapluie qui ne correspond à rien du tout. Pour moi, c’est une lâcheté gravissime et une injustice envers ces pays… C’est une sorte de coloriage qui ne correspond à aucune vérité du terrain. Au nom de la prudence, on arrive à mettre dans la même catégorie Bamako et Kidal, Niamey et Iferouāne. Tout cela n’a aucun sens. Nous partageons la colère de nos amis du Sahel et appelons les autorités françaises à lever les interdictions d’aller dans certaines régions du Sahel».

En définitive, il s’agit d’une véritable méprise que de voir ces pays du Sahel sous le prisme du terrorisme. Une injustice qui risque bien de retourner contre ses auteurs au regard du message, ô combien subtil du président malien : « Si vous n’allez pas aux Dogons, les Dogons viendront à vous ! » ; Entendez par « Dogons », des candidats à l’immigration légale ou non.
B.S. Diarra

Commentaires via Facebook :