Notre confrère rentre d’un séjour du Maroc à l’invitation du Conseil Régional du Tourisme de Fès qui cherche à promouvoir le potentiel touristique de la ville médiévale. C’est peu de dire qu’il en est revenu impressionné.
A cause de l’horaire très contraignant du trajet Bamako Rabat par la Royal Air Maroc, nous sommes le petit matin à l’Aéroport Mohamed V désormais certifié Iso, c’est-à-dire donc répondant aux normes internationales de sécurité et de confort requises. Café croissant, la seule consolation au bout d’un voyage de nuit, puis le guichet de l’Oncf (Office national des Chemins de fer) :
– Fès !
– Dans quinze minutes. Voie No2, 200 dirhams en première classe.
Difficile pour un subsaharien de croire qu’un train africain peut être à l’heure. Mais le Maroc est-il l’Afrique ? Plus d’un Marocain vous dira « nous vous aimons vous les Africains », comme on aime une marque de chaussures. Et quoiqu’on dise, plus que dans d’autres pays du Maghreb, le royaume est une terre de synthèse, un pont entre deux mondes, une interface plus qu’une face. Le train s’ébranle dans le froid et le vent. C’est l’hiver ici et inutile de préciser qu’il est polaire pour un Sahélien. Heureusement, ma cabine est chauffée. Les gares défilent, Casa, Rabat, Kenitra, et nous perdons la corniche Atlantique pour bientôt amorcer la Région du Moyen Atlas.
Deux heures après, voici la gare de Meknès. C’est quelque part ici, avons-nous appris à l’école que Moulaye Idriss a vécu, organisé sa résistance avant de se lancer, corps et âme, dans le combat de sa vie : un Maroc libre et fier. Je léchais de ma vitre le paysage contrasté du dehors, tantôt une vallée vert olive où traînent quelques poussifs rayons de soleil, tantôt un vert haricot lorsque l’ombre descend, et au loin à l’horizon, la ceinture noire des collines qu’on ne scrute pas longtemps à cause du délicieux défilé d’orangers et de mandariniers le long des rails.
Et voilà Fès. Celui qui m’accueille m’amène tout de suite au café d’en face où je sirote un thé à la menthe, un produit du cru, non pas à cause du thé vert qui vient d’Asie, mais de la menthe qui est une touche purement marocaine, me précise mon guide. Il s’appelle Mustapha Bettache, 58 ans, Fassi (habitant de Fès) bon teint. Il est une célébrité nationale. Ce journaliste formé à Lille fut de tous les combats de la gauche marocaine. Il connut les prisons de Hassan II. Bettache écrit pour plusieurs journaux dont le quotidien communiste El Bayan. Son cœur est toujours à gauche mais il reconnaît que le Maroc s’est beaucoup démocratisé sous le fils. « Mais trop tôt de vous bassiner avec notre histoire, à peine sorti du train. Je vous amène à votre hôtel ».
L’on m’y attendait, on dirait. L’hôtel Wassim, dans la « nouvelle ville » est un impressionnant édifice de 4 étoiles qui appartient aux Mernissi, un nom de famille qu’on verra souvent à Fès sur le fronton des Commerces. « Ce Mernissi là, c’est mon cousin. Il est concessionnaire de voitures » relativise l’autre Mernissi, propriétaire de l’hôtel, promoteur agro-industriel et prince (peut-être pince aussi) sans rire qui me cueille à froid : « Dites à vos dirigeants que le Maroc que l’histoire les lie plus au Maroc qu’au Polisario ».
Le Mali et le Maroc, c’est pareil
J’avais en tout trente cinq minutes à Fès, ça commence bien, mais heureusement pas pour longtemps. Le décor planté, M. Mernissi me souhaite la bienvenue et discute tout de suite du reste du programme pour la soirée. Ainsi donc, je me retrouverai quatre heures plus tard à l’inauguration des nouveaux locaux du Conseil Régional du Tourisme (Crt) de Fès, partie invitante, présidée par Driss Faceh qui me parle, avec une grande classe, et me dit combien lui et ses collègues sont contents d’avoir un journaliste malien avec eux ce soir, dans le cadre de l’Opération « Souriez, vous êtes à Fès ». Une Opération de charme qui englobe toutes les parties prenantes au tourisme local et qui vise à faire de la ville historique d’environ un million d’habitants une destination touristique appréciée.
Peut-être pas à la mesure de Marrakech, encore que Fès a enregistré une « croissance de 17% en termes de visiteur l’an dernier dans un contexte global où la tendance est à la récession », me dira fièrement le journaliste économiste Youness Saad Alami, correspondant à Fès du prestigieux l’Economiste de Casablanca. La soirée se terminera à l’hôtel les Mérinides. Super luxe, dîner royal, un trio orchestral qui émeut l’assistance avec le tube de Abdelhadi Bel Kayat, le Fassi de Casablanca qui fit pleurer le Maroc avec son tube « le train de la vie ». Et puis une danseuse que les visiteurs n’étaient pas les seuls à dévorer du regard. L’agréable est utile, mais il ne suffit pas : mes hôtes me reprennent dès le lendemain pour le travail. Farid Lahlou, Directeur Général du Crt de Fès me reçoit et me briefe sur les potentialités touristiques de Fès, et sur les raisons pour lesquelles, les Maliens en particulier et les Africains en général devraient mettre sur leur agenda cette ville fascinante et chargée d’histoire.
A suivre demain : Ce qui fascine à Fès