Une des conséquences de la crise sécuritaire et politico-institutionnelle que le Mali traverse a été la suspension de la coopération des partenaires techniques et financiers avec notre pays, précisément après le coup d’Etat du 22 mars 2012 avec à la clé le gel des aides financières. Ce qui s’est traduit par une quasi-asphyxie pour l’Etat malien qui a frôlé la cessation de paiement malgré la réduction drastique de son train de vie avec la suppression des crédits de fonctionnement au niveau de moult services et d’une kyrielle de démembrements et l’arrêt de plusieurs projets. Au niveau du secteur privé l’on a vu plusieurs sociétés mettre leurs employés en chômage technique au cas où elles n’ont pas purement et simplement mis la clé sous le paillasson. Faute de marchés publics.
Depuis, un certain temps, surtout avec les succès militaires enregistrés dans le cadre de l’opération Serval par les forces françaises appuyées par l’armée malienne et les forces de la MISMA et devant la perspective de libération et de sécurisation du septentrion, l’on assiste à une décrispation du paysage sociopolitique notamment par l’adoption de la feuille de route de la transition. Les partenaires techniques et financiers ont saisi cette embellie pour annoncer la reprise prochaine de leur coopération avec le Mali. Le Fonds monétaire international (FMI) qui est en quelque sorte le baromètre de la normalisation, a même débloqué plus de 18 millions de dollars. Dans la foulée, l’Union européenne, un partenaire majeur, s’est dit prête à débourser, à son tour, 250 millions d’euros d’aide au développement pour le Mali auxquels viennent s’ajouter 20 millions d’euros supplémentaires. Selon toute vraisemblance, cette tendance ira en se renforçant tant et si bien qu’il ne serait pas exagéré d’affirmer que bientôt les bailleurs de fonds se bousculeront au portillon. L’Etat doit saisir cette occasion pour payer ses dettes intérieures, c’est-à-dire l’argent qu’il doit aux opérateurs économiques et autres prestataires de services. Et faire sien le dicton selon lequel « qui paie ses dettes s’enrichit ». Ce n’est pas seulement une question d’ordre économique. En effet, les enjeux sont éminemment économiques et de justice sociale. On est dans une logique où tout se tient. Au bord de l’asphyxie financière, plusieurs entreprises ont mis leur personnel en chômage technique, d’autres en chômage définitif. Si l’on sait que l’écrasante majorité de ces travailleurs sont des chefs de famille on peut aisément imaginer les drames sociaux qui peuvent découler de ces situations. Prosaïquement, si l’Etat paie son dû à un entrepreneur, par exemple, du secteur des BTP, ce dernier, à son tour, s’acquitte auprès de son tâcheron, qui se met en règle vis-à-vis de ses maçons qui paieront, de leur côté, les arriérés de salaires des manœuvres. Ceux-ci feront, à leur tour, le bonheur de la vendeuse de beignets ou de brochettes qui deviendra ainsi capable de payer les frais de scolarité de ses enfants ou de régler leurs frais d’ordonnance en les empêchant d’être emportés par un sévère paludisme cérébral. C’est le fameux « effet de ruissellement » sic cher aux néo-libéraux. Il est vrai que dans un pays où tout est prioritaire le ministre des Finances est souvent en bute à des arbitrages douloureux. S’il a commencé à payer timidement les dettes intérieures qui sont très importantes qu’il en redouble la cadence car la relance de l’économie par la consommation est aussi à ce prix.
Yaya SIDIBE
le PM CMD n’a jamais penser à cela, parce qu’il pensait seulement au paiement des salaires minables de la fonction publique
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