Transition vers la télévision numérique terrestre au Mali : Que du grand bluff, avec un appel d’offre biaisé offert à une société qui serait en faillite

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Amorcé depuis la mi-juin 2015, le Mali peine à voir le bout du tunnel du processus de la transition du pays vers la télévision numérique terrestre. Pour cause, les entreprises  ou l’entreprise «choisies» pour l’établissement de la télévision numérique au Mali auraient, elles aussi de sérieux problèmes, surtout financiers. 

Récemment, nous vous annoncions que le Gouvernement du Mali a conclu un marché de 40 milliards de F CFA, soit près de 60 millions d’euros, relatif à la réalisation au projet d’établissement de la télévision numérique dans notre pays. Cela avec le groupement THOMSON/CAMUSAT. Mais, il ressort de nos investigations et informations qu’Arelis Broadcast qui est propriétaire à 100% de Thomson Broadcast, serait en faillite. Ainsi, depuis le 15 mai 2018, Arelis a ouvert une procédure visant la cessation de paiements selon document du Tribunal de Commerce de Nanterre, annonce n° 2478 en date du 31 mai 2018. En principe, les entreprises qui sont en faillite ne peuvent pas signer de nouveaux contrats. Mais, contre toute attente, le 26 juin 2018, la société Thomson et la Société Malienne de Transmission et Diffusion (SMDT) signèrent à Paris en présence des Premiers ministres du Mali et de la France. Ce qui est bizarre dans le contrat, c’est que Thomson Broadcast appartient à 100% à l’entreprise Arelis Broadcast qui est en cessation de paiements, c’est-à-dire en faillite. Et, il est connu de tout le monde que les compagnies en faillites ne peuvent pas signer de nouveaux contrats. Est-ce à dire que le Mali veut être le dernier pays du monde à acheter un émetteur de TV ou le dernier émetteur jamais produit, car concluant avec une compagnie qui n’opère plus et ne produit plus les pièces de rechange?

 Un appel d’offre biaisé

L’offre Direct Digital TV ou DDTV a été libérée par la Société Malienne de Transmission et de Diffusion (SMTD) le 18 décembre de 2017 en donnant moins d’un mois aux soumissionnaires intéressés pour préparer et soumettre leurs offres. Selon nos sources, la date d’ouverture de l’appel d’offre est bizarre, dans un moment où la plupart des compagnies qui pourraient soumettre des offres était en période de vacances de fin d’année. Aussi, le délai d’un mois n’était pas suffisant pour préparer des offres sérieuses, étant donné que les termes de références demandaient les visites de terrain de 87 sites d’émetteurs. Ainsi, il semblerait qu’un fournisseur spécifique ou un groupe des fournisseurs aurait déjà son offre en main et que les concurrents n’auront pas eu le temps de répondre à l’appel d’offre. Notre source poursuit en indiquant que les autorités maliennes sont venues à ce même avis et ont étendu la date limite jusqu’au 20 mars de cette année. Ainsi, le 26 juin, la compagnie Thomson Broadcast avec CAMUSAT et la SMTD ont signé un contrat en présence des Premiers ministres de la France et de Mali pour le projet TNT  clés en main de télévision terrestre numérique dans Mali. Aussi, le montant du contrat, soit  40 milliards de F CFA, est impossible à vérifier si cette somme représente un prix juste pour le Mali ou si c’est excessif.

Il faut noter que la société Thomson est restée dans l’embarras en  Côte d’Ivoire quand elle n’a pas pu signer le contrat pour fournir la TNT ivoirienne. Elle aura gagné le premier appel d’offre, ce qui a été annulé, avec une offre de 27 milliards de F CFA, soit 41 millions d’euros. Au deuxième appel, la Thomson n’a pas postulé. Seuls les Sud-Africains d’Aucom (African Union Communications) ont soumissionné. L’ambassadeur de France dans le pays, Gilles Huberson, serait personnellement monté au créneau pour défendre Thomson en promettant un financement via un contrat-désendettement-développement, mais en vain.

Ce qui s’est passé en Côte d’Ivoire est le même type de projet que la société Thomson vient de signer avec le Mali. Alors, pourquoi accepter que Thomson signe un accord au Mali après avoir échoué ou refusé un accord similaire en Côte d’Ivoire ?  Pour notre source, la réponse à cette inquiétude peut se trouver dans la situation financière de Thomson. En effet, depuis 2009, la société Thompson est confrontée à de sérieux problèmes financiers, et en 2012 son portefeuille de transmissions, y compris la fabrication des émetteurs de radio et télévision au Groupe Arelis, qui est le propriétaire de 100% de la Thomson Broadcast.

Cette annonce est publié plus de deux semaines avant la signature du contrat entre la Thomson et la Société Malienne de Transmission et Diffusion) SMTD. C’est une des principes d’affaires que les compagnies qui se trouvent en cessations de paiements ne peuvent pas signer des contrats pour entreprendre de nouveaux projets. Cette signature du contrat amène des doutes pour être réalisé seulement un mois avant l’élection présidentielle. Ce contrat pourrait imposer à un nouveau Gouvernement d’acheter les émetteurs Thomson, une entreprise qui pourra être dissoute, suite à sa cessation de paiements. Ceci entrainera de graves difficultés pour les acquisitions dans le futur des pièces de rechange ou du service après-vente. Comme pour dire aussi qu’il y a du plomb dans la réalisation du projet d’établissement de la télévision numérique au Mali.

Dieudonné Tembely

tembely@journalinfosept.com

 Encadré

Redressement judiciaire

Descriptif : TRIBUNAL DE COMMERCE DE NANTERRE JUGEMENT D’OUVERTURE D’UNE PROCEDURE DE REDRESSEMENT JUDICIAIRE DU 31 MAI 2018 – ARELIS BROADCAST, S.P.A.S., 50 Bis, rue, 56 et 58 Av Jean Jaurès, 92700 Colombes, R.C.S. : NANTERRE 790 432 835 Activité : fabrication d’équipements de communication ;  Jugement prononçant l’ouverture d’une procédure de redressement judiciaire, date de cessation des paiements le 15 mai 2018 désignant administrateur Selarl Fhb Mission Conduite Par Me Gaël Couturier 16 PLACE DE L’IRIS TOUR CB21 92040 Paris la Défense Cedex avec les pouvoirs : assistance, mandataire judiciaire Selas Alliance Mission Conduite Par Me Véronique Becheret 3/5/7 Avenue PAUL DOUMER 92500 Rueil-Malmaison. Les créances sont à déclarer, dans les deux mois de la publication au B.O.D.A.C.C. auprès du Mandataire Judiciaire ou sur le portail électronique à l’adresse https : //www.creditors-services.com.

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