Selon nos sources, le groupe Sipromad d’Ylias Akbaraly, spécialiste dans l’achat des compagnies en faillite, a repris début août 2018, les activités civiles de Thomson Broadcast, filiale du groupe français Arelis spécialisée dans les technologies de la transmission et de la communication, et descendante de la compagnie Thomson-Houston. Ce qui prouve encore que le marché de la TNT malienne a été octroyé à une société en proie à de véritables difficultés financières.
En reprenant les activités civiles de Thomson Broadcast, le groupe Sipromad d’Ylias Akbaraly, aura contribué à sauver cette filiale du groupe français Arelis d’une possible liquidation judiciaire. En effet, déclarée en cessation de paiement le 15 mai 2018, la société française spécialiste des transmissions de radio et de télévision, a été placée en redressement judiciaire par le tribunal de commerce de Nanterre le 31 mai 2018. Ainsi, dans son jugement, le tribunal avait donné à d’éventuels repreneurs jusqu’au 2 juillet dernier pour soumettre leur offre de reprise. C’est ainsi que « le groupe Sipromad a fait une offre de reprise des activités civiles d’Arelis Broadcast, et que Thalès a fait également une offre de reprise des activités militaires de ladite société ». Indique le Groupe Sipromad dans une présentation de sa nouvelle acquisition. Selon cette présentation, «une convention de partenariat est signée entre les sociétés Groupe Sipromad et Thalès pour la mutualisation des ressources pour mener à bien les activités de chacune d’entre elles ».
Aussi, il faut retenir que le jugement arrêtant le plan de cession de Thomson Broadcast a été prononcé le 1er août 2018. Aucun détail n’est pour l’instant disponible ni sur le plan de cession, ni sur le montant de l’opération. Le groupe Sipromad, dans sa présentation, se contente d’indiquer que pour ce qui le concerne, la cession porte sur «l’activité télévision ainsi que les actifs y afférents ».
Avec cette acquisition, le groupe d’Ilias Akbaraly entend étendre ses activités en Europe et aux Etats-Unis. Déjà présent en Afrique et dans l’océan Indien dans le domaine des transmissions de radio et de télévision à travers la société Broadcasting Media Solutions (BMS), le groupe sera présent en Occident et en Asie avec Phenixya, société domiciliée en France et qui développera ses activités de Broadcasting radio et télévision sous la marque Thomson Broadcast.
«Cette acquisition, qui s’intègre dans un plan de développement réalisé en croissance organique et en croissance externe, vient renforcer les compétences du Groupe Sipromad qui dispose d’ores et déjà d’un savoir-faire reconnu dans le secteur des solutions de la Broadcasting numérique radio et télévision », a déclaré Ylias Akbaraly au site d’information Tribune Afrique.
La folle histoire de la société Thomson Broadcast
Faisant partie des descendants de la compagnie française Thomson-Houston, pionnière dans la transmission radio et dans la diffusion en direct des émissions de télévision, Thomson Broadcast dispose d’une longue expérience dans les médias et dans le domaine des systèmes de transmissions. Exploitées par Thomson, les activités broadcast avaient ensuite été enrichies et renforcées par l’acquisition de Thales Broadcast MultiMedia.
En difficulté financière et placée en redressement judiciaire en 2012 malgré le rebranding de Thomson en Technicolor, Thomson Broadcast a été reprise par le groupe Arelis. Mais six ans plus tard, la société Arelis Broadcast qui a exploité la marque Thomson Broadcast, est à nouveau en cessation de paiement. La procédure de redressement judiciaire a ouvert la voie à la reprise des activités civiles, notamment TV, de la société par le groupe Sipromad.
Ses références en matière d’activités TV se trouvent notamment en Israël, en Russie, en Mongolie, en Indonésie, au Kazakhstan, ainsi que dans certains pays africains comme le Cap Vert, la Côte d’Ivoire, le Ghana ou l’Ouganda.
Récemment encore, en partenariat avec la société Camusat, Thomson Broadcast a «remporté un appel d’offre international pour le déploiement du réseau de Télévision numérique terrestre (TNT) dans toute la République du Mali », ainsi qu’indique la société. Le protocole d’accord en ce sens a été signé le 26 juin 2018 en France, à l’Hôtel Matignon, en présence du Premier ministre malien, Soumeylou Boubèye Maïga, et de son homologue français, Edouard Philippe. Cette signature soulève des discussions. Parce qu’octroyée à une société en proie à des difficultés financières. Pourquoi nos responsables ont accepté de signer avec une société en faillite ? Car, il est connu de tout le monde que les compagnies en faillite ne peuvent pas signer de nouveaux contrats. Ceci entrainera de graves difficultés pour les acquisitions dans le futur des pièces de rechange ou du service après-vente.
Alors, il revient aux plus hautes autorités du pays de revoir cet octroi du marché malien de la transition vers la télévision numérique terrestre. Car cette attribution ne serait que du grand bluff, avec un appel d’offre biaisé offert à une société qui serait en faillite et qui passe de mains et mains.
Il importe de retenir enfin que nos différentes tentatives de rencontrer les responsables de la Société malienne de Diffusion et de Transmission (SMDT) ont été vaines.
Dieudonné Tembely