La Société nationale des télécommunications du Sénégal (SONATEL) a décidé d’entamer un bras de fer avec le Gouvernement sénégalais pour l’annulation du décret du système de contrôle et de surtaxe sur les appels téléphoniques internationaux entrants et surtout la gestion de ces appels que l’Etat sénégalais a confiée à Global Voice Group. Après avoir saisi la Cour Suprême, les travailleurs de la SONATEL ont déposé, le 24 août dernier, un préavis de grève imminent.
Rien ne va plus entre le Président de la République du Sénégal, Me Abdoulaye Wade et les travailleurs de la SONATEL, suite au décret instituant un système de contrôle et de surtaxe du trafic international entrant. Cette affaire défraye depuis un certain temps la chronique au Sénégal. La mise en œuvre de ce système est loin de faire l’unanimité au Sénégal même où les consommateurs ne sont pas favorables. C’est pourquoi, la SONATEL veut, tout simplement, l’annulation de ce décret du Président Me Wade. Raison pour laquelle le Syndicat des travailleurs de l’opérateur de télécommunications veut se faire entendre. Ainsi, menace t-il de déclencher une grève après avoir déposé un préavis le 24 août. Il a également saisi la Cour Suprême en réaction à la gestion des appels téléphoniques internationaux que l’Etat a confiée à Global Voice Group. Les travailleurs de la SONATEL dénoncent également la mise en place d’une Commission nationale pour en assurer la surveillance. C’est d’une véritable tromperie qu’a usé le président Me Abdoulaye Wade, à l’endroit des travailleurs de la Sonatel, soutiennent-ils.
La mise en œuvre de ce décret institue une très forte augmentation des tarifs du trafic entrant, selon nos informations, de l’ordre de 63% en moyenne pondérée, de même qu’il impose un contrôle par le biais d’un dispositif technique que le prestataire Global Voice Group interfacerait aux équipements de SONATEL. Selon certains responsables de la SONATEL, Global Voice Group serait rémunéré, en plus de l’achat des équipements, sur la base du différentiel nouveau tarif multiplié par le nombre de minutes mensuelles entrantes, une répartition de 51% pour l’Agence de Régulation des Télécommunications et des Postes (ARTP) et 49% pour la société prestataire à savoir Global Voice, soit respectivement 153 et 147 milliards de FCFA.
Selon le décret du Président Me Wade, l’Etat sénégalais fixe un tarif de terminaison minimum pour le trafic entrant à 0,215 euro sur les réseaux fixe et mobile soit 141,03 FCFA ainsi que la mise en place d’équipements de contrôle et de décompte des appels entrants. Avec ce système, SONATEL gardera 65,59 FCFA sur le fixe et 91,83 FCFA sur le mobile. L’ARTP collectera pour le compte de l’Etat la différence avec les 141 FCFA soit 49,20 FCFA par minute sur le mobile et 75,44 FCFA sur le fixe. Ce qui a même augmenté les tarifs des appels téléphoniques au Sénégal.
La SONATEL estime que ce système n’est bon ni pour le Sénégal, ni pour les opérateurs, ni pour les consommateurs. Pour les consommateurs, cette surtaxe des communications entrantes au Sénégal a pour effet la réciprocité, c’est-à-dire l’augmentation par plusieurs opérateurs étrangers du trafic vers le pays de Me Abdoulaye Wade. La diaspora et les consommateurs sont donc les premières victimes de ces hausses.
La Côte d’Ivoire , qui avait commencé ce projet, y a finalement renoncé pour le plus grand bonheur des Ivoiriens.
Alou B HAIDARA