Le 13 mai 2013, c’est la date-butoir, relativement au délai accordé à Appollinaire Compaoré pour payer à l’Etat malien le reliquat du prix de cession de la licence, soit la somme de 22,1 milliards Fcfa. Somme qui, ajoutée aux 33 milliards déclarés payés, permettra de solder le compte arrêté à 55,1 milliards Fcfa. Avec les difficultés que connaît actuellement Apollinaire pour s’exécuter financièrement, l’on se demande bien ce qui se passera en cas de défaillance de sa part car ceux qui se sont servis comme bon leur semble en lui promettant leur protection, ne s’en tireront pas à si bon compte.
C’est un secret de polichinelle que l’opérateur burkinabé, à qui a été attribué la 3è licence par entente directe, en violation de la procédure de passation des marchés publics au Mali et dans l’espace communautaire Uemoa, est en difficulté pour financer cette opération d’achat de licence, après avoir écarté son désormais ex-associé, Cessé Komé. De certains milieux d’affaires, il nous revient d’ailleurs que la presse est accusée de verser du sable dans le couscous. En d’autres termes, la presse empêcherait à l’homme d’affaires burkinabé de trouver un bon partenaire pour financer l’opération.
En attendant la suite du recours en annulation pour excès de pouvoir, introduit par Me Waly Diawara devant la section administrative de la Cour suprême, au nom de plusieurs demandeurs dont essentiellement la société civile, le compte à rebours a commencé. En effet, on décompte désormais le nombre de jours qui nous sépare de la date fatidique du 13 mai 2013, qui clôture le délai de 90 jours qui a été accordé pour le paiement du reliquat, soit 22,1 milliards Fcfa.
Déjà, il y a beaucoup de supputations concernant le paiement supposé de la première tranche car la preuve matérielle de ce règlement n’a pas, pour le moment, été exhibée pour apaiser les esprits. Ce qui fait penser à une opération antérieure de vente de l’ex-société publique de télécommunication pour laquelle des tergiversations subsistent quant aux fonds prétendument versés par l’acquéreur. Tout comme, à ce jour, les Maliens n’ont pas été informés sur les milliards payés par la Sonatel du Sénégal pour pouvoir lancer au Mali la société Ikatel devenue Orange-Mali. Cette société a payé au comptant le montant exigé et le chèque de plusieurs milliards Fcfa aété bel et bien encaissé. Mais par qui ? Comme pour dire que c’est une habitude que d’entourer ces opérations financières de la plus grande opacité au Mali.
Selon des informations insistantes circulant dans les milieux d’affaires, la transaction pour l’attribution de la 3è licence aurait lieu au détour d’une banque de la place, à travers un jeu d’écriture impliquant une autorité de l’Etat. Mais à ce jour, on attend la suite, disons les comptes et les preuves du paiement pour nous assurer de la régularité de la transaction. Le Gouvernement voudrait-il jouer la prudence et attendre l’échéance du 13 mai prochain, lorsque la licence sera entièrement payée pour procéder aux opérations de communication nécessaires ? Ce serait en tout cas l’idéal car la société civile, comme elle l’a déjà démontré en saisissant la justice à travers Me Waly Diawara, suivra ce dossier dans ses moindres détails et n’hésitera pas à interpeller qui de droit.
Seulement, dans le camp même des souteneurs d’Apollinaire Compaoré au Mali, il y a déjà des lézardes parce que certains d’entre eux, notamment du côté de quelques uns à Kati, entendent se battre pour l’annulation pure et simple de l’attribution de ce marché par entente directe à Apollinaire Compaoré. Certains prétendent avoir été floués, sans aucune autre précision. Mais pourquoi donc ce changement de cap et ce remue-ménage en sourdine ? Allez savoir ! De toute façon, «les grands délinquants ne se disputent qu’à l’heure du partage du butin». Et cette dispute autour de certaines sommes annoncées et variant de 600 à 200 millions Fcfa, éclatera au grand jour.
Tout comme de grands déballages peuvent avoir lieu après le 13 mai 2013, lorsqu’il s’agira, pour le Gouvernement, de prendre la mesure qui s’impose en cas de défaillance de l’attributaire. C’est-à-dire qu’il faudra annuler la procédure en cours. Mais après avoir signé l’attribution de la licence à crédit, forcément les choses ne seront pas si simples et il va falloir que le Gouvernement assume sa légèreté ou plutôt sa boulimie financière qui a conduit à cette situation cocasse que nous vivons.
Pour le moment, la panique s’est emparée de tous ceux qui ont eu à bénéficier des largesses de l’opérateur burkinabé, en contrepartie d’un soutien ferme pour qu’il décroche cette licence de téléphonie globale. En d’autres termes, que tous sachent que celui à qui ils ont affaire, Apollinaire, n’est pas un enfant de cœur que l’on peut gruger et le jeter en pâture à l’opinion publique. Comme certains, passés experts dans ce domaine depuis le putsch du 22 mars 2012, le font pour s’enrichir à tous vents et sont trempés dans tous les scandales financiers du pays. Mais demain est un autre jour !
Birama FALL