Dans le cadre des contrôles réguliers prévus par la loi pour s’assurer que les opérateurs télécoms maliens respectent leurs obligations, vis à vis de l’État, le gouvernement a notifié à la SOTELMA que sa licence va expirer en fin d’année et que pour son renouvellement elle doit payer 160 milliards de FCFA.
Dans sa correspondance au nom des autorités, le Ministre de l’Economie et des finances a annoncé que la Société des télécommunications du Mali (SOTELMA) devra payer cette somme en trois tranches. La première d’un montant de 80 milliards de FCFA devrait être payée au plus tard le 20 octobre 2024, à en croire le ministre Alousséni Sanou. Les deux autres paiements de 40 milliards chacun, sont attendus respectivement pour le 31 décembre 2024 et le 31 mars 2025. Cette somme de 160 milliards de FCFA (soit environ 264,1 millions de dollars) dépasse de 60 milliards de FCFA celle de l’autre principal opérateur qu’est Orange Mali. Celle-ci a renouvellé sa licence en 2017 pour un montant de 100 milliards de FCFA.
Une somme reflétant la position stratégique de la Sotelma
La somme que devra débourser l’opérateur historique en dit long sur son importance stratégique sur le marché malien. La Sotelma, détenue à 51% par Maroc Telecom, est un acteur majeur des télécommunications au Mali. Le pays représente le troisième marché le plus important pour l’opérateur marocain en Afrique subsaharienne, après le Burkina et la Côte d’Ivoire. D’après le rapport financier du groupe télécom marocain, le Burkina et la Côte d’Ivoire enregistrent respectivement 11 826 000 et 11 191 000 abonnés au premier semestre 2024. Selon le même rapport, les abonnés du Mali sont de 8 545 000 au premier semestre 2024.
Un renouvellement pour relancer l’opérateur
Le renouvellement de cette licence revêt une importance cruciale pour Sotelma. En effet, il permettra à la filiale de Maroc Telecom de poursuivre ses investissements dans les infrastructures de télécommunications, avec un accent particulier sur l’amélioration des services à haut débit et l’introduction de nouveaux produits innovants pour le marché malien. Cette nouvelle licence lui offrira aussi l’opportunité de renforcer sa compétitivité face à Orange Mali, son principal rival dans la course à la domination du secteur télécoms. En dépit de la concurrence intense, notamment avec Orange Mali, la Sotelma conserve une position forte et a su fidéliser une large base de consommateurs grâce à ses services diversifiés.
En tout cas, la filiale de Maroc télécoms a intérêt, tout comme les autres opérateurs, à améliorer la qualité de ses services. Car le Mali a entamé une étude pour s’assurer que les opérateurs télécoms maliens respectent les obligations de qualité de service et de couverture contenues dans leurs cahiers des charges. En effet, l’autorité malienne de régulation des télécommunications, des TICs et de la Poste (AMRTP) a commandite un audit pour ce faire. Le processus de recrutement d’un cabinet a été lancé en fin août 2024. Cet audit consistera à évaluer la couverture radio, le service voix, l’interopérabilité, la qualité auditive, les services SMS, les services data et les communications à l’international. A l’issue de l’évaluation, il sera établi une analyse comparative des différents réseaux, ainsi qu’un classement des différents opérateurs par service. Et en cas de manquements, les textes en vigueur prévoient notamment une sanction pécuniaire dont le montant est proportionné à la gravité. Ledit montant ne doit toutefois pas excéder 3 % du chiffre d’affaires de l’opérateur télécoms. Ce taux peut être porté à 5% en cas de nouvelle violation de la même obligation. Il faut noter, avant cette initiative, le régulateur malien des télécoms avait pris une autre importante initiative pour réduire la fracture numérique. Cette fracture va stimuler l’émergence des start-up et la modernisation de l’administration.
Arouna Traoré