Celui qui a mis la SOTELMA sur orbite ne se glorifie aucunement de son Master of Sciences en Radiocommunication, Radio diffusion, télévision, communication par satellite, antennes, management, fibre Optique, câbles et informatique. Il se soucie plutôt de l’avenir des télécommunications de notre pays, voire de l’Afrique. Tièmoko Maiga, est un homme profondément imbue des réalités socio-économiques et politique du Mali. Nous avons décrypté pour vous certaines de ses facettes.
« C’est par ce que ma foie religieuse ne m’a pas permis de hurler avec les loups que j’ai été victime d’un système politique destructeur». Cela n’est point un aveu de regret pour celui qui a dirigé l’unique société de télécommunication du Mali(SOTELMA) de 1994 à 1998. Un poste qu’il n’a pas ramassé sur un plateau d’argent, mais acquis en raison de ses compétences professionnelles et de sa probité morale. De ses premières années de banc dans son Gao natal à ses études universitaires à l’Institut des Télécommunications de Moscou (1965-1975) sanctionnées par un DEA. Master of Sciences des Télécommunications (avec mention honorable), Tièmoko Maiga n’a jamais brûlé d’étape. C’est pourquoi son retour au pays a été très salutaire. Ainsi dès 1975, il a été nommé coordinateur national du projet Panaftel des tronçons : Bamako-Kayes Dakar et Bamako-Sikasso Ouagadougou. A la fin duquel, il sera appelé à faire ses premiers pas dans le service public des télécommunications du Mali avec comme point de chute la région de Ségou en qualité de Chef de secteur de télécommunication. Après trois ans de régie à ce poste (1978-1981), ayant résulté entre autres sur le développement et la modernisation du réseau des télécommunications de cette région, l’ingénieur Maiga ne tardera pas à gravir les échelons. Il deviendra successivement directeur régional de l’Office des Postes et Télécommunications de Ségou (1981-1985) et directeur adjoint des Télécommunications du Mali avec cumulativement la fonction de Chef de Division Administrative et Financière, trois ans durant.
Même si sa vision politique était en déphasage avec le régime de parti unique d’alors, ses qualités professionnelles lui ouvriront les portes de grandes responsabilités, c’est ainsi qu’il a été nommé en 1988, Directeur des Télécommunications du Mali (par intérim, dit-on). Cela, jusqu’en 1990, date de la création de la SOTELMA ( un sigle choisi par lui-même).
Au sein de la nouvelle société des télécommunications du Mali il sera nommé chef de service planification et statistique. Cette nomination n’était pas fortuite, car les responsables de l’UDPM au regard de ses qualités lui ont dévolu l’exaltante mission de concevoir et d’élaborer les projets de plans et programmes ainsi que les axes d’orientation stratégique de cette nouvelle société étatique.
Mettre la SOTELMA au service du peuple
A la faveur du coup d’Etat de Mars 1991 marqué par la révocation de tous les DG et PCA des sociétés et entreprises d’Etat, Tièmoko Maiga sera appelé en rescousse, afin de veiller sur les meubles de la seule société des télécommunications du pays. Un intérim qu’il assumera avec succès d’Avril à Juillet 1991.
Sans faille, le point culminant de la carrière de Tièmoko Maiga a été son passage à la tête de la SOTELMA comme Président Directeur Général. C’était de 1994 à 1998.
Non partisan du vocable « je », le développement rapide et accru du secteur des télécommunications dans notre, relève selon M. Maiga, du concours de tous les acteurs, Etat, professionnels, utilisateurs…
Cependant, parmi ses grands motifs de satisfaction personnelle dans le domaine des télécommunications dans notre pays, l’ex PDG de la SOTELMA se dit fier d’être parmi les initiateurs de la téléphonie rurale dans notre pays. «De nombreux Maliens ne le savent pas, nous avons été précurseurs pour développer les cellulaires au Mali, de la mise sur satellite des réseaux domestiques et d’un nœud internet au Mali, en octroyant à la SOTELMA la gestion du secteur de l’internet ».
Au sein de la SOTELMA, Tièmoko Maiga garde toujours la réputation d’avoir été le moniteur de nouvelles méthodes de gestion et l’initiateur de l’informatisation de cette société, cela depuis 1986.
« Grâce à l’apport du Président de la République et l’implication personnelle de l’ex ministre des Finances, Soumaila Cissé, nous avons considérablement développé les moyens de diffusion de la télévision malienne » rappelle Tièmoko Maiga, avant de préciser que l’accomplissement de ces œuvres a été possible grâce au concours de tous.
Faut-il le signaler, sous le régime d’Alpha Oumar Konaré, la SOTELMA affichait une vitalité enviable dans le fleuron des Sociétés et Entreprises d’Etat.
Cette bonne santé de la SOTELMA, sous la conduite de Tièmoko Mamahamane Maiga lui a value de nombreux trophées dont le « CIWARA des CIWARA » en 1997.
Mais, à la surprise générale, le laborieux PDG sera révoqué en Octobre 1998 de son poste pour être jeté en prison.
« C’était un coup politique fomenté à l’intérieur de l’ADEMA dont le metteur en scène n’était autre que le Président AOK, pour preuve le procureur Touré qui est aujourd’hui vérificateur général m’a dit dans son bureau qu’il a été chargé par mes amis de l’ADEMA à m’arrêter et de me jeter en prison » martèle Maiga, avant de signaler qu’il garde toujours la conscience tranquille au nom d’Allah d’avoir servi son pays avec la plus grande loyauté et géré la SOTELMA avec la transparence la plus requise.
Chronologie d’une destitution programmée
A en croire Tièmoko Maiga, lorsqu’il a été relevé de son poste c’est le PM d’alors, IBK qui lui a appelé chez lui le 02 Mars 1999 pour lui présenter ses excuses avant de lui signifier qu’ils ont été mis en erreur à partir de fausses informations sur la gestion de l’ex PDG de la SOTELMA et qu’en récompense on lui propose un poste d’ambassadeur à Konakry. « J’ai répondu que je suis un citoyen malien et je suis prêt à servir ma patrie partout ou besoin est. Après cet entretien nous sommes parti chez Alpha à deux, qui confirme qu’ils m’ont nommé à Konakry et d’aller apprêter mes affaires ». Cette annonce a été faite à trois jours de la conférence de leur parti, tenue le 05 Mars 1999.
Ne se doutant de rien, Tièmoko affirme qu’il a remis son CV à Modibo Sidibé, en son temps ministre des affaires étrangères. Qu’après la conférence nationale, lors du congrès du parti tenu au mois d’Octobre de la même année, l’on exclut Tièmoko Maiga du bureau au motif qu’il a été nommé ambassadeur.
« On disait que j’ai été nommé ambassadeur, mais j’ai attendu la concrétisation de cette nomination des mois durant. Jusqu’au 13 mars 2000 où on m’a convoqué à la police des frontières avant de me retenir dans les locaux de cette structure pendant quatre jours pour mauvaise gestion à la SOTELMA. J’ai demandé à l’officier en face de me prouver un quelconque cas de mauvaise gestion et lui m’a dit que c’est une histoire entre nous de l’ADEMA» explique M.Maiga avant de signaler qu’on lui a libéré pour aller faire la fête de tabaski chez lui tout en l’obligeant à se présenter le lendemain devant le Procureur. Dix jours après que c’est le même magistrat, Amadou Ousmane Touré qui l’a appelé pour lui faire la confidence qu’au regard de son dossier qu’il n’a pas « volé un franc et que ce sont ces camarades qui ont donné l’ordre de l’enfermer et qu’il a trop duré dehors ».
Selon toujours Tièmoko Maiga, son malheur serait venu du fait qu’après le congrès il était parmi ceux qui ont affirmé que la dite assise s’est déroulée dans des mauvaises conditions en violation flagrante des textes du parti. D’où l’obligation de convoquer un congrès extraordinaire. « Les camarades avec lesquels j’ai mené cette lutte sont tous de nos jours à l’URD avec moi » signale M. Maiga. Lequel occupe aujourd’hui le poste de deuxième secrétaire politique du BEN de l’URD et président de la commission de contrôle et des finances.
Par rapport à l’élection présidentielle de 2012, il affirme avec conviction qu’avec tous les atouts qui sont à la disposition de sa formation politique, que leur mauvais résultat serait de ne pas gagner avec la majorité absolue au premier tour. A la question de savoir s’il n’a pas peur de l’ADEMA il répond en ces termes : « l’ADEMA étant ce qu’elle est, force est de reconnaître qu’elle regorge de nombreux cadres qui n’ont pas foie à leur parti. Ceux-ci vont toujours composer pour d’autres comme en 2002 ou certains ont publiquement demandé de voter pour ATT au détriment de Soumaila. C’est un parti d’opportunistes c’est pourquoi nous l’avons quitté » conclu Tièmoko Maiga qui dit avoir pardonné à tous ceux qui ont tenté de le détruire.
A signaler, qu’au-delà de se activités politiques Tièmoko Maiga exerce de consultations en sa qualité d’expert des télécommunications près de l’Union Internationale des Télécommunications(UIT).
Moustapha Diawara