Orange-Mali accusé de se rendre justice : Les revendeurs de cartes de recharge réclament plus d’un milliard FCFA au service Orange-Money

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Vol ou perception illégale d’argent appartenant à des tiers ou action de se rendre soi-même justice. En tous cas, les mots manquent pour qualifier ce que les membres de l’Association Malienne des Revendeurs de Cartes de Recharge (AMARCR) reprochent à la société  Orange-Mali. C’est d’ailleurs en violation de la loi N°015 du 15 mai 2013, portant Protection des Données à Caractère Personnel en République du Mali adopté par l’Assemblée Nationale en sa séance du 09 Mai 2013. Les faits reprochés au service Orange Money sont si graves qu’ils ont provoqué l’ire de ses exploitants. Ils l’ont fait savoir à l’opinion nationale et internationale ainsi qu’aux autorités à travers une marche de protestation qui aura mobilisé environ 500 personnes selon les organisateurs, le mardi 21 mars dernier. Leurs marcheurs qui sont partis du Monument de l’Eléphant à l’entrée du quartier Hamdallaye pour se rendre devant la Direction Générale d’Orange Mali dans la zone ACI 2000, accusent Orange Money de prélèvements abusifs sur leurs comptes sans les aviser. Le montant en jeu est estimé à plus d’un milliard FCFA indument prélevé dans leurs comptes, a expliqué le président d’honneur de l’association Ahmed Dramé.

A leur arrivée, les responsables de l’association ont remis la liste des victimes au chef du service marketing et de communication. Cette grande mobilisation, initiée par l’AMARCR, avait pour but de sensibiliser l’opinion nationale et internationale sur les abus dont ils sont victimes de la part d’Orange-Mali, via son service Orange Money. Au premier rang des marcheurs, on notait la présence remarquable du président d’honneur de l’association, Ahmed Dramé aux côtés de son successeur, Moussa Doumbia, le président actuel de la faitière qui rassemble les revendeurs de cartes de recharges. Celle-ci a été créée par ses adhérents dans le but de défendre leurs intérêts.

 

De quoi s’agit-il ?

Selon Ahmed Dramé, avec la mise en service du produit Orange Money, la direction générale a mis à la disposition des utilisateurs deux types de puces : la puce principale, qui est destinée à l’usage de tous les exploitants du système. Et la seconde est appelée Puce Soft. Elle est destinée uniquement aux opérations commerciales d’Orange Money. Donc utilisable par les seuls exploitants de ce produit. Dans le langage consacré, les exploitants de ce système sont appelés les têtes de pont, qui travaillent dans les cabines installées au bord des grandes artères, ainsi que dans les marchés et devant des maisons à l’intérieur des quartiers. Ceux-ci travaillent avec des grossistes appelés des ‘’masters’’ ou ‘’PDG’’ : qui sont liés à Orange Money par des contrats d’exclusivité.

A côtés de ceux-ci, certains clients sans se poser des questions, se sont lancés dans les opérations lucratives des services d’Orange Money sans aviser le propriétaire du système, qu’est Orange Mali. Mais, le tort d’Orange Mali aussi, selon Ahmed Dramé, a été de laisser faire sans agir, notamment en avisant les exploitants parallèles du caractère illégal de leurs business. Donc sans être interpellé, ceux-ci se sont ainsi faits de vastes marchés. C’est en ce moment qu’Orange intervient sans avertir en bloquant leurs comptes. Avant de procéder au prélèvement de ce qu’elle a qualifié de « son dû ». Une manière de se rendre justice sans passer par le Tribunal. 

Selon le président de l’AMARCR, les faits remontent au 27 janvier 2017. Ce jour-là, Orange-Mali est rentré dans les comptes principaux des agents pour se procurer de leur argent, constitué de leur capital ainsi que les dépôts des clients.

Moussa Doumbia affirme avoir reçu le même message d’information relative au gèle de son compte sans aucune forme d’explication. Au départ, il se disait que cela pouvait être une erreur. Le réveil a donc été brutal pour lui. Mais devant les appels incessants de leurs militants de l’intérieur, lui-même a oublié son souci pour s’occuper des militants. Les gens se sont appelés pour s’informer ainsi et petit à petit, la nouvelle a fait le tour du pays. Ainsi au cours d’une réunion extraordinaire, il a été décidé de saisir Orange Mali par écrit.  Ce qui fut fait les heures qui ont suivi. Mais, cette correspondance est restée sans suite. Elle n’a jamais été répondue par le destinataire qu’est Orange Mali. Une seconde lettre a été envoyée à la même adresse. Orange Mali est restée de marbre à nouveau devant leur sollicitation. C’est en ce moment qu’ils ont investi les radios pour faire connaître leurs préoccupations du grand public.

Cette communication a finalement amené Orange Mali à les rencontrer. Il ressort des échanges que Orange-Mali les accusait de vol. Selon les techniciens d’Orange-Mali, pendant longtemps, « les exploitants non déclarés » ont travaillé avec le système sans payer des frais d’exploitation. Ce qui n’est pas normal. Dès que le constat a été établi, Orange-Mali a décidé de se faire payer directement en gelant les comptes pour se donner un temps de calcul des montants réels des redevances qui doivent lui être payées. Après quoi, le reste de l’argent leur sera remis. Ainsi dit, ainsi fait, et à la douleur des exploitants. Au retour de la rencontre, un compte rendu fidèle des décisions prises a été fait aux membres de l’Association dans la cour de l’école de KalabanCoura. Ce jour-là, l’auditoire s’était montré compréhensif de la démarche, mais avait émis le souhait de passer l’éponge pour cette fois. Pour eux, eu égard à l’ampleur des montants en jeu, environ un milliard FCFA, Orange Mali devrait passer l’éponge sur cet incident qui devra servir d’avertissement, comme préconise la loi sur la publicité. Qui stipule que le client a droit à l’information avant toute prise de décision. Malheureusement, cela ne semble pas être le cas ici. Mais hélas, en dépit des cris de détresse lancés ça et là sur l’ensemble du territoire national, Orange Mali qui se dit entreprise citoyenne, reste indifférente à la souffrance des Maliens.

Est-il besoin de dire que dans certains villages maliens, notamment les plus reculés, c’est Orange Money ou MobiCash qui servent de banques postales pour les parents très éloignés, qui veulent aider leurs familles restées au village. Même dans ces comptes Orange-Mali perçoit des montants importants sous forme de redevances. Or ce sont des dépôts des expatriés au profit de leurs parents.

Aussi est-il encore besoin de signaler qu’entre les deux services, il n’y a qu’ 1 FCFA de différence. Le transfert entre tête de pont et autres utilisateurs coûte 49 FCFA contre 50 FCFA pour deux utilisateurs non agréés. Le seul tort des exploitants non déclarés, c’est d’opérer sans avertir au motif qu’ils écrasent des emplois. Comme si ce que ceux-ci font n’est pas de l’emploi.

Ainsi face à cette situation d’injustice, l’Association Malienne des Revendeurs des Cartes de Recharge exige à Orange-Mali le reversement, sans délai, de toutes les sommes prises sur les comptes des clients qui s’élève à plus d’un milliard FCFA. Et Ahmed Dramé d’avertir qu’ils vont continuer à lutter jusqu’à ce qu’ils aient satisfaction.

« Dans le cas contraire, nous allons attaquer Orange-Mali devant les tribunaux au cas où nous n’allons pas avoir gain de cause. Nous sommes dans un pays de droit, donc il faut que le droit soit dit », a-t-il ajouté. Avant de rappeler qu’ils ont approché les autorités par rapport à  cette décision arbitraire d’Orange Mali, notamment le régulateur national : l’AMRTP. Mais, jusqu’ici, les différents courriers sont restés sans réponse. Le hic qui fait tilt, c’est que tout ce passe comme si nos autorités ne peuvent rien faire contre les abus d’Orange Mali. Tandis qu’au Sénégal, des privés se sont organisés pour devenir des actionnaires majoritaires de Tigo, une autre société de téléphonie mobile opérant sur le marché sénégalais. Leur objectif est de concurrencer Orange Sénégal afin de faire fléchir les tarifs de communication au Sénégal. Qui comme au Mali, paient une note salée à Orange qui  rapatrie toutes nos ressources en France comme toutes les multinationales. C’est pourquoi certains économistes qualifient leur comportement de pillage des ressources en Afrique.

Nous y reviendrons…

Adama Dao

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