Le développement du numérique et partant des réseaux sociaux offre d’énormes opportunités aux citoyens du monde entier. Mais notons également qu’ils constituent de nos jours l’antichambre d’un dérapage éducatif. La floraison de ces plateformes numériques engendre le développement du cyber-harcèlement ou de la cyber-violence. Cette pratique ne constitue qu’un signe d’une crise éducative profonde si jamais ce phénomène ne trouvait pas de solution.
Quand le numérique nous tient !
À chaque époque, sa dose de problèmes. Chaque nouvel élan pris par l’humanité prépare une dégénérescence qui finit par une nouvelle découverte afin de résoudre ce nouveau phénomène ; une solution qui, elle-même, devient par la suite problématique. Le processus se poursuit in infinitum.
Le développement numérique, fruit du progrès scientifique et technique du 17e siècle, a été royalement accueilli par l’humanité parce qu’une nouvelle ère venait de sonner dans le monde. Sans réfléchir, les hommes s’en sont livrés. Le numérique nous fait cadeau d’un monde de plus en plus ‘’technologisé’’ où les distances se raccourcissent, des vies sont sauvées, la documentation de plus en plus à la portée des mains. Mais ce qu’on oubliait, c’est qu’avec le numérique à travers l’apparition des réseaux sociaux notamment les plus influents de nos jours, Facebook et Twitter, depuis les années 2000, le dérapage éducatif devient patent dans moult communautés.
Les réseaux sociaux livrent un espace de rencontre, de dialogue, d’apprentissage, mais aussi sèment les germes d’un dérapage éducatif. Ils en constituent l’antichambre. De plus en plus de jeunes se connectent sur ces plateformes numériques, les uns pour courtiser voire violenter d’autres ne partageant pas les mêmes points de vue qu’eux ; les autres pour des causes défendables, car entrant dans la reconstruction de soi.
La cyber-violence, l’autre dénomination du 21e siècle
La question de la violence prend de plus en plus une nouvelle tournure avec la floraison des plateformes numériques à la portée de tous, voire des plus petits qui s’y connectent à longueur de journée. Le 21e siècle devient le siècle de la cyber-violence ou encore du cyber-harcèlement. La pratique la plus développée du cyber-harcèlement constitue celle dite verbale comme nous apprend le site theconversation.com dans un article intitulé « Cyber-violence verbale : comment lutter contre ses différentes facettes ».
Ce document est beaucoup plus éclairant sur ce nouveau phénomène qui fait son entrée dans différentes communautés : « La cyber-violence verbale est la forme de violence la plus répandue au sein du web et des réseaux sociaux. Elle prend différentes formes : des insultes qui sont parfois envoyées par salves et qui relèvent du flaming, du roasting […] et de l’automutilation digitale, notamment chez les plus jeunes. »
Cette nouvelle pratique qui se passe sur les réseaux sociaux et dont les principaux acteurs constituent des jeunes voire des enfants semble être hors de la maitrise de maints États qui sont jusque-là incapables de mettre des mesures en place afin de contrecarrer ce phénomène d’une ampleur mondiale. Or, « Jamais le cyber-harcèlement n’a été si inventif et donc destructeur. Les cyber-harceleurs utilisent le Web sciemment et à répétition pour terroriser ou causer du tort à autrui. Ils harcèlent des personnes qu’ils jugent faibles et sans défense, les dénigrent ou entachent leur réputation, un comportement typique des propagateurs de discours haineux », lit-on dans un autre article publié sur theconversation.com et titré « Vaincre le cyber-harcèlement en cinq étapes. »
La forme du cyber-harcèlement qui pullule la toile malienne
Au Mali, la pratique du cyber-harcèlement la plus répandue consiste à l’intrusion dans la vie privée d’autrui notamment à travers des propos pouvant entacher sa réputation. En plus de cela, la publication d’images compromettant la vie privée des autres constitue une autre pratique plus développée sur la toile malienne. Pire, certaines de ces images constituent des montages purs et simples avec l’intention de nuire à la réputation de l’autre. Ces formes de cyber-violences touchent grandement la gent féminine.
Selon des études menées par Amnesty Internationale, en 2018 « 23% des femmes interrogées dans 8 pays ont déjà été harcelées ou agressées verbalement en ligne ». Cela prouve que les femmes sont les plus exposées à cette nouvelle pratique qui ne constitue que la prémisse d’une crise qui fera vivre l’humanité d’une crise éducative majeure.
Comment vaincre cette nouvelle forme de violence ?
En effet, elle constitue l’antichambre d’un dérapage éducatif, elle en prépare. C’est la raison pour laquelle une des voies prometteuses pour remporter la victoire contre ce cyber-harcèlement est l’éducation des enfants au respect de la dignité de la personne humaine. Outre, il faudrait songer à des campagnes de sensibilisation sur la bonne utilisation de ces réseaux. Dans ce cadre, la naissance de l’initiative 111 au Mali ne peut qu’être salutaire. Une initiative mise en place par des utilisateurs de ces réseaux le 1er novembre 2018 et soucieux du pullulement de ces plateformes. Le but est de sensibiliser leurs camarades utilisateurs au bon usage de ces plateformes numériques afin de limiter les cyber-violences. Il convient également de signaler aux utilisateurs que Facebook offre également la possibilité de signaler les propos illicites ou les abus de droit.
Éradiquer ce fléau des communautés, c’est sauver l’humanité d’un désastre éducatif majeur.
Fousseni TOGOLA