Le forum international de haut niveau sur les technologies de l’information et de la communication de Kigali qui s’est ouverte lundi poursuit ses travaux. Si la rencontre s’est officiellement ouverte il y a deux jours, le point d’orgue du sommet « Transform Africa 2013, a été comme nous l’annoncions dans notre édition d’hier, l’entrée en scène ce mardi des chefs d’Etat qui y prennent part. Le président de la République Ibrahim Boubacar Keïta et quatre de ses homologues participent au sommet.
Lundi, lors de la cérémonie d’ouverture du sommet, le secrétaire général de l’Union internationale des télécommunication, notre compatriote Hamadoun Touré, avait plaidé pour un investissement accru dans les technologies de l’information et de la communication pour diminuer la fracture numérique entre l’Afrique et le reste du monde. Il avait également lancé un appel aux dirigeants du continent pour placer les défis des connexions rapides au cœur de leurs priorités. Cela, à son avis permettra au continent d’accélérer sa croissance et de transformer les conditions de vie des Africains.
La journée d’hier a été essentiellement marquée par un forum des chefs d’Etat, des ministres et des partenaires au développement pour, justement, créer des contacts et échanger des expériences en matière de connectivité à haut débit. L’objectif de ces échanges interactifs organisés en mode de questions-réponses était d’amener les dirigeants du continent à prendre des engagements pour la promotion des TIC devant témoins, et permettre aux grandes entreprises de TIC comme Google, Yahoo, Facebook, Samsumg, NTN de discuter directement avec eux pour envisager des projets porteurs de développement.
C’est ainsi que les organisateurs avaient prévu des tables rondes, une conférence sur le concept « Smart Afrique » et une exposition animée sous une grande tente installée dans le jardin de Serena hôtel où se déroule la rencontre.
Ce sommet cherchant à capitaliser un haut niveau de dialogue, les différents chefs d’Etat ont tour à tour pris la parole pour livrer leur vision des TIC pour leurs pays respectifs. Le président Ibrahim Boubacar Keïta a introduit son intervention par des mots de remerciement à son homologue rwandais, Paul Kagamé, et aussi par une motion d’encouragement à l’endroit de notre compatriote Hamadoun Touré qui dirige l’UIT.
CINQ PRINCIPES. Au terme de l’exercice, les chefs d’Etat et de gouvernement se sont engagés à soutenir le développement socio-économique et la transformation de l’Afrique à travers la mise en œuvre intelligente et l’application des technologies de l’information et de la communication. A cet effet, ils ont adopté un manifeste axé sur 5 principes. Le premier de ces principes consiste à mettre les TIC au centre du développement socio-économique national en facilitant l’innovation et la création de contenus et d’applications appropriées au contexte local notamment dans les domaines de la santé, des affaires, de l’agriculture et d’autres secteurs clés.
Le second principe sur lequel se sont engagés les chefs d’Etat est l’amélioration de l’accès aux TIC. Pour cela, il faut s’appuyer sur les progrès accomplis par le continent en matière de connexion pour mettre à la disposition des populations, un débit de qualité et un accès abordable pour tous.
Pour y parvenir, les dirigeants travailleront avec le secteur privé et les ressources humaines disponibles dans les pays pour investir continuellement dans les infrastructures nécessaires, y compris les réseaux régionaux.
Le troisième axe du manifeste de Kigali réside dans l’amélioration de la responsabilisation, de l’efficacité et de la transparence à travers les TIC.
En quatrième lieu, il s’agit de mettre à profit les TIC pour promouvoir le développement socio-économique en misant sur ces technologies afin de favoriser l’autonomisation des femmes, des jeunes et des personnes handicapées. Reconnaissant que la pression sur les ressources environnementales constitue un défi majeur pour le développement de l’Afrique, les leaders présents sont d’accord pour adopter les TIC pour lutter contre le changement climatique, les déchets électroniques, les effets néfastes de l’urbanisation galopante, et aussi pour gérer les catastrophes naturelles et d’autres risques. Les technologies devraient également devenir plus rentables et protégées afin d’assurer des réalisations durables.
Le cinquième principe du manifeste est un engagement politique. Il consiste à encourager et récompenser les innovations dans tous les domaines (la sécurité informatique, la mobilité, les infrastructures et les services partagés).
Autre décision importante de Kigali : les chefs d’Etat et de gouvernement présents ont décidé de proposer un concept dénommé « Smart Afrique Manifeste » pour adoption lors du prochain sommet de l’Union africaine.
Pour le ministre de la Communication et des Nouvelles technologies de l’Information, Jean Marie Idrissa Sangaré, qui a participé à l’élaboration du concept, notre pays a effectué des progrès notables en matière de numérisation. Il citera à l’appui de ses dires, le projet de connexion de tout le pays par fibre optique en cours de réalisation par les partenaires chinois. N’eut été les crises sécuritaires et institutionnelles qui ont secoué notre pays, cela serait chose faite aujourd’hui et l’on serait passé à autre chose. Par ailleurs, un autre projet japonais est en train de s’occuper de l’interconnexion des services administratifs du pays.
« Transform Africa 2013 » qui est un prolongement du sommet de 2007 est une excellente opportunité de contacts et de rencontres, relève le ministre Jean Marie Idrissa Sangaré pour qui les TIC connaîtront des lendemains bien meilleurs chez nous dès que ces deux grands projets auront été achevés.
Envoyé spécial
A. M. CISSE
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Kigali : PROPRETE ET ORDRE
Pour accueillir le sommet international sur l’informatique « Transform Africa 2013 », Kigali, la capitale rwandaise, a fait toilette. Les artères et rues pavées ou bitumées sont proprettes. La touche que l’événement a apportée à la ville se voit dès l’aéroport international.
En matière de technologies de l’information et de la communication, les habitants de la ville sont bien servis. Le signal Wifi est disponible presque partout. Le pays tout entier, assure-t-on, est maillé par la fibre optique. En vantant leur avancée en matière de technologies de l’information et de la communication, les Rwandais montrent aux visiteurs le chantier d’un gigantesque bâtiment que le richissime Américain Bill Gates est en train de construire en plein centre-ville de Kigali. Le promoteur de Microsoft ambitionnerait de faire du Rwanda la vitrine de l’Afrique en matière d’informatique.
Le secret de la propreté de la capitale rwandaise qui compte plus d’un million d’âmes n’est pas à chercher loin : c’est dans l’ordre, la discipline et le sens de la citoyenneté. Ainsi le dernier samedi de chaque mois est décrété journée de salubrité générale qui mobilise tous les habitants de la ville. Personne n’ose prendre le risque de s’y dérober sans motif valable. Seuls les agents des services de sécurité, de santé et des services assimilés sont exemptés.
De fait, la ville qui est construite sur plusieurs collines est l’une des plus propres et des plus coquettes d’Afrique. L’architecture des bâtiments très souvent perchés en hauteur, impressionne le visiteur qui est aussi frappé par l’ordre et la discipline qui y règnent. Les sachets plastiques qui envahissent nos villes et qui sont devenus un vrai problème environnemental chez nous, sont bannis. Les produits alimentaires sont emballés dans du papier. Tous les motocyclistes portent un casque de protection. Le respect du code de la route est un réflexe.
Le dispositif de sécurité est visible partout en ville. « Rencontre internationale ou pas, c’est toujours comme ça ici », assure un jeune motocycliste. La nuit, les patrouilles de sécurité quadrillent les rues, sans s’adonner pour autant à des contrôles intempestifs et abusifs sur les passants.
Nos compatriotes étant réputés être des voyageurs invétérés, on en retrouve évidemment à Kigali. Comme Moussa Sanogo, membre respecté de la communauté malienne vivant dans le pays. Il témoigne que les étrangers ne sont pas victimes de tracasseries des forces de sécurité. « C’est un pays sécurisé et les Maliens y sont à l’aise », confie ce fonctionnaire international qui vit dans le pays depuis une vingtaine d’années.
Malgré la distance, Oumar Sanogo reste très près ce qui se passe au Mali dont il suit l’actualité avec la télévision nationale qu’il capte par satellite et grâce à l’internet à travers notamment le site web du Quotidien national l’Essor.
A. M. C.
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