Des conditions météorologiques compliquées, une tempête de sable, une défaillance technique, un attentat, tels étaient les premières hypothèses posées par les experts aéronautiques pour expliquer le crash d’air Algérie au Mali qui a fait 118 morts. Mais, aujourd’hui, les images radar ont parlé et permettent d’établir le film de l’hécatombe.
Quelques jours après le crash de l’avion Air Algérie (24 juillet dernier) les images des radars ont été examinées par les experts internationaux. Ainsi, sur les images radars enregistrées par le contrôle aérien burkinabè, on voit l’avion du vol AH 5017 quitter l’aéroport de Ouagadougou et mettre le cap sur Alger. Mais, peu de temps après son décollage, l’avion change de direction et perd de l’altitude.
Ce que montrent les images, c’est que l’avion s’est retrouvé dans l’orage, après avoir commencé à le contourner.
Le premier constat, selon le chef d’état-major général de l’armée de l’air burkinabè, c’est que, les images montrent que l’avion n’a pas atteint le point où l’équipage devrait faire le compte rendu de la progression du vol alors qu’il avait annoncé qu’il était à ce point appelé EPEPO.
Deuxième constat, après avoir commencé à contourner le phénomène orageux, l’avion tente de revenir sur son itinéraire initial, et c’est alors qu’il se retrouve en plein dans l’orage.
Selon l’expert, les images des radars permettent de voir alors l’appareil perdre de l’altitude.
Il passe du palier 310 correspondants à 10 000 mètres et se retrouve en quelques secondes à 7 500 mètres. Du coup, le contact est perdu avec le contrôle aérien.
« Le dernier contact a eu lieu à 1h47. Le témoin nous a donné une heure approximative de 1h50, c’est-à-dire qu’il a chuté de 10 000 mètres d’altitude à zéro, en trois minutes à peu près, ce qui est vraiment très vertigineux, compte tenu de la masse de l’appareil ».
Dans un premier temps, à peine l’épave découverte, des troupes des forces spéciales ont commencé à sécuriser la zone. Ainsi, c’est une véritable armada qui s’est déployée pour appuyer, soutenir et protéger les fonctionnaires du Bureau d’enquêtes et d’analyses (BEA). Environ 200 soldats français venus de Gao avec une cinquantaine de véhicules sont concernés par cette mission. Une base logistique, dressée dans un premier temps à Gossi, a été transférée lundi dernier sur le site.
Pour élucider cette affaire, deux juges français sont désignés pour enquêter.
Déjà, une enquête préliminaire avait été ouverte le jour même du crash du vol Air Algérie. Actuellement, le parquet de Paris a ouvert une information judiciaire pour « homicides involontaires par maladresse, imprudence, inattention, négligence ou manquement à une obligation de prudence ou de sécurité imposée par la loi ou le règlement » pour faire toute la lumière sur les causes de la catastrophe.
A noter que l’avion qui s’est écrasé est un McDonnell Douglas MD83, mis en service pour la première fois en 1996 et loué depuis quelques temps par Air Algérie à une compagnie aérienne Espagnole. Et, selon le gouvernement espagnol, l’avion avait passé sans encombre sa révision annuelle en janvier dernier. Mieux, une semaine avant le crash, après l’avoir examiné à Marseille, la Direction générale de l’aviation civile (DGAC) l’avait déclaré en bon état.
Rokya Berthé