La success-story d’Uber continue. Tout comme enfle, sans interruption, la polémique qu’elle crée dans son sillage. Uber, c’est cette jeune entreprise innovante, à forte croissance, dans le secteur des nouvelles technologies, créée par Travis Kalanick et Garrett Camp en 2009 à San Francisco, en Californie. De sa Silicon Valley natale, Uber est partie à l’assaut du monde entier. Et, en juin 2016, la start-up valait 68 milliards de dollars lors de sa dernière levée de fonds. Sans pitié, elle écrase la concurrence qui place après elle Xiaomi, l’entreprise chinoise d’électronique avec une valorisation estimée à 46 milliards de dollars. Dans le Top 5, les autres poursuivants sont : Didi Chuxing (33 miliards $), Airbnb (31 miliards $) et Palantir, cet éditeur spécialisé dans le big data (20 miliards $). Faisons ample connaissance avec Uber qui est, selon les descriptions les plus usuelles sur les sites spécialisés, un système de transport rémunéré de particulier à particulier via une application pour smartphones. Celle-ci se télécharge gratuitement et permet de mettre en contact un usager et un chauffeur. L’usager qui souhaite se faire transporter se voit proposer immédiatement un tarif pour la course, qui peut varier en fonction de la demande. Au terme de la course, l’usager évalue son chauffeur sur l’application, et le chauffeur en fait de même pour le client. La société Uber se rémunère par un pourcentage sur la transaction. Ce sont donc les chauffeurs qui sont ses clients. Les utilisateurs du système le jugent moins cher que les taxis traditionnels. Mieux, à aucun moment de la transaction, l’argent physique n’apparait, le tout se passant via un mode de paiement sécurisé en ligne. Mais Uber n’a pas que des supporters. En effet, elle est régulièrement trainée en justice pour ses pratiques jugées déloyales et relevant du travail dissimulé. On lui reproche surtout de ne pas respecter la réglementation sociale, fiscale et administrative en vigueur dans de nombreux pays y compris aux Etats-Unis. Pour toutes ces raisons, il n’y a pas que chez les chauffeurs de taxis où l’on recrute les plus grands pourfendeurs d’Uber. Les Etats européens mènent la vie dure à l’entreprise de San Francisco qui fait preuve d’une résilience incroyable, se diversifiant sans arrêt et créant des filiales les plus agressives que les autres. Otto, deCarta, Uber India Technology, Rasier-CA llc, Geometric Intelligence Inc., Xchange Leasing, Llc. Mais face à la success-story d’Uber, certains analystes restent de marbre. Tel Pierre Guimard, Directeur Associé, à Keley Consulting, qui estime que les perspectives d’Uber ne sont pas pour autant claires. Dans un article intitulé « L’avenir d’Uber est-il vraiment radieux », publié en juillet 2016 dans le Journaldunet.com, il énumère cinq challenges auxquels l’entreprise californienne est confrontée : un schéma concurrentiel difficile ; une qualité de service qu’il faut réussir à maintenir ; une extension à d’autres métiers peu évidente ; un problème social à gérer et le grand bouleversement de la voiture autonome. Selon le spécialiste, « La voiture autonome va rebattre les cartes de secteur, en changeant significativement les facteurs clés de succès. Une partie du savoir-faire d’Uber, qui réside dans le recrutement, le management et la gestion des chauffeurs, ne servira plus à rien. La maîtrise de la logistique et la capacité à optimiser les flux financiers pourraient redevenir déterminants à moins que des modèles purs d’autopartage ne l’emportent… » Très sentencieux, Pierre Guimard conclut ainsi son article : « Le monde du digital est coutumier d’enthousiasmes soudains suivis de revirements brutaux (RIM, AOL…). Uber reste une entreprise extraordinaire et emblématique. Elle est notamment remarquable par la qualité et la vélocité de son exécution. Ce sont probablement ses meilleurs atouts pour réussir dans un secteur qui va encore subir de nombreuses mutations ». En attendant ces bouleversements annoncés, la start-up californienne affiche une santé éblouissante à faire pâlir de jalousie les mastodontes.
Serge de MERIDIO