Chronique du web : TIC, d’une fracture à l’autre

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Le 17 mai dernier, la communauté internationale a célébré la Journée mondiale des télécommunications et de la société de l’information. Le thème de l’édition 2016, à savoir « L’entreprenariat dans le secteur des TIC au service du progrès social », sonnait presque comme un aveu d’impuissance voir d’échec vu que le citoyen de mon village ou les aborigènes de l’autre bout de la terre ne peuvent pas encore profiter pleinement des dividendes numériques pour construire leur bien-être. Pis, plus les technologies dans le domaine de l’information et de la communication réalisent des progrès prodigieux, plus la fracture technologique devient abyssale entre les citoyens et les régions du monde. Malheureusement, cette nouvelle fracture amplifie encore plus celle existant déjà entre les pays industrialisés du Nord et ceux en développement du Sud. L’ONU a pris la pleine mesure du gouffre technologique qui menace de redessiner la carte du monde. Son patron, Ban Ki-moon, s’est fendu mardi dernier d’un message dans lequel il a invité gouvernements, entreprises et société civile à tirer parti du potentiel des technologies pour bâtir un avenir meilleur pour tous. Ban Ki-moon poursuit son plaidoyer en ces termes « L’informatique et les communications offrent des solutions intelligentes pour lutter contre les changements climatiques, la faim, la pauvreté et les autres défis auxquels le monde fait face. Ils jouent un rôle essentiel pour ce qui est de mettre en place des services de santé sur mobile, d’assurer l’accès à l’éducation, d’autonomiser les femmes, d’améliorer l’efficacité de la production industrielle et agricole et de préserver l’environnement ». Là réside toute la complexité des progrès prodigieux opérés ces dernières années dans le domaine des TIC. Il ne faut jamais perdre de vue que ces progrès sont le fait de génies visionnaires ou d’entreprises privées dont le but est de faire du profit, encore du profit et toujours du profit. Cela, il faut le mettre en parallèle avec le manque de vision, d’ambitions et de ressources des pays en développement dont les politiques sont inadéquates et inappropriées et font peu de place aux synergies à rechercher dans l’association Public – Privé. L’une des clés de la réussite, selon Ban Ki-moon, c’est de miser sur les jeunes entrepreneurs et les PME-PMI. En effet, le patron de l’ONU annonce clairement que « Les jeunes entreprises et les pôles technologiques de ce secteur [TIC] sont les moteurs de la création de solutions pratiques et innovantes, qui peuvent contribuer à une croissance sans exclusive. Les petites et moyennes entreprises représentent plus de 90% des entreprises dans le monde et elles sont un moyen de sortir de la pauvreté pour de nombreux pays en développement ». A priori, et tout le monde est unanime là-dessus, au moment où un seul fermier américain peut nourrir la moitié de la population africaine – j’exagère sûrement – il est inconcevable que des enfants meurent de faim au Soudan, en Erythrée ou dans d’autres régions du monde. Tout comme il est inconcevable qu’à l’ère du tourisme sur la Planète Mars, des Africains continuent de s’éclairer à la lampe tempête ou au « fitinan » de grand-mère (ce petit récipient accroché au mur de la case avec une mèche et du beurre de karité comme combustible). Perspectives sombres confirmées dans un excellent rapport de la Banque Mondiale qui soutient que les perspectives mondiales suscitent le pessimisme en dépit des technologies numériques dont les dividendes ne se diffusent pas rapidement partout. Je vous recommande fortement de lire ou au moins de parcourir ce rapport qui est disponible en téléchargement libre sur internet au format PDF. J’ai parcouru pour vous la moitié du chemin en raccourcissant de façon drastique l’URL du rapport : http://tinyurl.com/jy8s2av

Pour conclure, il est indéniable que les avancées technologiques sont prodigieuses et que le moteur de la révolution numérique est lancé à fond. L’une et l’autre sont source de grand espoir et vont induire une profonde transformation de la société des services dans laquelle nous vivons. Toutefois, dans ces premiers instants, les experts s’accordent à reconnaître que les dividendes numériques ne seront pas équitablement repartis. Nous devons probablement attendre le passage de la prochaine locomotive pour accrocher solidement notre wagon au train du progrès social, économique et culturel. A condition que notre wagon soit prêt à temps !

Serge de MERIDIO

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