Harvey Weinstein est un célèbre et puissant producteur de cinémas américain qui défraie la chronique people depuis plusieurs semaines. Selon de nombreux journaux occidentaux (The New Yorker, The New York Times, Le Soir, Le Monde, Le Figaro…), le « Dieu de Hollywood » est accusé par plus de quarante femmes de harcèlement, agressions sexuelles ou viols. La liste des victimes connues pour l’heure est impressionnante : Mira Sorvino, Angelina Jolie, Gwyneth Paltrow, Ashley Judd, Léa Seydoux, Lupita Nyong’o, Judith Godrèche, Rosanna Arquette, Asia Argento et Rose McGowan. Et vous imaginez bien que cette liste n’est pas exhaustive et promet d’être kilométrique au rythme des révélations. Pendant plusieurs décennies, « le porc » a sévi en toute impunité et beaucoup de victimes, aujourd’hui bien mariées, femmes respectables et rangées, célébrités… ne souhaitent pas déchirer le manteau de l’anonymat dont elles se sont couvertes et préfèrent vivre avec la colère et parfois la honte. Faut-il leur en vouloir ? Dans de nombreuses sociétés y compris occidentales, une femme violée est très souvent accusée d’avoir provoqué ou, en tout cas, de l’avoir cherché. Sur Twitter, elles sont encouragées à dénoncer leurs agresseurs à travers le Hashtag #BalanceTonPorc qui est en train de devenir viral. Aux Etats-Unis et, à coup sûr, très prochainement dans de nombreux pays à travers le monde, des enquêtes policières vont se succéder pour « profiler » cette « bête immonde » qui a longtemps profité de sa situation dominante pour peloter, harceler, agresser, violer et humilier de jeunes personnes dont le seul tort était d’être jolies et/ou d’avoir de l’ambition dans un milieu où les loups se croient permis de dévorer les agneaux à pleines dents. Dès le début du déballage nauséeux, le Conseil d’Administration du The Weinstein Company (TWC), maison qu’il a cofondée avec son frère Robert Weinstein en 2005, a pris les devants en licenciant purement et simplement Harvey Weinstein. Qui l’eût cru ! Mais, ce n’est pas tout. En effet, les 54 membres du conseil de direction de l’Académie des arts et des sciences du cinéma, réuni en urgence le 14 octobre dernier, ont annoncé dans un communiqué qu’ils ont pris la décision d’exclure Harvey Weinstein de leur prestigieuse et vénérable institution à la suite d’un vote. Ces « Immortels » du Septième Art précisent dans leurs conclusions que : “Non seulement nous prenons nos distances avec quelqu’un qui ne mérite pas le respect de ses collègues, mais nous envoyons un message pour affirmer que le temps de l’ignorance délibérée et de la complicité honteuse vis-à-vis des comportements d’agression sexuelle et du harcèlement sur le lieu de travail dans notre industrie est terminé”. En 90 ans d’existence, c’est la seconde fois que l’Académie prend une telle mesure disciplinaire extrême. Selon les médias spécialisés Variety et The Hollywood Reporter, le premier à être victime du courroux des « Immortels du cinéma » est Carmine Caridi, un acteur qui avait fait circuler des copies confidentielles de films retrouvées sur internet. Mesure extrême, elle-aussi, l’Elysée envisage de retirer à Harvey Weinstein la Légion d’honneur que la France lui a décernée en 2012 dans le prolongement de la consécration de “The Artist”. Selon L’Express, l’Élysée confirme que des discussions en ce sens ont été entamées avec la Grande chancellerie, même si aucune date n’a été évoquée. Et de préciser que « la présidence [française] ne souhaite pas attendre une éventuelle condamnation pour lui enlever son titre. On le voit bien, le Roi continue de déchoir d’une chute vertigineuse qui va bientôt franchir le mur du son. Pour sa défense, l’ogre de Hollywood pointe son hypersexualité, une notion suffisamment vague et dont la définition reste à trouver selon les spécialistes. Damien Mascret, dans Le Figaro, pose cette interrogation : « À partir de quand «beaucoup» est-il «trop» et pour qui? Au regard de la complexité de la question, Mascret indique que les experts qui préparaient en 2013 la nouvelle édition du manuel de classification des maladies mentales, le DSM-5 américain (Diagnostic and statistical manual of mental disorders), ont renoncé à y faire figurer l’hypersexualité. Et que ces derniers se disent préoccupés par les nombreux abus juridiques du terme observés aux États-Unis. Allant dans le même sens, un article de la revue «Current sexual health reports» publié en juin 2015 : «Les tribunaux doivent être encouragés à comprendre qu’à l’heure actuelle, l’addiction sexuelle n’est pas un trouble ou une maladie mentale définie et donc qu’elle ne doit pas bénéficier de la même reconnaissance et des mêmes privilèges que d’autres troubles mentaux définis dans le DSM-5». On le voit, Harvey Weinstein est dans de beaux draps et le scénario de son (ses) procès pourrait déboucher sur une production à grand budget qui pourrait faire pâlir de jalousie James Cameron et son Titanic.
Serge de MERIDIO