Chronique du web : Une entreprise japonaise en pointe contre le tabagisme

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L’écrivain, essayiste et humoriste américain, Mark Twain, écrivait : «Rien n’est plus facile que d’arrêter de fumer, et je sais de quoi je parle : je l’ai fait mille fois». Quelle certitude péremptoire ! Comme moi, vous êtes des milliers voire des millions à ne pas accorder du crédit à ces propos. S’il était aussi aisé d’arrêter de fumer, des centaines de milliers voire de millions de personnes ne mourraient pas chaque année de tabagisme, et les Etats, organisations et associations ne dépenseraient pas des fortunes dans des programmes d’information, d’éducation et de communication sur le tabagisme et ses méfaits. Depuis plusieurs décennies, le tabagisme est reconnu comme un problème de santé publique par l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) et rien que dans l’Union européenne, il est la première cause de décès prématuré : près de 700 000 personnes / an. Selon des statistiques européennes, environ 50 % des fumeurs décèdent prématurément, c’est-à-dire en moyenne, 14 ans plus tôt que les non-fumeurs. « Le tabagisme, même passif, provoque des maladies cardiovasculaires, des infarctus, de l’emphysème pulmonaire, des cancers et d’autres problèmes de santé », précise une étude. En Afrique et en Asie, les statistiques devraient être affolantes compte-tenu de l’ingéniosité du lobby du tabac qui dépense chaque année des milliards de dollars dans des campagnes de dissémination de la mort. C’est donc un problème épineux qui ne peut ni se traiter par-dessus la jambe, ni être envisagé avec quelque désinvolture. Mais les japonais sont peut-être en train de trouver la parade là où les législations les plus répressives et les programmes les mieux conçus échouent lamentablement. En effet, une entreprise japonaise, Piala Inc., a mis en place des congés destinés aux non-fumeurs en septembre dernier. L’idée est d’une simplicité ahurissante : Piala Inc. propose d’ajouter six jours de congé supplémentaires chaque année aux vacances de ses employés non-fumeurs. Comment a-t-elle eu cette idée lumineuse ? Selon Hirotaka Matsushima, porte-parole de Piala Inc., dont les propos sont relayés dans un article publié le 3 novembre dernier sur le site du letribunaldunet.fr,  l’initiative est venue suite aux remontées d’un employé non-fumeur qui se plaignait des pauses cigarettes à rallonge de ses collègues ». Hirotaka Matsushima précise : « les bureaux de l’entreprise se trouvant au 29ème étage d’un building, les employés souhaitant faire une pause cigarette doivent se rendre au rez-de-chaussée. Résultat : leurs pauses duraient au moins 15 minutes. Une situation qui provoquait quelques querelles en interne ». Dans un premier temps, le patron de la boîte a pensé que le plaignant avait tout à fait raison et devrait, lui-aussi, bénéficier d’une compensation. Hirotaka Matsushima : “Notre PDG a vu le commentaire et a accepté, alors nous offrons aux non-fumeurs un peu de temps libre pour compenser”. Dans un second temps, préjugeant de l’impact de la mesure sur la santé de ses travailleurs et donc sur leur rendement, le PDG de Piala Inc., Takao Asuka, se veut persuasif en faisant passer le message suivant : “J’espère encourager les employés à arrêter de fumer, grâce à des avantages plutôt que des sanctions ou des contraintes”. Bingo ! L’auteur de l’article précise que sur les 120 employés de l’entreprise, 30 ont déjà pu bénéficier de vacances rallongées et que, déjà, quatre autres employés auraient renoncé à leurs pauses cigarettes pour espérer profiter de ces congés supplémentaires. Monsieur Takao Asuka compte sur l’effet incitateur de son initiative pour acculer le tabagisme en entreprise dans son dernier retranchement. Et connaissant le penchant des japonais pour les vacances et donc pour les voyages autour de la terre, il est presque sûr que cette entreprise va réussir à juguler le tabagisme dans ses rangs et atteindre une productivité inespérée. En fin de compte, qu’a-t-il fait, ce patron japonais ? Rien de sorcier. Il a simplement écouté les états d’âme d’un employé dont la plainte était pertinente. Moralité : quand bien même on serait haut perché dans la hiérarchie, il y a du bon à ne pas se couper de la base. Pour nos managers dont l’humilité n’est pas toujours la première qualité,  à défaut d’inventer des idées de génie, ils seraient bien avisés d’adopter ce que les anglo-saxons appellent les « best pratices ».

 

Serge de MERIDIO

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