Cabines publiques de la Sotelma et d’orange : Quel gachis !

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Après constat, il peut apparaître que, ni l’évolution du monde dans la haute technologie en communication ni la concurrence en la matière, ne peuvent apporter des solutions aux écheveaux de la Société des télécommunications du Mali (Sotelma). Le nœud gordien de sa profonde crise réside vraisemblablement ailleurs et certainement les solutions se trouveraient dans sa privatisation.

our se rapprocher davantage de la population, la Société des télécommunications du Mali eut la bonne initiative d’installer des cabines publiques, dont 281 Ascom et 77 Schlumberger, soit un total national de 358 cabines publiques.

Le premier type, Ascom, ne peut pas être piraté. Ils sont au nombre de 185 cabines à Bamako, 14 à Mopti, 6 à Sévaré, 22 à Kayes, 14 à Tombouctou, 10 à Ségou, 30 à Sikasso. Aujourd’hui, 173 cabines Ascom seulement sont en bon état grâce à des gestionnaires locaux.

Sur les 77 cabines Schlumberger existant (9 dans les régions et 68 à Bamako) 34 seulement sont utilisables de nos jours. Selon des agents de la Sotelma, certaines personnes mal intentionnées piratent les lignes Schlum-berger. C’est pourquoi, la Sotelma veut s’en débarrasser.

Bref ! Après un lourd investissement pour 358 cabines sur le territoire national, 151 cabines en panne sont abandonnées à la nature. Les responsables de la société s’inquiètent sur le sort des 207 qui fonctionnent actuellement. D’après nos sources, la recette mensuelle de l’ensemble des cabines permettait à la Sotelma de payer tous ses employés.

Le cas de Bamako

Installées dans des endroits stratégiques, notamment sur les places publiques et les hôtels, les cabines publiques, selon les responsables de la Sotelma, devraient permettre de rapprocher davantage la société à sa clientèle. Avec un prix abordable, elles faisaient la fierté de la population et offraient du travail aux jeunes. Cette mesure était donc destinée à donner un coup de pouce à la société et à l’économie nationale.

«J’ai signé un contrat avec la Sotelma pour gérer cette cabine depuis 1994. Je gagne 10 % sur le chiffre d’affaires. Actuellement, ça ne marche pas du tout. Depuis l’arrivée d’Orange Mali, on peut faire toute une journée sans avoir un seul client. De 1994 jusqu’à 2002, je pouvais faire des recettes de 200 000 à 250 000 Fcfa en trois jours. On prenait les cartes de 10 unités à 1 350 Fcfa et les cartes de 120 unités à 10 700 Fcfa. Il y a aussi des cartes de 20, 30, 60 unités. C’est vrai, depuis un certain temps, la Sotelma a baissé ses prix. Mais, même avec ça, franchement, les clients ne viennent pas. Surtout qu’Ora­nge Mali donne son unité à 50 Fcfa et nous à 100 Fcfa. Les agents de la Sotelma assuraient l’entretien des cabines. Il y a très longtemps qu’ils ne viennent plus. Je ne sais pas pourquoi», se lamente Amadou Dicko, gérant de la cabine vitrée située devant la Bim.

A Orange, le responsable de la communication, affirme que la mise sur le marché des cartes de 1000 Fcfa n’a rien à voir avec les cabines. A l’en croire, ce geste de leur société a été salutaire à plus d’un titre.

Orange, dit-on, travaille inlassablement pour réduire au maximum le prix de la communication au Mali. A ce niveau, on juge que la technologie en matière de communication dispose aujourd’hui de pouvoirs illimités. Donc, il n y a pas de raison que les Maliens n’en bénéficient pas.

«Avec notre souci de nous rapprocher davantage de nos clients et surtout avec notre volonté de participer au développement socio-économique et culturel de ce pays, nous ne pouvons que faciliter les moyens d’accès à la haute technologie de communication. Surtout que nos clients sont en majorité des personnes à faible revenue. Etant chez eux, il faut qu’elles aussi parviennent à communiquer aisément, sans se déplacer. C’est pourquoi, nous avons mis les cartes de 1 000 Fcfa sur le marché. Elles n’ont absolument rien à voir avec les cabines. Nous avons, nous aussi, des cabines. Tout le monde ne peut pas se payer les cartes de 2 000 Fcfa ou plus. Notre ambition est de faire bénéficier aux Maliens de la révolution de la technologie en communication et à bas prix», soutient-il

Quant aux spécialistes de la Sotelma, notamment M. Dicko du Marketing et Yacouba Sacko des Grands comptes ne savent plus à quel saint se vouer.

Les malheureux événements du 27 mars 2005 après le match Mali-Togo et la concurrence ne suffisent pas pour dédouaner la Sotelma. Faute d’arguments convaincants, l’on évoque également l’utilisation de faux jetons par les usagers, d’où l’idée d’imposer les cartes prépayées et la libéralisation de cabines.

«Suite aux multiples casses de nos cabines, le problème de matériel de rechange s’est posé. Ce qui fait que beaucoup de revendeurs se sont découragés. Il y a aussi l’avènement du téléphone portable. Les clients ne fréquentent plus les cabines comme avant. Les cabines des deux sociétés, Sotel-ma et Orange Mali, ont le même problème, relatif à la mise sur le marché de cartes de 1 000 Fcfa. S’il n’y avait pas ces cartes les deux sociétés pourraient tirer bénéfices des cabines. Quand bien même, nos cabines situées vers l’Ambassade de France, l’Ier et au tournant de l’Ortm marchent à merveille», soutient Yacouba Sacko. Si la même politique qui fait fonctionner ses cabines prévalait sur l’ensemble des cabines, il n’y aurait pas de péril en la demeure.

Face à la situation, d’aucuns s’en étonnent. Sans doute ils n’ont pas encore eu vent de l’échec de la Sotelma quant au projet Ilafia : le fixe mobile avec cartes prépa­yées.

Ce projet qui intéressait beaucoup de clients a été purement et simplement abandonné par la Sotelma au profit de Wassa (le fixe mobile post payé sur facture mensuelle) faute de pièces de rechange et de maintenance.

«Nous sommes inquiets face à la situation. Les gens expriment toujours le besoin. Que ce soit à Bamako ou à l’intérieur, nos directeurs de services veulent toujours qu’on multiplie le nombre des cabines dans leurs localités. Mais, en réalité, les pièces de rechange manquent. Actuellement, si une cabine tombe en panne, elle ne peut plus être réparée. Tel est le cas des cabines tombées en panne suite à la casse du 27 mars 2005. Donc, plus le nombre de cabines baisse, plus le chiffre d’affaires chute. Dans le temps, ces cabines nous apportaient beaucoup d’argent. Certainement, nos responsables vont s’y mettre pour qu’on reste au service de nos clients», renchérit Dramane Baga­yoko, du Central téléphonique de la Sotelma. Il y a vraiment de quoi s’y mettre quand on sait que dans la périphérie de Bamako, plus 50 000 demandes de téléphones fixes sont en souffrance.

Il est temps de renforcer le rôle des techniciens de la Sotelma. Car, si les clients s’intéressent aujourd’hui à la Sotelma, c’est grâce à ses fixes dans les bureaux, les maisons et les cabines. Il est alors nécessaire de réaménager la Sotelma de façon à créer une véritable société capable de se maintenir et de bien gérer son matériel de travail dans la perspective d’accroître ses performances économiques grâce à une convergence de politiques.

Dans cette optique, les économies de la Sotelma ne seront plus soumises aux caprices de l’égoïsme de ses propres cadres. Lesquels ignorent sans doute que la croissance d’une économie dépend de sa capacité de vendre sur le marché. Ils doivent quand même savoir que si on investi efficacement pour maîtriser les besoins et les demandes internes, c’est à ce moment qu’on peut prendre d’assaut le marché, surtout concurrentiel. Sinon à quoi bon initier des projets valeureux, à longueur de journée, si on a pas les moyens de les pérenniser ? A quoi bon maintenir des spécialistes dans les bureaux climatisés si leur rendement ne se fait pas sentir sur la bonne marche, sur la maintenance des outils de travail de la société ?

En tout cas, les utilisateurs de cabines n’ont pas intérêt à laisser passer une pareille occasion s’ils veulent continuer à profiter du confort de la technologie et du bas prix proposés par nos deux sociétés de télécommunication, à savoir la Sotelma avec son slogan, «Avec la Sotelma, prenez tout votre temps» et Orange Mali qui «nous rapproche».

K. YOU

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