Augmentation de la taxe sur les télécommunications : Le Ministre Sanou s’explique sans convaincre, la société civile dénonce et la population désapprouve

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Lors du Conseil des ministres tenu le mercredi 5 février au palais de Koulouba, sous l’égide du Président de la transition, le Général d’armée Assimi Goïta, plusieurs mesures ont été adoptées, dont l’augmentation de la taxe sur les télécommunications. Sur la base d’un rapport du ministre de l’Économie et des Finances, le gouvernement a décidé de modifier la loi n° 2012-063 du 26 décembre 2012, instituant une taxe appelée « Taxe sur l’accès au réseau des télécommunications ouvert au public » (TARTOP), destinée à alimenter le budget de l’État. Si le gouvernement justifie cette mesure par un souci de renforcer les finances publiques, les consommateurs la désapprouvent et les opérateurs de télécoms maintiennent le silence.

Sans une communication en amont ni en aval, la brusque décision d’augmentation de la taxe sur les télécommunications a été des couleuvres difficiles à avaler par la plupart des consommateurs des services de communication. Elle a suscité de vives réactions sur les réseaux sociaux. Comme ce fut le cas du président du Forum des organisations de la société civile, Badra Alou Sacko, qui s’y oppose fermement.

Une mesure impopulaire en période de crise !

Depuis l’annonce de cette augmentation, la mesure est vivement critiquée par la population malienne, notamment sur les réseaux sociaux et dans les grins (lieux de discussion populaire). Cette taxe intervient dans un contexte particulièrement difficile, marqué par des coupures d’électricité et une crise économique qui pèse lourdement sur les ménages.

Désormais, pour une recharge téléphonique de 1 000 francs CFA, l’utilisateur ne recevra que 900 francs sur son compte, l’État prélevant 100 francs. Par ailleurs, chaque transaction effectuée via les services de mobile money (Moov Africa, Orange Money, SAMA Money…) sera désormais soumise à une double taxe : 1 % pour l’opérateur et 1 % pour l’État. Concrètement, les frais de dépôt de 10 000 francs passeront de 100 à 200 francs CFA.

Badra Alou Sacko s’insurge contre une taxation jugée injuste !

Dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux, Badra Alou Sacko président du forum des organisations de la société civile a dénoncé une décision injustifiée, soulignant les difficultés auxquelles les Maliens sont déjà confrontés. « La population souffre déjà des coupures d’électricité, beaucoup de gens n’arrivent plus à travailler normalement. Si l’État affirme que l’économie est en difficulté, que doit dire la population ? » a-t-il déclaré. Il a également mis en avant l’augmentation constante du budget de la présidence : 2020 (président élu) : 12 milliards de francs CFA ; 2022 (début de la transition) : 16 milliards de même en 2023 : 15 milliards et 2024 : 17,5 milliards pour cette année : 17,7 milliards

« Pourquoi ce budget ne cesse-t-il d’augmenter, alors qu’on impose de nouvelles taxes au peuple ? » s’interroge-t-il, appelant le gouvernement à revoir sa décision. Il remet aussi en question la gestion des revenus issus de l’exploitation des mines, notamment du lithium, alors que les autorités avaient promis que cette ressource profiterait aux Maliens.

De plus, il souligne que le budget du Conseil National de la Transition (CNT) a également bondi de 11 à 16 milliards de francs CFA, alors même que les problèmes d’électricité et de coût de la vie ne sont toujours pas résolus.

Le gouvernement tente de justifier la hausse des taxes 

Face à la contestation, le ministre de l’Économie et des Finances a pris la parole à la télévision nationale pour expliquer cette décision. Selon lui, la TARTOP (Taxe sur l’accès au réseau des télécommunications ouvert au public) existait déjà depuis 2012, avec un taux initial de 5 % appliqué sur le chiffre d’affaires des entreprises de télécommunications. Le projet actuel vise à porter ce taux à 7 %, ce qui, selon le gouvernement, ne mettrait pas en péril ces entreprises mais permettrait d’augmenter les recettes publiques.

Cependant, cette justification ne convainc pas la société civile, qui appelle les autorités à surseoir à cette mesure, jugée inopportune et injuste dans un contexte économique déjà éprouvant pour les Maliens.

En réponse, le ministre Alhousseyni Sanou a tenu à saluer « l’engagement et la résilience des Maliens », soulignant que ces efforts collectifs permettront d’affronter les défis actuels avec plus de sérénité.

 

Par Fatoumata Coulibaly

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1 commentaire

  1. “… Depuis l’annonce de cette augmentation, la mesure est vivement critiquée par la population malienne, notamment sur les réseaux sociaux et dans les grins (lieux de discussion populaire). Cette taxe intervient dans un contexte particulièrement difficile, marqué par des coupures d’électricité et une crise économique qui pèse lourdement sur les ménages….” C’EST TYRES BIEN FAIT, CAR LES RESEAUX SOCIAUX SONT DU N’IMPORTE QUOI ET TOUT LE MONDE S’Y MET PARCE QUE C’EST “PRESQUE GRATUIT” ET LE MOINS CHER DANS LA SOUS-REGION. ET DIMINUERAIT LA VISION ET LA DIFFUSION DE PLEIN DE CHOSES….

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