Application des nouvelles taxes : Du plomb dans l’aile

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Adoptées au Conseil des ministres du 6 février, les nouvelles taxes, censées entrer en vigueur après la signature de son décret d’application, sont en passe d’être abandonnées. Et pour cause, très impopulaire auprès de la population, cela malgré la justification donnée par les autorités « l’essor prodigieux du secteur des télécommunications au cours des vingt dernières années», sa mise en application, à défaut d’être définitivement reléguée aux calendes, a été reportée à deux reprises. En effet, après un premier report le 18 février, l’application des nouvelles taxes, programmées pour le 28 février sera à nouveau ajournée. En cause, cette fois-ci, l’impossibilité pour les opérateurs de diligenter les modalités de prélèvement indiquées dans une correspondance que les plus hautes autorités ont adressée aux trois opérateurs de téléphonie. Ladite missive rappelle, en effet, que les prélèvements étaient censés être effectifs depuis le jour ouvrable suivant la publication de l’ordonnance y afférente au journal officiel, avant d’indiquer le compte bancaire ouvert à cet effet. Et de mettre en garde, par la même occasion, sur les sanctions auxquelles pourraient les exposer les retards ou défaut de versements mensuels des sommes collectées.

En dépit de la tonalité menaçante, les opérateurs ne paraissent pas se bousculer au portillon de la banque retenue pour la collecte des prélèvements. Ils évoquent des contraintes à la fois opérationnelles et techniques à l’adaptation de leurs systèmes de facturation à la nouvelle mesure visiblement initiée sans concertation préalable avec les sociétés, une source proche de l’une des trois opérateurs. Assimilable à de l’amateurisme, selon la même source, ce vice de forme est d’autant plus crucial que la plupart des opérateurs sont liés à certaines catégories de clientèles par des engagements incompatibles avec les prélèvements réclamés par les autorités.

Quoi qu’il en soit, le double report fait suite à la vague de dénonciations, non pas des seuls détracteurs de la Transition, mais de ceux qui jusqu’ici en étaient les farouches soutiens. Sans s’opposer à ces nouvelles taxes, ils sont nombreux à réclamer en contrepartie la réduction du train de vie de l’Etat par la diminution des budgets alloués à certaines institutions de la République, telles que la Présidence et le Conseil National de Transition. Les autorités de transition ont-elles peur d’une fronde ou sont-elles sensibles au cri du cœur des Maliens dont la résilience dépasse toutes les attentes ? Malin qui pourrait répondre. En tout cas, malgré son adoption, les taxes appelées à financer certains plans d’urgences tel la fourniture d’électricité pourraient ne jamais être appliquées.

Pour rappel, l’accès au réseau des télécommunications, payé par les opérateurs, passera de 5 à 7% du chiffre d’affaires des entreprises concernées. Les nouvelles taxes prévoyaient également de nouveaux « prélèvements spécifiques » sur « la consommation des services commerciaux des communications téléphoniques », par exemple les achats de crédit, et « les opérations de retrait dans le cadre des transferts d’argent via les opérateurs téléphonique tel mobile money et moov money ». Enfin, la taxe sur les boissons alcoolisées devrait aussi connaître une augmentation.

Amidou Keita

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