Pour fêter son 5e anniversaire, le Réseau malien des consommateurs de la téléphonie mobile (Remacotem) a organisé une conférence de presse, le week-end dernier, à la Maison de la presse. Elle était animée par son président, Dr. Adama Traoré. Parmi les sujets évoqués, il y avait au centre la question l’attribution de la 3e licence de téléphonie globale, la facturation sur répondeur.
L’attribution de la 3e licence de la téléphonie globale est toujours d’actualité au Mali. Le président du Remacotem a longuement expliqué à la presse l’opacité qui entoure l’adjudication de cette licence au Groupe Planor International
En plus du sabotage du prix de la licence, Dr. Traoré estime que rien ne justifie la passation d’un marché de 55 milliards de F CFA par entente directe. Pour lui, cela est absolument absurde et insupportable pour le peuple malien.
Selon le conférencier, le secteur des télécommunications est hautement stratégique au plan politique, économique et sécuritaire. En rappelant l’une des citations du fondateur de la Chine populaire moderne, Mao, il dira que tout pays dont le secteur des télécommunications échappe à son contrôle ne maîtrise rien.
Cependant, a-t-il déploré, le Mali semble ignorer cette réalité. Il est l’un des rares pays au monde à ne pas prendre au sérieux le secteur des télécommunications. La preuve, a expliqué le conférencier, le Mali a sauvagement ouvert le secteur au tout venant en oubliant que nous avons une société historique de téléphonie. Il s’agit de la Sotelma-Malitel qui devait d’abord maîtriser les services de base.
Chaque pays a pris le temps de contrôler d’abord ses services de base avant de permettre l’ouverture à d’autres. Pour lui, le fait de marginaliser le secteur des télécommunications, notre pays perd sa souveraineté, car sa communication, à travers Orange-Mali, est contrôlée par d’autres puissances installées notamment au Sénégal.
Comme si cela ne suffisait pas, a regretté Dr. Adama Traoré, le Mali vient de se livrer à un spectacle honteux. Les autorités de la transition ont bradé la 3e licence 100 % à un investisseur étranger alors que des nationaux remuaient ciel et terre pour l’obtenir. Et de surcroît par entente directe. En plus, poursuivra le président du Remacotem, le plus choquant, c’est que ce soi-disant opérateur téléphonique, en l’occurrence, le Groupe Planor International d’Apollinaire Compaoré, ne remplit pas toutes les conditions.
Ce groupe aurait déjà versé une première tranche (ce qui, d’ailleurs, n’est pas encore vérifié) et devait payer le reliquat de la somme au plus tard le 13 mai 2013. Cette date est expirée sans que le Burkinabé respecte son engagement. Il est en train de faire le tour des banques pour contracter un autre prêt afin de payer le dû alors que le délai qu’on lui avait accordé est arrivé à terme. Ce qui a amené Dr. Traoré à s’interroger : pourquoi le gouvernement veut empêcher le Malien Cessé Komé à devenir actionnaire de la 3e licence quand on sait que l’autre n’est pas apte à remplir les conditions pour être adjudicataire ?
Pourquoi on n’annule pas simplement cette adjudication ? “C’est pour cela que nous, consommateurs avons des raisons de nous opposer à l’attribution de cette licence au groupe Planor”, a-t-il précisé. Le Remacotem invite le gouvernement à se ressaisir pour rectifier le tir afin de garantir une meilleure protection de sa population. Il préconise le rachat de tous les câbles à fibre optique existants, la création d’une société des réseaux de télécommunications où l’Etat doit être largement majoritaire pour des raisons de sécurité.
Parlant de la facturation des répondeurs par les deux opérateurs téléphoniques, Dr. Traoré a affirmé que son réseau a assigné Sotelma-Malitel et Orange-Mali en justice pour dédommager les consommateurs. Car il est inadmissible que les clients paient la communication des opérateurs sur le répondeur, autrement dit, les opérateurs ne doivent pas facturer les communications sur le répondeur.
Ben Dao