Depuis l’octroi de la troisième licence à Appolinaire Compaoré, voilà deux ans, il a été incapable de présenter son plan d’investissement, de respecter les textes maliens, et surtout ses engagements vis-à-vis de l’Etat, qui aurait dû, depuis fort longtemps lui retirer la licence pour non respect du cahier de charges. Il ne s’est jamais intéressé aux difficultés du pays. Le voici aujourd’hui en sauveur du virus Ebola, en tentant de séduire la presse, à travers une donation de kits. Ce n’est ni plus ni moins qu’une fuite en avant, sachant bien que ceux qui ont violé la procédure pour lui attribuer la licence défilent tous les jours au Pôle économique, à Hamdallaye ACI, chez le juge d’instruction.
Après avoir payé 55 milliards de nos francs aux autorités maliennes, en deux tranches (33 milliards pendant la transition et 22 milliards sous IBK), Compaoré multiplie les va-et-vient entre Bamako et Ouagadougou et peine à présenter son plan d’investissement, compris entre 80 et 100 milliards de nos francs, dans un premier temps. Il a bénéficié de l’indulgence des autorités qui, malgré le non respect de ses engagements, refusent d’annuler sa licence. Parce qu’elles espèrent qu’il y aura de l’emploi et de la valeur ajoutée pour le pays. Mais rien du tout. Il veut pousser Bamako à la faute pour se faire rembourser, avec des dommages et intérêts.
En effet, les banques de la sous-région sollicitée par Appolinaire Compaoré ne veulent pas financer ce montant faramineux, dans un environnement conflictuel et incertain. Cet homme d’affaires, bien connu désormais au Mali, par la haute administration, les banques et surtout le ministère des Finances, tente encore de piéger le gouvernement Moussa Mara. La première fois, il l’a essayé à travers un expert qui est arrivé à la conclusion selon laquelle il faut annuler l’attribution de la 3ème licence. Une belle occasion pour lui d’ester l’Etat malien en justice.
Le piège bien compris par le ministère de la Communication a été déjoué par le ministre Mahamadou Camara qui refuse la note explicative de cet expert préconisant le retrait, disons l’annulation, de la troisième licence en raison des nombreuses irrégularités qui ont émaillé le processus d’attribution. Ce ministre, qui a la tête sur les épaules, ne veut pas du tout prendre une décision qui pourrait se retourner contre l’Etat, au double plan financier et politique. Il attend, en effet, impatiemment que Compaoré respecte le cahier des charges et tous ses engagements.
Rappelons que Compaoré peine à s’installer malgré le paiement des 55 milliards parce qu’il n’a pas d’argent pour financer son plan d’investissement, sans compter ses ennuis judiciaires à Paris où il se trouve devant la Cour de Cassation dans le contentieux qui l’oppose à Etisalat pour le contrôle de Télécel Faso. Il a perdu une manche décisive et tout porte à croire que la suite des évènements ne lui est pas favorable. S’y ajoute l’affaire de la troisième licence de téléphonie globale qui l’oppose toujours, dans la capitale française, à Cesse Komé, homme d’affaires malien résidant en Côte d’Ivoire.
Dans le cadre de la procédure d’arbitrage international qu’il a lancée contre l’Etat malien suite à la « réattribution » de la troisième licence télécom à Planor, la société de Compaoré, Cessé Komé réclame 7 milliards de nos francs à l’Etat du Mali. Une note très salée qui doit être acquittée par Compaoré.
En effet, en annexe de la convention de concession, que Jeune Afrique a consultée, Planor s’est engagée à couvrir « la totalité des dommages » dont l’Etat serait redevable suite à un recours. A peine l’existence de la procédure d’arbitrage connue, l’Etat a rappelé, par courrier, à Appolinaire Compaoré, le patron de Planor, son engagement écrit.
Voilà des raisons objectives qui font que Compaoré peine à s’installer au Mali et les banques deviennent de plus en plus craintives à son encontre.
Aujourd’hui, il se lance dans la charité pour tenter de convaincre d’abord les hommes de média. Peine perdue pour Compaoré.
Chahana Takiou