La crise pétrolière mondiale a séché le portefeuille de l’Etat. Difficile de mettre du cash dans le secteur à cause de la crise financière. La diminution, la plus possible des droits et taxes n’est aussi plus la solution avec 1,5 % de baisse au cordon douanier.
Pour rendre le prix des hydrocarbures soutenables à la pompe pour les consommateurs, l’Etat délie régulièrement le cordon de la bourse. A travers un système de péréquation, le ministère de l’Economie et des Finances, par le canal de l’Office national des produits pétroliers (Onap), trouve la solution chaque fois que les prix de l’essence et du gasoil grimpent sur le marché international. Les droits et taxes sont baissés en conséquence au cordon douanier.
Mais depuis plus de 6 mois après l’éclatement de la guerre entre la Russie et l’Ukraine ayant entrainé une crise des produits agroalimentaires (engrais, blé, huile), pétroliers, entre autres, le secteur des hydrocarbures est frappé de plein fouet. L’Etat qui vit aujourd’hui des recettes intérieures (douanes, impôts) est quasiment en panne financière pour assurer la subvention qu’il fait depuis plusieurs années. Les deux augmentations faites coup sur coup dont la toute dernière intervenue il y a moins de deux semaines, ont mis les finances publiques à rude épreuve. Faute d’appuis budgétaires coupés par les principaux bailleurs de fonds que sont la France et ses partenaires de l’Union européennes.
Selon des révélations faites par des intervenants au cours de la réunion du mardi dernier, organisée par les transporteurs au siège du CMTR relative à une hausse des tarifs de transport, l’Etat a tellement réduit sa marge bénéficiaire qu’il n’en peut plus. « La douane ne perçoit aujourd’hui que 1,5 % de la valeur en douane d’un produit pétrolier. Une citerne de 45 000 litres qui était dédouanée à 1 000 000 de F CFA, est tombée à 150 000 F CFA », a indiqué le président du Groupement professionnel des produits pétroliers (GPP). Le problème n’est même plus au renoncement aux droits, mais de mettre de l’argent frais pour aider les professionnels du domaine à importer du carburant. La raison en est que les importateurs pétroliers ne savent plus à quel saint se vouer dans la mesure où ils déclarent travailler à perte, à cause de la cherté internationale des hydrocarbures à l’importation en plus des coûts d’approche (transports, frais de route, pièces de rechange, etc.).
Selon certains, le financement du secteur par l’Etat comme le font d’autres pays voisins où le carburant est vendu moins cher (entre 500 et 600 F CFA le litre), n’est pas pour demain. Pour cause : la crise sécuritaire doublée de la conjoncture économique mondiale qui ont grevé le budget de l’Etat en même temps le pouvoir d’achat de la population.
Abdrahamane Dicko