Moins d’une semaine après son examen par le conseil des ministres, la Stratégie nationale pour le développement de la propriété intellectuelle (SNDPI) au Mali était au cœur d’une conférence de presse, le lundi 1er décembre, au Centre malien de la promotion de la propriété intellectuelle (CEMAPI). Animée par le ministre de l’Industrie et de la promotion des investissements, Moustapha Ben Barka et la Directrice du CEMAPI, Mme Konaté Sountou Diawara, cette rencontre a été l’occasion pour le premier responsable du département d’exprimer sa détermination à traduire en acte concret le plan d’actions 2015-2017 de la SNDPI, don le coût est estimé à 4 milliards 980 millions de Francs CFA.
Outre les proches collaborateurs du ministre de l’Industrie et de la promotion des investissements, cette conférence de presse s’est tenue en présence des membres du comité de coordination et de développement de la propriété intellectuelle. Elle a été mise à profit par le ministre pour rappeler que la politique de développement industriel, adoptée par le gouvernement le 10 mars 2010 et le document cadre de politique culturelle nationale, adopté en 2013, accordent une place de choix à la propriété intellectuelle.
Ainsi, l’un des objectifs de la politique de développement industriel est de favoriser la création de nouvelles unités industrielles et l’utilisation des meilleures idées, technologies, techniques et méthodes en s’appuyant sur les actifs de la propriété intellectuelle.
Aux dires du ministre, ” cette stratégie est une manifestation de la volonté affichée du président de la République de contribuer au rayonnement économique ; scientifique et culturel de notre pays dans l’arène international… L’engagement des autorités en faveur de la promotion de la propriété intellectuelle s’est poursuivi dans le cadre d’un vaste programme de renforcement des capacités de l’administration de la propriété intellectuelle, de sensibilisation et de formation des acteurs du système et de dissémination de l’information scientifique et technique contenue dans les documents de brevets “.
Malgré ces efforts, l’environnement de la propriété intellectuelle reste caractérisé par un certain nombre de facteurs néfastes, dont la faible part de l’industrie dans le Produit Intérieur Brut qui est de 5,0% en 2013 ; le faible taux de transformation des produits agricoles dû, notamment, à l’insuffisance d’infrastructures de transformation, de centres de recherche appliquée et de recherche pour le développement des chaînes de valeur dans les filières agricoles ; la forte dépendance de notre pays à l’exportation des produits de base et l’insuffisance d’industries culturelles et le poids de la piraterie des œuvres artistiques et culturelles. La présente stratégie, assortie de son plan d’actions a pour objectif de contribuer à l’accélération de la croissance économique, à travers l’utilisation efficiente des actifs de la propriété intellectuelle.
Sa mise en œuvre apportera une contribution significative à l’économie nationale à travers, notamment la création d’un environnement attrayant pour l’investissement privé; la création de petites et moyennes entreprises et de petites et moyennes industries; la facilitation des transferts de technologies; la valorisation des produits agropastoraux et artisanaux ; la promotion de l’artisanat et des industries culturelles ; le renforcement des capacités humaines ; la production de médicaments traditionnels améliorés.
Les inventeurs davantage soutenus
Le coût du plan d’actions qui est estimé à 4 milliards 980 millions de Francs CFA, est au cœur des réflexions pour la mobilisation de ces ressources.
La directrice du CEMAPI de relever que la stratégie s’articule autour de quatre axes (cadre juridique, renforcement des capacités humaines et techniques, renforcement des capacités d’innovation par le développement des filières porteuses et promotion de l’utilisation du système des innovations). Elle a souligné que le BUMDA pour les œuvres culturelles et le CEMAPI pour les œuvres industrielles mettront en commune leur synergie pour la mise en œuvre de la stratégie.
Certains inventeurs présents à la conférence de presse ont présenté leur œuvre mais aussi soulever certaines difficultés qu’ils rencontrent. La principale de celles-ci est l’accompagnement insuffisant de l’Etat pour la mise en valeur de leur œuvre dans l’intérêt du pays. C’est le cas par exemple de l’inventeur de la brique H qui a obtenu de nombreux marchés au Burkina Faso où il est en train de construire plusieurs logements alors qu’au Mali, à part trois maisons testes réalisées avec le soutien de l’Etat, il n’y a rien de plus. Or, selon son promoteur la brique H permet d’économiser au moins à hauteur de 30% le coût d’une maison par rapport à la brique ordinaire.
Idem pour le cas de Mme Simpara, une dame qui a inventé les procédés de transformation de dattes sauvages (Zèkènè) et a mis en place une unité industrielle dans ce sens. Mais malheureusement, ces produits sont plus sollicités à l’extérieur qu’au Mali. Et plus surprenant, son invention est tombée dans le domaine public avant qu’elle n’obtienne le brevet d’invention qu’elle cherche désespérément depuis 2006. En tout cas, le ministre a laissé entendre que son département se lance dans une logique de changement et que les inventeurs bénéficieront de l’accompagnement nécessaire pour non seulement les aider à invente davantage mais aussi à vivre de leurs œuvres.
L’un des éléments importants pour ce soutien est le fonds compétitif pour la recherche et l’innovation technologique désormais opérationnel. Aussi, dans la perspective de renforcement des compétences du CEMAPI, celui-ci sera érigé en EPA pour lui permettre de mobiliser ses fonds requis pour faire face à ses missions. Enfin, un autre projet en vue est l’organisation d’une semaine de propriété intellectuelle au Mali qui doit venir s’ajouter au salon des inventions et de l’innovation technologique organisé par le CEMAPI et auquel tous les inventeurs exposent leurs œuvres sans payer de frais.
Youssouf Camara