Situation socioéconomique du Mali: Comment le «mensonge» a détruit notre pays ! (Suite)

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Malheureusement, au Mali, nous étions passés maîtres dans l’art de créer les institutions et de les vider de leur substance pour nourrir des «hommes forts», en tout cas, c’est ce que nous fîmes !

Pendant cette course aux «biens mal acquis» les dossiers fort brûlants de la République sont «bâclés» ou en sommeil (l’école, la corruption, la rébellion au Nord, AQMI, les trafics en tous genres, la pauvreté galopante, etc.). Les fora succèdent aux fora, sans succès ! Les réformes succèdent aux réformes sans succès ! Dans une ambiance de médiocrité généralisée, le pays s’enfonce dans la «gouvernance informelle» et la navigation à vue.

Malgré les gesticulations de quelques journalistes (qu’on ne veut pas entendre) et de quelques démocrates convaincus, les maliens doivent boire le «vin jusqu’à la lie !» la gangrène de «l’affairisme» suppure de toutes parts ; les valeurs sont inversées et jusqu’à l’université l’étudiant ne sait pas s’il existe une autre valeur «au-dessus» de l’argent.

Nous disions alors dans la conclusion d’un article sur la circulation routière dans notre pays que : «l’effritement et l’effilochement des structures étatiques, suite aux contraintes externes et au relâchement interne, font que les acteurs sociaux réagissent en intensifiant les pratiques de contournement et de détournement des lois, en ayant recours à diverses formes de pratiques de désobéissance et de falsification, eu égard au déficit de capacité de sanction détenue par des pouvoirs publics affaiblis et/ou complaisants. La multiplicité des allégeances sociales, administratives, juridiques, et associatives, etc., tout cela est utilisé pour atteindre toutes sortes de fins et tout devient objet de négociation et de marchandage. Au fractionnement de la puissance publique, peut faire écho, à terme, (si nous n’y prenons garde) la multiplication et la dissémination de nœuds de conflits au sein de la société malienne.»

Nous ne semblions pas si bien dire ! Cette conclusion faisait écho à celle qui concluait notre article sur l’impunité dans notre pays. Nous y posions cette question fondamentale : «Comment en sommes-nous arrivés à ce point où l’impunité est devenue la «marque déposée» de notre système de gouvernement (gouvernement étant pris ici dans son sens le plus large de notre gestion des rapports sociaux, politiques, économiques entre les individus et entre corporations) ? Comment se fait-il (comment est-ce possible) que notre pays soit laissé aux bons soins d’un parterre de «gagne petits» à la formation «bâclée», sans foi ni loi ? C’est que, comme le dit Achille Mbembe (Sortir de la grande nuit, Essai sur l’Afrique décolonisée, Paris, La Découverte, 2010), la possession monétaire (ou son impossibilité) a profondément déplacé les cadres de formation de l’individualité et des régimes de subjectivité ; là où domine la rareté, l’intensité des besoins et l’impossibilité de les satisfaire sont telles qu’une rupture s’est opérée dans la manière dont les sujets sociaux font désormais l’expérience du désir, de l’envie et de la satiété.

D’immenses fortunes sont bâties du jour au lendemain et domine désormais, au Mali, la perception selon laquelle aussi bien l’argent, le pouvoir que la vie sont gouvernés par la loi du hasard. Rien n’étant désormais certain et tout étant possible, chacun (qualifié ou pas) prend des risques, soit avec l’argent du Mali, soit avec les biens publics. Alors, aussi bien le temps que la vie, voire la mort, se ramènent à un immense «jeu du hasard». Dans un tel contexte où la préoccupation «sensualiste» et «hédoniste» de la consommation domine, les rapports entre le désir et ses objets ont changé, la possession idolâtre et la jouissance ostentatoire des biens matériels devenant le lieu même de mise en scène de nouveaux styles de vie.

Ce dérèglement social fait sens à une certaine «inversion des valeurs», une incapacité de l’autorité légitime à réguler un champ social, pourtant hautement sensible, tel que «la veille sur notre patrimoine commun» ! Cette «informellisation» de certains secteurs essentiels de la fonction régalienne de l’Etat malien est en fait, au cœur de l’aporie actuelle de la «dérégulation massive» de la lutte pour la «survie» que nous surnommons incivisme ou tout simplement impunité.» Nous sommes tous coupables puisque nous avons, en majorité, laissé faire !

Pourquoi mensonge et comment mensonge ?

En titrant cette contribution «Comment le mensonge a détruit notre pays !» nous voudrions simplement essayer de comprendre comment nous en sommes arrivés là ! Ce qui nous est arrivé n’est pas le fruit du hasard et tous les analystes sérieux de la situation malienne de ces dernières années, savaient confusément que nous allions dans le mur. Il n’est pas lieu de jeter l’anathème sur qui que ce soit, mais de comprendre comment un faisceau d’attitudes «culturellement marquées» et d’une connivence tacitement convenue a pu faire croire «ce qui n’est pas» et faire dire «ce qui n’est pas vrai», cet énoncé délibéré d’un fait contraire à la vérité ! Le gonflement associatif de ces derniers jours et les gesticulations actuelles qui nous empêchent même de nous atteler au travail sont un aveu : aveu d’impuissance ou aveu de connivence.

Qui a dit que le ridicule ne tuait pas ? Quand, il y a plus de deux décennies le Président Chirac a osé dire que «l’Afrique n’était pas mûre pour la démocratie», nous avons tous crié au racisme, ici et là-bas ! Nos maîtres voulaient à tout prix nous l’enseigner et les élèves voulaient à tout prix l’apprendre.

A suivre dans notre prochaine parution

Niakan Ha’iri DIARRA

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1 commentaire

  1. Je suis entièrement d’accord avec vous , comment peut on parler d’autorité dans un état qui ne peut meme pas imposé le port de casque aux motocyclistes.

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