Dans un article paru dans l’Hebdomadaire marocain "le Canard Libéré", paru le vendredi 28 janvier 2011 et intitulé "Attijariwafa Bank: gros déboires au Mali", de forts soupçons pèsent sur la BIM-SA.
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rnEn fait, selon nos confrères marocains, c’est un rapport interne, relatif à la gestion de la BIM-SA, filiale d’Attijariwafa Bank au Mali, qui soulève de nombreuses zones d’ombres. Nos confrères de se demander si Boubakar Jai, chargé de la banque à l’international, "étouffera l’affaire ou coupera des têtes". Et pour cause, au Mali, il un secteur dans lequel les actions de la banque n’ont pas toujours été claires. C’est le cas de l’Opération Taxis.
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rnEn effet, en vue de promouvoir le transport urbain, sur l’initiative du Président de la République, certains établissements bancaires du Mali, dont la BIM-SA, ont accepté de financer ce qu’il convient d’appeler l’Opération Taxis.
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rnCette initiative, il convient de le souligner, est d’autant plus salvatrice qu’elle favorise non seulement le renouvellement de notre parc vieillissant, mais également apporte une solution, ne serait-ce que partiellement, à l’épineux problème que constitue le chômage des jeunes.
rnSi au niveau de la BMS et de la BRS la procédure de financement de ces véhicules n’a pas été entachée d’irrégularités, selon nos sources, force est de reconnaître, qu’à la BIM-SA, les choses ne se sont pas passées dans les règles de l’art. "Un parfum de magouille digne de la mafia plane sur la procédure" nous a confié l’une d’elles.
Que s’est-il passé?
rnLe promoteur de ces taxis serait un obscur client de la BIM, un certain Samba Bathily, ami du PDG de la BIM-SA. Le compte dont ce dernier est propriétaire a été créé à vue, c’est-à-dire sans que M. Bathily n’ait versé le moindre sou, comme il est de coutume. Il serait un prête-nom à la solde de la direction de la BIM. L’alimentation de son compte se fait par la banque elle-même. Ensuite la banque lui accorde des prêts aux fins de l’achat des véhicules et meubles, qui lui sont revendus. M. Bathily disposerait, selon nos enquêtes, de trois comptes fictifs au niveau de la BIM.
rnLe premier aurait été ouvert pour lui permettre d’honorer les commandes d’ordinateurs faites par la BIM, le deuxième pour ses meubles et le troisième pour les véhicules. Le tout, acheté à Casablanca et revendu à la BIM-SA à des prix exorbitants.
Un vrai système de vases communicants
rnCe que vous allez lire n’est pas un conte de fée, ni une fiction. C’est aussi ce qui se serait passé dans cette fameuse Opération taxis à la BIMS-SA. A titre d’illustration, les véhicules de marque FIAT (6) achetés à 7,5 millions de FCFA l’unité ont été comptabilisés à 19,5 millions de FCFA par la banque.
rnLors de l’Opération Taxis toujours, les véhicules ont été achetés à 4,5 millions FCFA à Casablanca, où ils sont montés, et cédés plus tard à 11 millions CFA aux Maliens. Jugez vous-mêmes.
rnToute cette grosse magouille aurait, selon nos informations, été montée de toutes pièces par le Directeur du Pôle Clientèle, Yéhiya Merfhour. Pire, M. Merfhour serait un habitué des actions de tels genres. En fait, il serait même interdit d’exercer la fonction bancaire en France et dans toute l’Europe, au motif qu’il a été condamné pour blanchiment d’argent, surfacturation et transfert illicite de fonds.
rnCertains de ses collègues, qui ont voulu garder l’anonymat, sont convaincus que c’est pour sa dextérité dans les manœuvres mafieuses que M. Merfhour a été embauché. Et d’ailleurs, il aurait transféré de manière illicite des fonds de Maliens de l’extérieur, dont les dépôts constituent plus de 60% des ressources de la BIM SA.
Sorties massives de devises
rn"En réalité, ce qu’il faut comprendre, c’est qu’il se passe que la partie marocaine est en train de mettre les bouchées doubles pour rentrer rapidement dans ses investissements" nous a expliqué un spécialiste.
rnCe que certains de nos interlocuteurs dénoncent, c’est la complicité active de certains cadres maliens. En outre, soutiennent-ils, l’Etat n’est pas exempt de reproches, car ses représentants au Conseil d’administration se terrent dans un silence assourdissant. Toute attitude qui tranche avec celle de leurs homologues de la Côte d’Ivoire, du Sénégal et du Gabon, résolument déterminés à préserver les intérêts de leurs pays respectifs.
Par ailleurs, d’autres informations que nous avons reçues démontrent que tous les marchés conclus par la direction de la BIM-SA l’ont été par entente directe, c’est-à-dire sans le moindre appel d’offre. "De notre avis, même si Attijariwafa Bank dispose de la majorité des actions, les intérêts de notre pays doivent être sauvegardés" martèle un cadre que nous avons rencontré.
rnDe plus, la BIM-SA n’effectue jamais le moindre achat au Mali. Tout se paie au Maroc. Dans un passé récent, l’information avait été portée à la connaissance des services de renseignements du Mali. Il y a peu, Moustapha Boutouba, Chargé des Moyens Généraux à la BIM-SA, s’est envolé pour le Maroc, avec dans sa serviette la somme de 190 millions de FCFA, aux fins d’acheter du mobilier de bureau.
rn"La moindre opportunité est saisie par les Marocains pour faire sortir nos devises" affirme l’une de nos sources. Les dépôts des Maliens de l’extérieur, quant à eux, sont transférés dans les comptes marocains depuis Paris, pour contourner la BCEAO.
Rappelons qu’un grand bruit avait couru les rues de Bamako, il y a quelques mois: tout cadre qui ne partagerait pas la même vision par rapport à la gestion de la banque serait purement et simplement rapatrié, s’il est Marocain, ou licencié, s’il est Malien. Pour ce faire, on accusera le cadre malversations, mais les preuves ne seront jamais apportées. La pratique continue, nous a-t-on confié.
rnPlusieurs voix s’élèvent déjà pour demander un audit de la banque par la Commission bancaire ou par une institution financière fiable. On évoque aussi la prise en charge de la situation par l’Etat, de peur qu’on ne s’achemine infailliblement vers une deuxième administration provisoire.
rnA suivre.
rnPaul Mben
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