On a beau faire, l’époque (ou le temps) est difficile à suivre. Actualité oblige, en cette fin de mois d’hivernage. Comment va-t-on faire pour apprendre à vivre avec un ciel qui se dérobe, qui nous échappe faute d’une maîtrise de ses structures d’accueil ici-bas ? On se perd en conjectures en parlant du temps des pluies, de ces retards de pluies qui vont nous rattraper. La question n’en est pas moins importante.
Comme pour conjurer un mauvais sort, revenant dans toutes les conversations, les salutations entre gens d’une société se terminent invariablement par le souhait d’un bon hivernage…C’est peu dire car il ya une dizaine de jours seulement, l’un des responsables de la Direction de l’Agriculture promenait à la télé sa satisfaction quant aux derniers objectifs alimentaires à atteindre …
Il suffit de ne plus regarder la télé après le J.T de 20H pour entendre la météo et ses gris-gris pour se donner l’air d’un zombie dans le regard des autres. Même les habitants de Bamako se sentent concernés aujourd’hui par les nuages qui se forment au dessus de nos têtes. Le ciel deviendra t-il le siège de nos angoisses ? Dieu nous disait alors dans le Talmud ‘‘C’est Moi la source d’eau vive….’’ En maitre des vents annonciateurs de bonne nouvelle, en maitre des deux orients et des deux occidents, Dieu fait pleuvoir où bon lui semble….C’est la main de l’homme qui a tout changé pour lui.
La complainte des pluies.
En Juin dernier, la météo nous annonçait alors un hivernage normal à excédentaire. Peut-on soutenir le contraire maintenant ? Daniel Simon Kelema, le directeur national de l’agriculture faisait alors le point sur la mise en œuvre du plan de compagne 2011/2012. C’est que depuis 2010, l’apport des ‘‘pluies provoquées’’ à la demande des services techniques permettaient de corriger les déficits cumulés et aussi aux cultures de poursuivre leur croissance en bouclant le cycle végétal. La production céréalière se chiffrait alors à 6 418 071 tonnes, soit un taux de réalisation de 64% de l’objectif fixé à 10 millions de tonnes de céréales à l’horizon 2011. Au paravent, des agents de la direction nationale de la météo du Sénégal, du Niger et du Mali et des spécialistes de la prévision saisonnière et des cadres des organisations de bassins et ceux de l’espace CILSS/CEDEAO se retrouvaient lors d’un atelier d’élaboration des prévisions saisonnières hydrologiques 2011. Au 1er semestre de cette année, les prévisions des précipitations étaient à la tendance excédentaire pour le sahel Ouest et à la tendance normale à excédentaire pour le sahel Est (Niger, Tchad). Concernant les régions côtières (Guinée-Conakry, Nigeria), la tendance normale à déficitaire était prévue. Nous savons que la période des hautes eaux est généralement comprise entre les mois de Juin et Novembre selon les bassins. On avait prévu en ces temps des découlements excédentaires dans l’ensemble…Ça ne sera pas le cas même si la côte d’alerte tarde à être signalée. Nos spécialistes avaient cependant recommandés dans les zones sahéliennes et soudaniennes d’augmenter les superficies pour les cultures à haut potentiel de rendement (maïs, riz, sorgho) ou de rente (coton, arachide) avec des quantités importantes de fertilisants. Ces mêmes spécialistes s’entendaient à des situations contrastées avec des risques d’inondation et une faible disponibilité de la ressource en eau en saison sèche due aux écoulements déficitaires par rapport à la moyenne des années passées. Des échos nous reviennent aujourd’hui d’une situation de (pré) famine au sahel occidental. Justement dans une zone qui n’est pas celle d’une pluviométrie par excellence. L’hivernage avait commencé de s’installer ici où la prématurément comme on dit. Au sahel occidental, il a plu au mois de Juillet. L’arrêt momentané des pluies va créer des dégâts pour les jeunes plants. Le ressemage alors (deuxième semis) atteindra t-il le capsulage (floraison) après le stade de l’épiaison ? Autre complication attendue avec la transhumance des animaux venant de Mauritanie vers Janvier et Février. Sommes-nous donc en face de la même situation de famine de 2003 ? Les villes du sahel concernées sont Nara, Nioro du sahel, Diema, Yélimané dans le cercle de Kayes.
La production attendue :
Ce sont 8 940 780 tonnes qui couvriront les besoins de la population estimés à 3 407 689 tonnes soit un excédent céréalier de 3 669 184 tonnes. Toute la question est là au sujet de cet excédent. Va-t-on vers la reformulation d’une autre politique du département de l’agriculture ?
S.KONE