Contrairement à certaines conclusions prévisionnelles auxquelles sont parvenus hâtivement des Analystes, l’impact du Coronavirus a été néfaste sur l’économie malienne. En fait, pour ces Analystes, il n’y avait pas du péril en la demeure, puisque, selon eux, les effets de la pandémie devaient être nettement limités, circonscrits. Mais la réalité est là : la crise née de la Covid est présente dans tous les secteurs vitaux de l’économie nationale, partout au plan socioéconomique. Les répercussions se font durablement sentir surtout dans l’informel, le marché des denrées alimentaires et de première nécessité, le secteur des transports et la consommation de base.
A l’instar de celle des autres pays d’Afrique et d’ailleurs, l’économie malienne a été frappée de plein fouet par l’impact de la COVID-19. Au plan socio-économique, la pandémie menace de replonger notre pays dans la récession traversée en 1995 après la dévaluation du franc CFA en 1994. Selon une étude de la Banque Mondiale, suite à la propagation du coronavirus, la croissance économique malienne, comme dans les autres pays africains (dont le taux de progression est passé en 2020 de 2,4% à -5,1% en moyenne) est en passe de régresser considérablement.
Avec ses répercussions criardes sur le commerce import et export et la circulation des personnes et des Biens consommables ayant entrainé un désordre éprouvant sur les termes d’échanges et les chaînes de valeur, la Banque Mondiale traduit en chiffres approximatifs les dégâts collatéraux provoqués sur l’économie des Etats africains dont le Mali par la pandémie entre 37 et 79 Milliards de dollars US. Cela c’est le bilan établi au titre de la seule année 2020. Ce qui se soldera par des taux déficitaires austères sur le marché de ravitaillement aux consommateurs en produits d’exportation, alimentaires et de première nécessité pour et entre le Mali et les autres pays des zones CEDEAO et UEMOA.
Au plan socio-économique, l’impact de la COVID-19 a été néfaste et est en train de se faire sentir dans tous les compartiments de l’économie malienne.
En effet, rappelons que les prévisions de croissance pour l’année 2020 ont baissé de 5% à 0,9% avec un impact démesuré pour un système reposé essentiellement sur l’informel et qui reste la locomotive de l’économie nationale (avec ses 95% d’emplois créés, 70% d’activités économiques, 99% d’entreprises privées et plus de 60% du Produit Intérieur Brut-PIB).
Par rapport aux mécanismes de réponse envisagés par le Gouvernement, force est de constater que les mesures de restriction comme la fermeture des frontières, la clôture des marchés et le confinement des populations ne semblent pas avoir servi grand-chose pour ralentir la chaîne de contamination. Ce, en ce sens que, pour certains observateurs, l’Etat s’est montré soit laxiste vu la situation sociopolitique explosive de l’époque ou trop sensible face aux réalités économiques des populations des centres urbains qui vivent du jour au jour. Mais c’est surtout le détournement et le gaspillage des fonds annoncés par l’ex Président IBK en guise de mesures d’accompagnement qui ont rendu inefficace le plan de riposte envisagé par le Gouvernement.
Par ailleurs, rappelons qu’en 2019 le secteur tertiaire, composé principalement du commerce et des services est contributif à « hauteur de 38% du PIB » à l’économie nationale. Donc, au plan industriel, le secteur manufacturier n’y joue pas encore un rôle incontournable dans le développement du pays et dans la création d’emplois massifs pour les Populations. Ce qui fera, aux dires un Fonctionnaire à la Direction national du Budget, que, dans le domaine des industries, l’impact du coronavirus est moins répercutant sur la vie socio-économique du pays. Aussi, « Cette situation explique en partie le fort besoin du pays en importations et un déficit du compte courant qui s’élevait à 5,4% du PIB en 2019 », apprend-on d’un éminent Chercheur au Centre de Recherches et d’Analyses politiques, économiques et sociale de Bamako.
En outre, notons qu’à l’instant le taux des recettes fiscales du Mali est déficitaire (14,3% du PIB national) par rapport à la norme de de hausse de prix de l’UEMOA à 20%.
Dans ce cadre, la fermeture des frontières a porté un coup dur à la liberté de la circulation des personnes, des Biens, des Services et des capitaux entre le Mali et ses partenaires africains et étrangers. Or, l’économie malienne est tributaire, en grande partie, du trafic import-export des marchandises. De ce fait, notons qu’étant un pays enclavé, cette fermeture des frontières avec la limitation des flux d’importation et d’exportation des produits locaux et de réexportation des marchandises a provoqué une hausse soudaine des prix sur le marché national. D’où, l’inflation soldée par une chute du pouvoir d’achat des Chefs de familles accompagnée des réelles difficultés et une baisse sensible du niveau de vie et des taux de consommation dans les ménages de Bamako et de l’intérieur du pays. Surtout que les dispositifs sécuritaires au plan alimentaire envisagés officiellement par l’Etat à travers des stocks de denrées céréaliers n’ont pas été gérés avec vigueur pour être distribués effectivement à toutes les couches sociales destinataires. Tout a été détourné ou dilapidé par les tenants du Régime déchu ou reparti par les chefs de quartier de la capitale notamment par affinité.
Concernant le secteur socio-sanitaire, il est à souligner que plus de 90% des médicaments procurés dans les pharmacies et officines de la place proviennent de l’extérieur du pays. Par voie de conséquences, il y a une flambée des prix dans le secteur de médicaments et de produits pharmaceutiques également. Ce qui a impacté lourdement à son tour sur les revenus des domestiques. Donc, c’est toute un chainon d’impacts négatifs répercutant et récursif dans le panier de la ménagère.
Enfin, dans les hôpitaux nationaux de Bamako et les centres de santé de référence de l’intérieur où sont évacués ou dépistés les cas positifs, il y a des effets négatifs. Et, pour cause, il y a manque d’effectifs du personnel soignant. Cela, à cause à la crise financière à laquelle est confronté l’Etat pour renforcer les effectifs en place ou améliorer leurs conditions de vie et de travail. Ensuite, dans les familles des médecins soignant dont quelques-uns (pour l’instant cas très rare au Mali) les familles des éventuelles victimes du COVID-19 risquent de se retrouver dans la précarité économique déplorable. « Puisque si le médecin qui décèderait à toute une famille à sa charge, il n’est pas sûr que celle-ci soit indemnisée ou prise en charge par l’Etat ; nous avons pour cas illustratif la situation de nos frères militaires tombés sur le front du Nord et du Centre du pays dont les épouses, les enfants et les proches parents ne perçoivent pas tous leurs Droits et indemnités », nous a confié un médecin ayant requis l’anonymat. Bref, avec sa propagation, la pandémie continue de provoquer à l’échelle nationale un impact très lourd de conséquences au plan économique. Nous y reviendrons sur le plan scolaire aussi !
Djankourou