Autour du Premier ministre Modibo Kéita, au présidium de la cérémonie d’ouverture de cette importante réunion on notait la présence d’Annick Girardin, Secrétaire d’Etat au Développement et à la Francophonie de la France et de Christos Stylianides, commissaire européen chargé de l’aide humanitaire et de la gestion des crises.
Dans son mot de bienvenue le ministre malien de la Solidarité, de l’Action humanitaire et de la reconstruction du Nord, Hamadoun Konaté, après avoir souhaité la bienvenue au nom du président IBK aux hôtes, dira que les autorités du Mali souhaitent voir se poursuivre l’exceptionnel élan de solidarité en faveur du Mali au service de la paix et de la relance d’un développement durable.
Pour Christos Stylianides, commissaire européen chargé de l’aide humanitaire et de la gestion des crises, cette réunion permettre de faire le bilan du chemin parcouru ensemble depuis mai 2013, afin de décider ensemble des prochaines étapes. Il rappellera qu’à l’issue de cette conférence, l’Union européenne s’est engagée à hauteur de plus d’un milliard d’euros, dont plus de la moitié par la seule Commission européenne. Elle a également déployé au Mali deux missions – EUTM Mali et EUCAP Sahel Mali qui assistent le pays dans la réforme du secteur de la sécurité.
« Cette mobilisation inédite s’est rapidement transformée en actions concrètes dans de nombreux domaines et au bénéfice direct des populations. L’Union européenne a tenu ses promesses » indiquera Christos Styliandes. Car, selon lui depuis mai 2013, des élections ont été organisées et ont permis le retour à l’ordre constitutionnel. Elles ont permis à des institutions légitimes de reconstruire les fondations de l’Etat. Que le Gouvernement a dans le même temps fait preuve de sa détermination à mettre fin aux pratiques du passé, responsables de la crise que le pays avait traversée en 2012. A travers, particulièrement du lancement de la campagne nationale contre la corruption, à l’adoption de la loi contre l’enrichissement illicite, à l’organisation des Etats généraux de la décentralisation, aux Assises du Nord, aux mesures correctives adoptées en termes de gestion des finances publiques, suite à la mission du Fonds Monétaire International , la production et la publication des rapports d’audit…
Le retour de la Paix prôné par tous !
« Ces avancées ne sauraient cependant masquer le fait qu’aujourd’hui encore, la paix reste un défi de premier ordre » estime le commissaire européen de la gestion des Crises. D’où l’occasion pour lui de pointer le doigt sur les violences continues dans le nord du Mali. Lesquelles, selon lui, constituent une menace pour la sécurité, la stabilité, l’intégrité territoriale et le développement du Mali, mais également pour la région dans son ensemble. « Seul un accord de paix inclusif, permettant à chaque communauté de percevoir qu’elle a un intérêt dans l’avenir de l’Etat, pourra mettre fin à cette situation » a-t-il dit. Avant d’indiquer que le maintien du statut quo n’a pour seule conséquence que de retarder le retour de l’Etat de droit, d’une administration efficiente, de services sociaux de qualité, du développement économique dans le Nord, comme dans le pays tout entier.
« Nous savons tous que sans progrès tangible à Alger, toute action en matière de développement restera vaine » a précisé, le Commissaire européen chargé de l’aide humanitaire, qui s’est dit fortement préoccupé par les conditions sécuritaires dans lesquelles leurs équipes doivent opérer. « L’accès aux services sociaux de base pour les populations, auxquelles le Gouvernement central ne peut accéder, reste un problème majeur. Le système national d’alerte précoce considère cette année la plupart des régions du nord du Mali comme étant des zones à risque, en termes d’insécurité alimentaire. L’accès à ces populations sera déterminant pour faire face à cette menace » a plaidé M.Stylianides.
Dans la même foulée, la Secrétaire d’Etat au Développement et à la Francophonie Annick Girardin dira que cette réunion va se pencher sur comment organiser le travail pour permettre une plus grande implication de la population et un renforcement de la dimension locale des projets. Laquelle, selon elle est essentielle à la pérennité des projets et à la consolidation durable du vivre ensemble, et donc de la paix.
« La France appelle l’ensemble des parties à prendre leurs responsabilités… Ce choix de la paix, sans laquelle aucun développement n’est possible, c’est d’abord aux Maliens de le faire » a-t-elle indiqué. Avant de clairement déclarer que la Communauté internationale ne pourra venir qu’en accompagnement du futur accord. « L’enjeu sera de consolider le futur accord de manière à ce que la population perçoive concrètement les dividendes de la paix », confie Annick Girardin.
Avant de déclarer l’ouverture des travaux de cette importante réunion, le Premier ministre Modibo Kéita a entretenu l’assistance sur les composantes des trois axes qui forment la priorité du programme de son gouvernement : la sécurité des personnes et des biens, le développement économique et social pour améliorer les conditions d’existence de la population, l’Etat de droit et la Justice. Lesquels convergent avec autant les exigences de la conférence de Bruxelles que la réussite des pourparlers d’Alger. D’ailleurs, à ce sujet, selon le Premier ministre Kéita, cette séquence d’Alger doit impérativement être porteuse de paix. Car, que sans la paix l’immense effort consenti par les uns et les autres sera réduit au néant.
Dans sa communication, le chef du gouvernement est revenu point par point sur les actions posées par les plus hautes autorités du pays en termes de respect des conditions fixées par la Conférence de Bruxelles du 15 Mai 2013. A travers les douze priorités identifiées par le PRED (Plan de Relance Durable du Mali). Lesquelles priorités qui ont déterminé l’engagement des pays et institutions partenaires à fournir une aide financière conséquente au Mali dont le montant total avoisine les 3,3 milliards d’euros. A savoir : assurer la paix, la sécurité et l’intervention des services de l’Etat sur l’ensemble du territoire, répondre aux urgences humanitaires et aux conséquence de la crise, organiser des élections crédibles et transparentes , approfondir la gouvernance par le processus de décentralisation pour un développement équilibré du territoire et engager la réforme de l’Etat . Mais aussi garantir le bon fonctionnement de la justice et la lutte anti-corruption et conforter la réforme des finances publiques à travers la relance de l’économie par l’appui au secteur privé, le renforcement de l’agriculture, l’investissement en infrastructure et l’emploi des jeunes.
Sur 2155 milliards de FCFA d’annonces, 94% engagés et 76% décaissés
Faut-il le rappeler, la conférence des donateurs «Ensemble pour le Renouveau du Mali » a réuni en mai 2013, à Bruxelles, 108 délégations dont 13 chefs d’Etat et de Gouvernement, des représentants d’institutions régionales et internationales, des Institutions de coopération, des collectivités locales, des organisations de la société civile malienne et internationale et des représentants du secteur privé.
A l’issue de la conférence, 56 pays et/ou institution ont annoncé une aide financière inédite en faveur du Mali, d’un montant de 3,285 milliards d’euros (soit environ 2155 milliards de francs CFA) pour appuyer les politique de réformes et les programmes de développement, afin de faire face à la crise multidimensionnelle que le pays a traversé entre 2012 et 2013. Ces annonces de fonds ont été faites en soutien au PRED pour la période 2013 – 2014 et à la feuille de route de la transition présentés par les autorités maliennes lors de la conférence. Pour un meilleur suivi des engagements réciproques prix à Bruxelles, le Gouvernement du Mali et ses partenaires ont convenu d’un mécanisme de suivi et de transparence à travers la tenue de réunions trimestrielles de haut niveau organisées alternativement à Bamako et à l’étranger.
Sur la base des douze priorités identifiées par le PRED, les participants à la cinquième réunion de Bamako se sont félicités des résultats obtenus dans la mobilisation des ressources financières pour lesquelles des engagements avaient été pris à Bruxelles. Les chiffres présentés en séance par le Ministre de l’Economie et des Finances et par le représentant de la troïka des partenaires techniques et financiers démontrent indubitablement un engagement très fort de la Communauté internationale aux côtés du Mali dans cette période de sortie de crise. Sur un total de 2155 milliards de FCFA d’annonces faites lors de la conférence de Bruxelles, au 31 décembre 2014, les appuis recensés étaient engagés à 94% et décaissés à hauteur de 76%. Cette aide a été apportée sous la forme d’appuis budgétaires (17%) et d’aide humanitaire d’urgence (23%), en plus des appuis sectoriels.
Les participants sont convaincus que le financement du développement du pays, au-delà des appuis extérieurs, dépend en grande partie d’un effort accru de mobilisation des ressources internes. La Conférence a noté avec satisfaction les engagements pris par le Gouvernement pour approfondir et accélérer les réformes. Elle se félicite de l’engagement du Gouvernement de présenter prochainement un document de référence unique, rationalisant les documents existants, fixant les priorités nationales pour le développement du pays, à moyen et long terme. Les partenaires techniques et financiers souhaitent que ce document soit assorti d’un cadre de mesures de résultats et d’un mécanisme de suivi-évaluation basé sur la rédévabilité et la transparence. En ce qui concerne la mise en œuvre du PRED suivant les axes prioritaires figurant dans les conclusions de la Conférence de Bruxelles, l’évaluation montre à la fois l’importance du chemin parcouru mais également les défis qui demeurent.
La Conférence a noté avec satisfaction les engagements pris par le Gouvernement pour approfondir et accélérer les réformes. Elle se félicite de l’engagement du Gouvernement de présenter prochainement un document de référence unique, rationalisant les documents existants, fixant les priorités nationales pour le développement du pays, à moyen et long terme. Les partenaires techniques et financiers souhaitent que ce document soit assorti d’un cadre de mesures de résultats et d’un mécanisme de suivi-évaluation basé sur la redevabilité et la transparence.
Moustapha Diawara