Le siège de l’Association professionnelle des banques et établissements financiers du Mali (APBEF) à Sébénicoro a abrité, le jeudi 29 août, la réunion du bureau du conseil de la Fédération des Associations Professionnelles des Banques et Etablissements Financiers de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (FAPBEF-UEMOA). L’ouverture de cette importante rencontre qui a débattu plusieurs points inscrits à l’ordre du jour, était présidée par le secrétaire général du ministère des Finances, Mme Sidibé Zamilatou Cissé, en présence du Directeur national de la BCEAO, Konzo Traoré, du président de l’APBEF-Mali, Moussa Alassane Diallo, du président de la FAPBEF – UEMOA, Pierre Zerbo ainsi que des patrons de nombreuses banques et établissements financiers de la place à l’image de Abdoulaye Daffé, PDG de la BDM-SA, Abdelahad Kettani, Administrateur Directeur Général de la BIM-sa Attijariwafa Bank.
Les travaux de cette réunion du conseil fédéral de la FAPBEF-UEMOA ont permis d’examiner et d’adopter plusieurs points inscrits à l’ordre du jour. Il s’agit du procès-verbal de la réunion du même organe tenue le 19 mars dernier à Ouadadougou, de l’état de la mise en œuvre des conclusions et recommandations de la rencontre entre le gouverneur de la BCEAO et les présidents des APBEF et de la FAPBEF-UEMOA, tenue le 23 mai 2013 à Dakar ( les actions menées et celles envisagées), du rapport d’audit des comptes de l’exercice 2012, de la charte de l’union bancaire francophone.
Les banquiers de la sous-région ont aussi procédé à l’examen et l’adoption du manuel de procédures de la FAPBEF-UEMOA, au recadrage du programme d’activités et du budget, à la validation de l’ordre du jour de la réunion des directeurs exécutifs et secrétaires généraux, prévue en Guinée-Bissau ainsi que plusieurs autres points inscrits au divers.
Un examen de ces points devrait permettre d’apporter des réponses aux préoccupations exprimées par les pouvoirs publics et les autorités monétaires de l’UEMOA.
A l’ouverture des travaux, le président de l’APBEF-Mali, Moussa Alassane Diallo a rappelé que le système bancaire malien a été profondément affecté par la grave crise qu’a connue notre pays notamment au nord avec des pertes cumulées évaluées à 18 milliards de FCFA. Pour la première fois, depuis 2000, l’activité économique du Mali s’est contractée avec un taux de croissance négatif de 1,5% en 2012. Pour Moussa Alassance Diallo, ” malgré cette situation et l’absence de toute indemnisation pour le moment, les banques, en toute responsabilité, ont décidé de ré-ouvrir les agences du nord “. A cet effet, le président de l’APBEF-Mali a salué les autorités pour leur accompagnement à l’endroit des banques pour une sortie de crise rapide.
Un cadre adéquat d’échanges FAPBEF-BCEAO
La FAPBEF-UEMOA joue un rôle important de représentation et d’interface entre ses membres et la Commission de l’UEMOA, les administrations publiques, les autorités monétaires et financières de la BCEAO, la Commission bancaire de l’UMOA. Elle apporte une contribution de très grande qualité au renforcement de la profession bancaire, à la promotion d’un système financier inclusif et performant au service du développement et de la croissance économique dans l’espace UEMOA dans un marché financier mondialisé. Aux dires du président de l’APBEF-Mali, “ les actions menées par la fédération au cours des dernières années ont permis d’assurer une plus grande solidarité entre les membres, une meilleure communication interne et externe, l’instauration d’un climat de concurrence saine entre les membres et d’arriver à un renforcement des moyens d’actions de l’association “.
Le cadre de concertation périodique instauré par le gouverneur de la BCEAO avec la fédération constitue un véritable cadre de gestion de toutes les préoccupations de la profession bancaire : bancarisation, financement des économies, coût du crédit utilisation des moyens de paiement, gestion du foncier et questions juridiques et judiciaires. Le secrétaire général du ministère des finances, Mme Sidibé Zamilatou Cissé, après avoir salué et remercié les responsables des banques pour la réouverture progressive des agences du nord et pour leur promptitude constante à répondre à l’appel du gouvernement, a souligné que notre espace communautaire traverse des moments particuliers de son histoire, après la sortie de crise difficile en Côte d’Ivoire, les crises politiques et sécuritaires au Mali et en Guinée Bissau.
“Cette situation a rendu difficile l’activité bancaire. Celle-ci demande pour son exercice des conditions sécuritaires minimales qui ont été mises à rude épreuve. En dépit de ces contraintes réelles, le système bancaire de notre sous-région a confirmé sa double résilience. D’abord, face à une conjoncture économique instable marquée par une reprise de la croissance difficile dans l’espace communautaire. Ensuite, et ce n’est plus un fait nouveau, face à un environnement international de plus en plus incertain du fait de la persistance de la crise économique et financière sur le continent européen, principal partenaire de notre zone. La situation prudentielle du système bancaire de l’UMOA est relativement satisfaisante. Globalement, les banques sont solvables et liquides” a expliqué Mme Sidibé.
Le financement bancaire représente 21% du PIB de la zone UMOA
Cependant, en dépit des bons résultats enregistrés, elle a indiqué que les défis restent importants.
Parmi lesquels, l’on peut citer des chantiers prioritaires comme l’amplification de la bancarisation et du financement de l’économie. Car, dans l’espace sous-régional, un nombre important de citoyens ne disposent pas encore de compte bancaire. En effet, selon le dernier rapport de la Commission bancaire, le taux de bancarisation de l’UEMOA était estimé en moyenne à 7,9% en décembre 2011. Il varie de 1,7% à 13,4%. Certes les indicateurs de bancarisation ne sont pas bons dans notre zone, pour autant tout n’est pas sombre. Depuis cinq ans, il y a une réelle dynamique de massification des services bancaires qui est en cours et qui laisse présager, pour la future décennie, un infléchissement important de la tendance actuelle afin de permettre aux populations d’accéder à des services bancaires de qualité et à un coût raisonnable.
Le secrétaire général du ministère des finances d’ajouter que les établissements de crédit de par leurs vocations et missions sont fortement impliqués dans le financement de l’économie de nos pays. Selon le dernier rapport annuel de la commission bancaire, le financement bancaire représenté 21% du PIB de la zone UMOA. Cette intervention limitée des banques dans le financement des activités économiques de nos Etats constitue une préoccupation essentielle.
“ Il nous faut nous organiser autrement pour répondre aux défis importants qui se dessinent à l’horizon. Les perspectives économiques dans la zone UEMOA s’annoncent favorables. En 2013, il est attendu une reprise significative de l’activité économique, avec un taux de croissance de 6,5% et une inflation contenue de 2,5% ” a poursuivi Mme Sidibé Zamilatou Cissé. Il s’agit donc de développer et de fluidifier les échanges intra-communautaires et de réussir l’intégration économique et financière au-delà des frontières de l’UEMOA. Ainsi, a t – elle conclu, la décision des chefs d’Etat de la CEDEAO de créer à l’horizon 2020 une zone monétaire de l’Afrique de l’ouest constitue un important défi que nous devons relever ensemble.
Youssouf CAMARA
Hommage à Abdoulaye Daffé
Moussa Alassane Diallo a profité de cette cérémonie pour rendre un hommage mérité au PDG de la BDM-SA, Abdoulaye Daffé, par ailleurs ancien président de la FAPBEF-UEMOA, pour les résultats probants à travers des grandes réformes structurelles qui ont été de nature à renforcer le système bancaire de l’UEMOA.
La FAPBEF-UEMOA a bien reconnu ces mérites en décernant à M. Daffé un trophée lors de la célébration de ses 15 ans à Cotonou, le 12 novembre 2010.