Les pays de la Zone Franc ont amélioré leur croissance économique en 2014 ! C’est l’un des principaux constats auxquels sont parvenus les ministres des Finances, les gouverneurs de banques et les responsables d’institutions régionales (Uemoa-Cemac) lors de la réunion annuelle de la Zone Franc à Bamako.
Réunis, autour du ministre Mamadou Igor Diarra des Finances et de l’économie ainsi que du ministre français des Finances, Michel Sapin, les participants ont naturellement planché sur la problématique de la croissance durable.
Un thème qui, selon le communiqué final de la rencontre, a été examiné sous l’angle «des enjeux environnementaux et de la viabilité du financement du développement».
Une table-ronde a planché sur le sujet dans la perspective de la «Conférence des parties» (Cop 21) prévue à Paris (France) du 30 novembre au 15 décembre 2015.
Les participants ont mis l’accent sur la nécessité pour l’Afrique subsaharienne de se présenter à ce rendez-vous avec «une ambition forte et partagée» en termes d’engagement contre les changements climatiques et d’obtention de financements pour l’atténuation et l’adaptation aux effets de ces perturbations environnementales.
La question de l’endettement des pays de la zone a été aussi abordée à travers des critères de convergence et la reforme des dispositifs de surveillance multilatérale.
L’insécurité, notamment dans la bande sahélo-saharienne, fait que des régions entières sont de nos jours désertées par les investisseurs. Une situation qui, selon de nombreux experts, fait que des usines de production tournent au ralenti si elles ne sont pas fermées entrainant un manque à gagner certain pour plusieurs pays.
Mais, dans le communiqué final, les ministres, gouverneurs et présidents d’institutions régionales rappellent que leur présence au Mali, «en dépit des événements dramatiques qui y sont survenus…», témoigne de «leur volonté de ne pas fléchir face au terrorisme».
Des indicateurs à l’Orange
La lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme sont, entre autres, les autres grands thèmes abordés au cours de la rencontre de Bamako où il a aussi été question «de solidarité, d’intégration économique».
La réunion annuelle des décideurs de la Zone Franc a logiquement examiné les indicateurs économiques dans les pays et région concernés.
«Nous nous sommes félicités de l’orientation favorable de l’activité économique au cours de 2014 dans la plupart de nos Etats», a confié à la presse le ministre Mamadou Igor Diarra de l’Economie et des Finances.
Ainsi, par rapport à 2013, les participants ont noté une relative accélération de l’activité économique au sein de l’Union économique et monétaire de l’Afrique de l’Ouest (Uemoa), de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac) ainsi qu’aux Comores. La tendance est donc à la reprise.
Dans la zone Uemoa, la croissance a été consolidée avec un taux de 6,8 % contre 5,8 % en 2013. Il est attendu cette année une croissance de 7,2 %. La Cemac affiche un taux de 4,7 % contre 1,4 % en 2013.
C’est aux Comores que la croissance connaît un ralentissement avec 3,2 % contre 3,5 % en 2013. Une situation que les experts de la zone expliquent par «l’accentuation de la crise énergétique, l’accumulation d’arriérés intérieurs et la faible exécution du programme d’investissements publics».
Selon les résolutions de la rencontre des ministres des finances de la Zone Franc, cette reprise, même timide, est le fruit de «la convergence des politiques macroéconomiques» en 2014.
Ainsi, l’année dernière, ils étaient 7 pays (sur 15) de la Zone Franc à respecter les critères de premier rang déterminés selon les règles en vigueur dans leurs régions respectives.
Au niveau de l’Uemoa par exemple, le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire et le Mali respectent les trois nouveaux critères de premier rang et les autres Etats (Niger, Sénégal, Togo et Guinée Bissau) n’en respectent que deux.
Mais, à titre de comparaison, les experts soulignent qu’en 2014 seuls le Mali et le Bénin respectaient aussi les quatre anciens critères comme en 2013. Dans la zone Cemac, le Cameroun, le Congo-Brazzaville et le Tchad ont respecté les quatre critères en 2014.
A noter que, conformément à l’Acte additionnel portant Pacte ce convergence, de stabilité, de croissance et de solidarité entre les Etats membres de l’Uemoa (adopté le 19 janvier 2015 par la conférence des Chefs d’Etat et de gouvernement), les critères permettant d’apprécier le processus de convergence régionale ont évolué.
Ainsi, le solde global (compris les dons) supérieur ou égal à -3 % du Pib ; le taux d’inflation inférieur ou égal à 3% ; et encours de la dette publique inférieure à 70 % du Pib sont les trois nouveaux critères d’évaluation.
De prometteuses perspectives économiques
Au sein de l’Uemoa, le déficit global (y compris les dons) s’est établi à 2,9 % du PIB tandis que le solde budgétaire de base connait un déficit de 0,6 % contre 0,9 % en 2013. Dans la Cemac, le déficit global de 2014 est de 3 % du Pib contre 1,6 % en 2013. Et l’excédent budgétaire de base s’est consolidé en 2014.
Les ministres, gouverneurs et présidents d’institutions de la Zone Franc ont noté avec satisfaction que «le critère d’endettement est respecté dans tous les pays de la zone».
Au sein de l’Uemoa, l’encours de la dette publique s’établissait à 38,9 % du PIB en fin 2014 contre 37,6 % fin 2013. Ces statistiques ont légèrement décru dans la zone Cemac passant de 22,1 % du Pib en fin 2013 contre 21,2 % fin 2014.
Les perspectives économiques sont prometteuses en 2015. Ainsi, il est attendu un taux de croissance tournant en moyenne autour de 7,2 %. Il sera maintenu à 4,1 % au niveau de la Cemac où la croissance sera soutenue par la «demande extérieure» et une «possible amélioration» des activités du secteur pétrolier.
Aux Comores, la croissance doit atteindre 3,1 % grâce à la mise en œuvre d’une «nouvelle stratégie de croissance accélérée et de développement durable». N’empêche que, dans les pays de l’Uemoa, l’inflation devrait repartir à la hausse cette année à la suite de la baisse des prix de 2014. Toutefois, assurent les experts de la Zone, elle devait être maîtrisée sous le plafond des 3 %
D’une manière générale, les ministres de la Zone Franc ont souligné que les prévisions économiques pour 2015 sont «favorablement orientées».
Toutefois les experts pensent que, en dépit des perspectives de croissance favorable, «une vigilance particulière doit être exercée quant à l’évolution de la solde budgétaire et de l’endettement des Etats membres affectés par la chute des cours des matières premières et la dégradation de l’environnement sécuritaire».
Selon les mêmes sources, la France, principale partenaire économique de plusieurs pays présents à la réunion de Bamako, a donné des «assurances» sur l’avenir du franc CFA
En marge de cette rencontre, la France a annulé 43 milliards de F CFA de dette monétaire à l’égard du Mali. Déclaration faite par le ministre français des Finances, Michel Sapin, pendant son séjour à Bamako pour les assises de la Zone Franc.
Moussa Bolly