Reprise de la coopération économique : Comment l’Hôtel des Finances a redressé la barre…

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Interview exclusive du ministre de l’Economie et des Finances : IL N’Y A PAS DE RUPTURE AVEC LE FMI
Le ministre de l’Economie et des Finances, Mme Bouaré Fily Sissoko

C’est donc un parcours des plus honorables qu’a réussi Mme le ministre de l’Economie et des Finances, avec le soutien de ses collaborateurs, pour avoir recréé la confiance avec les partenaires du Mali. Banque Mondiale, FMI, AFD, BAD, Union Européenne et autres viennent en effet, de reprendre l’appui financier avec le Mali.

A parcours lourd de péril, voire incertain, fin d’année heureuse et porteuse, serait-on tenté de dire pour ce qui concerne l’année 2014 pour l’Exécutif malien, via l’Hôtel des Finances, qui a dû retrousser les manches pour y parvenir. Et le moins que l’on puisse dire est que la situation a été particulièrement difficile pour le Mali tant sur le plan sécuritaire, avec la multiplication des attaques terroristes dans les localités du nord du pays, que pour les relations avec les bailleurs de fonds bi et multilatéraux.

Mais les étrennes financières de cette Saint Sylvestre valent tous les satisfecits et font que les perspectives économiques pour 2015 reposent sur un solide et confortable matelas de confiance et de financements acquis. Du coup, la croissance économique, un temps mis sous le boisseau, entre  le coup d’Etat de mars 2012 et l’occupation djihadiste d’une bonne partie du territoire national, comme du reste la transition et ses incertitudes politiques, reprend des couleurs sous un ciel plus clément, avec le retour notable de la confiance.

Ce ne fut pas de tout repos : la locataire de l’hôtel de finances dont on a pu mesurer, pendant cette crise, la dextérité et le style de gestion et son équipe ont dû batailler fort sur les critères de performances économiques pour remettre le fil des discussions avec le FMI. D’abord, il lui a fallu remettre sur la table des discussions avec le FMI les deux opérations liées à l’achat de l’avion présidentiel et du contrat militaire, par lesquelles l’incompréhension avec le FMI est née. Puis ensuite, il a fallu une dose de transparence affichée pour la publication de ces rapports d’audit sur le site de la Primature et l’effort de communication qui s’en est suivi.

Porté par cet exercice inédit de transparence, l’hôtel de finances a non seulement décelé des chainons manquants dans la procédure règlementaire, en matière de passation de marchés publics, mais aussi de prendre des mesures vigoureuses pour les corriger. Et cela, dans la perspective des textes de l’UEMOA.

Dès lors, à l’Hôtel des Finances, autour de ces deux opérations litigieuses, et bien sur d’autres plus importantes, le message fort aux partenaires était ceci: «n’ayez aucun souci; l’argent, le franc que vous mettez dans le Mali sera justifié au centime près. Le gouvernement s’y engage». Il ne pouvait d’ailleurs en être autrement, car Mme Bouaré Fily Sissoko, ministre de l’Economie et des finances, a dit au cours de l’une de ses interviews sur RFI : «ce sont ceux-là les instructions que nous avons reçues du Président de la république».

On le voit, le pays s’est progressivement remis de la crise socioéconomique de 2012 qui a sapé ses fondamentaux économiques grâce à la bonne résilience des acteurs économiques et au retour des Partenaires, suite au succès des réformes économiques et financières. Celles-ci ont été nombreuses et efficaces : gestion transparence et active des finances publiques, budgétisation plus axée sur les résultats, fiscalité plus moderne et plus efficace…

Ainsi, en 2014, l’économie malienne renoue avec sa trajectoire de croissance avec un produit intérieur brut (PIB) réel qui progresse de 5,8% après une croissance nulle en 2012 et une croissance de 1,7% en 2013. De même, l’inflation est restée faible se situant à 1,0% en 2014 après un niveau de -0,6% en 2013. Les projections pour 2015 misent sur une croissance réelle qui devrait se maintenir aux alentours de 5,5%, et sur une inflation qui devrait rester nettement inférieure à l’objectif de 3,0% de l’UEMOA.

Le défi était de renouer la coopération et l’aide interrompues du fait de sérieux doutes émis sur la transparence de la gestion des ressources financières. Pari tenu, à en croire les quelques centaines de milliards FCFA engrangées à l’issue des sessions que Mme Bouaré Fily Sissoko n’a cessé de multiplier tous azimuts avec les PTF, désormais plus actifs à verser leurs oboles dans l’escarcelle du Mali au titre de la coopération.

Depuis la reprise effective de la coopération économique, il ne passe plus de semaine sans qu’un PTF ne se manifeste en faveur du Mali. La confiance est de retour, car tout se passe dorénavant dans le cadre de la transparence et, dans une rigueur à toute épreuve.

En termes de versement effectif de fonds alloués au titre des appuis budgétaires, c’est l’Union européenne qui ouvre le bal avec près de 62 milliards de francs CFA alloués au Mali. Le ton est également donné par la Banque Mondiale qui a annoncé déjà le 18 novembre dernier, à travers le Conseil des administrateurs du Groupe son approbation d’un «financement à l’appui des politiques de développement en faveur de la République du Mali» d’un plus de 31,3 milliards de FCFA, sous forme d’appui budgétaire général, composé pour partie de crédit et d’un don équivalant à 27 millions US$.

Presque dans le même temps, le 1er décembre dernier, le FMI annonçait les couleurs avec l’octroi d’une «enveloppe globale d’environ 43,9 millions US$». Mais déjà, il faut souligner que la France, traditionnel et surtout premier partenaire du Mali, avait pris les devants, le 17 novembre précédent, avec la signature de quatre conventions totalisant un montant estimé à 72,3 milliards Fcfa.

Il s’agit tout d’abord d’un appui budgétaire global de 4 millions d’euros, soit environ 2,6 milliards de F CFA, qui permettra le financement partiel du Programme économique et financier pour les années 2014 et 2015. Il vise aussi à apurer les arriérés de l’Etat vis-à-vis des fournisseurs.

Une subvention de 1,5 million d’euros, soit 983,9 millions de F CFA pour appuyer le secteur de la micro finance (assistance technique, audits et études juridiques complémentaires, formation). Il s’agit d’insuffler une nouvelle dynamique au secteur de la micro finance à travers la mise en place d’institutions de qualité fournissant des services financiers sécurisés.

La notification d’octroi de prêt de soutien budgétaire pour les années 2014 et 2015 pour une enveloppe de 40 millions d’euros, soit 26,2 milliards de F CFA. Il permet de mettre en œuvre les différentes politiques et stratégies de réduction de la pauvreté, de stabilisation macroéconomique et d’amélioration de la gestion des finances publiques.

Une convention d’affectation du reliquat de la dette monétaire sur la période 2014-2019, pour 64,8 millions d’euros, soit environ 42,5 milliards de F CFA. Elle s’inscrit dans le cadre de l’annulation de la dette. Cette tranche sera affectée au financement des politiques publiques en faveur de la croissance et de la réduction de la pauvreté s’inscrivant en droite ligne du processus de sortie de crise».

Pour sa part, la BAD a remis sur le métier quelques 12 milliards Fcfa «dans le cadre d’un appui budgétaire général ».D’autres partenaires de taille, comme la Grèce avec 32 millions, nous a-t-on confirmé, sont déjà intervenus, en termes d’appuis budgétaires en faveur du Mali. Pour le cas de la Banque mondiale et la Banque Africaine de Développement, qui ont également annoncé leurs concours financiers, c’est l’approbation de l’Assemblée nationale qui est attendue afin qu’elles livrent leurs appuis budgétaires. Ce qui ne saurait d’ailleurs tarder, le parlement devant se prononcer sur la session extraordinaire en cours.

Autant de financements qui signent un retour éclatant de la confiance retrouvée entre le pays et ses amis, un temps en bisbilles du fait de certaines incompréhensions liées à la moralité des dépenses publiques, mais qui se retrouvent, au finish, pour annoncer des appuis budgétaires dont le montant, total estimé à 130 milliards, va bien loin au-delà des 120 milliards, initialement attendus. Et il y avait de quoi, à la lumière des efforts de performance déployés et de la marque de transparence affichée par le gouvernement.

Toujours est-il que la note positive de ces différentes reprises de la coopération, entre le Mali et ses partenaires, vient incontestablement de l’unanimité faite par ces derniers autour des maître mots que sont la transparence dans la moralité des dépenses, la saine gestion des ressources publiques, l’orientation des investissements publics vers les secteurs prioritaires, l’apurement de la dette intérieure envers les fournisseurs, des réformes budgétaires ambitieuses autant de mesures incontournables pour relancer l’économie à travers la consommation, etc.

Ainsi, tous les partenaires, à l’instar des institutions de Bretton Woods, ont conclu à l’atteinte par le Mali, des objectifs assignés que sont «le renforcement des Institutions, la promotion de la bonne gouvernance dans la gestion des ressources publiques, la transparence ainsi que l’amélioration de l’efficience des dépenses publiques».

Et de fait, le Mali, comme l’a démontré le chef du département de l’Economie et des Finances, n’a pas failli à faire valoir, tout au long du processus des négociations avec ses partenaires financiers qu’elle avait entamé, la ferme volonté de l’exécutif à renforcer la responsabilité des pouvoirs publics dans la transparence et l’amélioration de l’efficacité des dépenses publiques. Ce que les bailleurs ont tenu à souligner, en mettant l’accent, dans leur démarche de reprise de la coopération, plus particulièrement sur la réussite des mesures de réforme, dont celle de la gouvernance.

Un cachet particulier, comme le souligne le FMI qui se félicite du fait que «la loi de finances 2015 remet les finances publiques sur une trajectoire soutenable. Elle met l’accent à juste titre sur la mobilisation des recettes, les dépenses prioritaires en faveur de la croissance et du développement humain, et le recours limité au financement intérieur, laissant de la place au financement bancaire du secteur privé». Tout un programme à l’hôtel de finances…

En somme, à l’orée de la nouvelle année 2015, le gouvernement semble parti d’un bon pied pour remettre sur les rails les objectifs de Relance Durable du Mali et du Plan d’Actions du Gouvernement 2013-2017.

Soungalo Bagayogo

 

 

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