La BCEAO a rencontré, le mardi 21 juin 2016 au siège de la Banque centrale, l’ensemble des dirigeants des banques pour échanger sur les sujets qui leur tiennent à cœur. Cette rencontre se tient une fois par trimestre.
La séance a été présidée par le directeur national de la BCEAO, M. Konzo Traoré. Plusieurs questions importantes étaient à l’ordre du jour de la rencontre. Il s’agissait entre autres : du Bureau d’information sur le crédit, du rapatriement des devises d’exportation, de la centrale des risques, de la microfinance, de l’utilisation des terminaux électroniques, de la mise en œuvre du dispositif de soutien au financement des PME/PMI, des coûts des formalisations des crédits accordés par les banques et de la connexion des banques à la fibre optique.
Au terme de la réunion, M. Konzo Traoré a animé un point de presse, conjointement, avec le président de l’Association des professionnels des banques et établissements financiers (APBEF), Moussa Alassane Diallo, aussi PDG de la BNDA. « Les échanges ont été fructueux et des recommandations assez pertinentes sont issues de la rencontre », a déclaré le directeur national de la BCEAO qui a ensuite souligné que la revue a particulièrement examiné le thème relatif au Bureau d’information sur le crédit (BIC), un chantier très important pour le développement du crédit.
Ce bureau vise à accroître l’offre de crédit dans les conditions sécurisées avec des avantages non seulement pour la clientèle et les banques, mais aussi pour l’économie d’une manière générale. « En plus, il permet à la clientèle d’asseoir une réputation : une fois que le client a donné son consentement au BIC, on indique son comportement par rapport à sa relation avec sa banque : rembourse-t-il normalement le crédit qu’il a contracté ? », a-t-il ajouté. « Les activités du BIC seront à l’avenir étendues aux grands facturiers comme les sociétés de télécom, d’énergie et d’eau », a-t-il poursuivi. « Si vous avez oublié de payer une facture d’électricité, cela peut impacter négativement votre rapport de solvabilité. Donc au niveau de votre banque, vous aurez une cotation qui n’est pas très favorable », a-t-il précisé.
Concernant le rapatriement des devises d’exportation, il a attiré l’attention sur le fait que le régime de change exige que les opérateurs économiques, qui exportent et vendent à l’étranger, cèdent les devises à la Banque centrale. Cette dernière met la contrepartie en CFA à leur disposition dans leurs banques ici au Mali. « Donc, si l’essentiel des exportateurs sont les compagnies minières, l’or constitue aujourd’hui 70% des exportations de notre pays, il est important qu’après la vente, celles-ci cèdent les devises à la Banque centrale. Mais les choses n’ont pas un niveau satisfaisant aujourd’hui », a t-il déploré.
S’agissant de la centrale des risques qui est actuellement la référence pour les banques pour pouvoir apprécier le niveau d’endettement des clients avant que le BIC ne soit totalement opérationnel, elle était aussi au centre des débats. Expliquant l’importance de la centrale des risques, le directeur de la BCEAO soulignera, à titre d’exemple : « quand un client est devant vous, vous savez ce que vous lui avez prêté mais vous ne savez pas ce que les autres banques lui ont prêté. C’est important de connaître son niveau général d’endettement. La centrale des risques est une structure qui est alimentée par les informations de l’ensemble des banques. Elle connaît quelques difficultés parce qu’il y a des omissions de quelques déclarations. Ce qui est grave parce que cela signifie qu’on risque de prêter à des personnes qui sont déjà endettées ».
Pour ce qui est de la microfinance, le directeur national a estimé que le secteur mérite d’être encouragé. Il s’agit de trouver rapidement les solutions à ses problèmes.
Concernant l’utilisation des terminaux électroniques (TPE), M. Traoré a déploré le fait qu’aujourd’hui, tous les paiements se font pratiquement en cash. « De plus en plus, on doit aller vers les moyens modernes. Certains pays sont en train de faire une véritable révolution dans le domaine, comme au Danemark, où il paraît que dans deux ans, il n’y aura plus de paiement liquide. Si les gens payaient par TPE, est ce qu’il y aurait aujourd’hui le problème de pénurie de pièces de monnaie que nous connaissons aujourd’hui dans notre pays ? Je crois que non. C’est un problème qui a été soulevé au cours des derniers mois et nous allons prendre les dispositions pour trouver la solution très prochainement », a indiqué M. Traoré.
Le président de l’APBEF, Moussa Alassane Diallo, PDG de la BNDA a souligné deux points essentiels pour les banques : la mise en œuvre du dispositif de soutien au financement des PME/PMI au Mali qui représentent 80% des entreprises dont l’écrasante majorité est dans le secteur informel et les questions liées aux coûts des formalisations des crédits accordés par les banques.
Mamadou DOLO