La Banque mondiale a mis en œuvre depuis 2016 un système de suivi permanent permettant d’évaluer le relèvement socio-économique et le retour de la sécurité au Nord du Mali. C’est ainsi que de concert avec ses partenaires, elle a conduit une mission d’identification et d’évaluation conjointe des besoins au Nord du Mali. Ces enquêtes ont porté sur 672 ménages repartis en 56 villages dans les 3 régions du Nord.
Le chargé des opérations principales de la Banque mondiale au Mali, Boubacar Sidiki Walbani, était face aux journalistes au cours d’un déjeuner de presse le mardi 14 février 2017, pour partager les résultats de la mission.
Au lendemain de la signature de l’accord pour la paix et la réconciliation nationale, intervenue en mai-juin 2015 entre le gouvernement du Mali et les groupes signataires, la Banque mondiale, de concert avec la Banque islamique de développement, la Banque africaine de développement et les autres agences du système des Nations-Unies présentes au Mali, a conduit une mission d’identification et d’évaluation conjointe des besoins au Nord du Mali. Elle avait pour objectif principal de procéder à l’identification des besoins en matière de relèvement rapide, de réduction de la pauvreté et de développement dans le Nord du Mali.
Le rapport de cette mission liste les besoins immédiats à court, moyen et long termes à satisfaire pour le développement, le relèvement économique et le retour de la sécurité au Nord du Mali. Pour assurer le suivi du relèvement socio-économique et le retour de la sécurité dans les régions du Nord, l’équipe chargée de conduire la mission d’identification et d’évaluation a élaboré une liste d’indicateurs qui devaient permettre de renseigner le gouvernement du Mali et les partenaires techniques et financiers au sujet des changements dans les conditions de vie au Nord.
Ces indicateurs permettent de mesurer les résultats à 5 niveaux. Il s’agit de la restauration de la sécurité au Nord ; de l’amélioration des capacités du gouvernement à remplir ses fonctions de base et fournir les services ; du renforcement de la paix à travers la réconciliation et la coopération pratique entre les autorités locales et la communauté ; du relèvement économique et le bien-être durable pour tous et de l’intégration des régions du Nord dans l’économie malienne.
Pour renseigner ces indicateurs, la Banque mondiale utilise un système de suivi permanent mis en place depuis janvier 2016 permettant d’évaluer le relèvement socio-économique et le retour de la sécurité au Nord du Mali. Ces indicateurs sont analysés dans les rapports trimestriels que la Banque mondiale publie à travers le système de suivi permanant.
À la fin de l’année 2016, selon le rapport, il n’est pas possible d’affirmer que le résultat de la restauration de la sécurité au Nord est atteint. À ce niveau, tous les villages ne bénéficient pas de la présence permanente de la police, de la gendarmerie ou de l’armée. De plus, plusieurs personnes se sentent toujours en insécurité. Dans ces conditions, la situation sécuritaire est volatile et évolue au gré des actes de terroristes et de bandits.
Pour l’amélioration des capacités du gouvernement à remplir ses fonctions de base et fournir les services, la satisfaction est mitigée. En effet, plusieurs services publics n’ont pas rouvert depuis le conflit, mais d’autres comme les centres de santé et les écoles fonctionnent normalement. L’offre de l’eau à travers les puits à grand diamètre est toujours insuffisante. Cependant, le taux de présence du personnel enseignant et soignant atteint 90% et celui de fréquentation scolaire des enfants de 5 à 12 ans est comparable à ceux d’autres régions et au niveau d’avant conflit.
Le renforcement de la paix à travers la réconciliation et la coopération pratique entre les autorités locales et la communauté, qui constitue le 3ème résultat, a beaucoup fluctué pour certains indicateurs depuis 2016. La confiance au gouvernement et la mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation est en baisse à la fin de l’année 2016, après un pic au premier trimestre. La confiance à l’armée, à la police et à la gendarmerie croît et décroît d’un mois à l’autre.
Concernant le relèvement économique et le bien-être durable pour tous, il est relativement satisfaisant pour certains indicateurs comme le nombre de repas par jour qui se situe à trois. Mais plusieurs ménages vivent dans une situation d’insécurité alimentaire. L’intégration des régions du Nord dans l’économie malienne, comme 5ème résultat, est statique. Le degré de connexion des villages à un réseau électrique, téléphonique, internet, à une antenne radio ou TV, n’a pas significativement changé au cours de l’année 2016.
Ces indicateurs donnent une vue d’ensemble de l’évolution de la situation au Nord depuis janvier 2016. Beaucoup d’efforts restent à faire pour assurer le relèvement socio-économique et la sécurité au Nord et l’amélioration de ces indicateurs.
Diango COULIBALY
