Retour des banques dans les régions nord du pays, soutien aux entreprises, offre de nouveaux produits et services, renforcement de la capacité de financement des banques et la création d’une banque d’investissement. Voilà d’un trait les cinq mesures primordiales dans la visée de l’Association Professionnelle des Banques et Etablissements Financiers du Mali (APBEF). Dont le président, Moussa Alhassane Diallo a dévoilé au cours d’une conférence débats, tenue dans le cadre des activités de la 4ème journée des banques et établissements financiers du Mali, le samedi 17 mai dernier au CICB.
Mieux que des principes de façade, les banquiers ont de réelles ambitions de remettre le pays sur ses deux jambes. Un pays dont le tissu économique fut sérieusement laminé par la crise multidimensionnelle qu’il a traversé en 2012.
Cette crise, faut-il le rappeler, a eu des effets néfastes sur tous les secteurs de la vie économique. Dans la foulée, aussi bien que les finances publiques, les secteurs de l’industriel, du commerce, des travaux publics, du tourisme que bancaire ont été sérieusement affectés. Une fois, la stabilité retrouvée, qu’est ce qu’il faut pour relancer l’économie nationale ?
Pour Moussa Alhassane Diallo, président de l’APBEF, la relance de l’économie malienne pour un développement équilibré et durable, requiert la création de conditions qui favorisent l’investissement et la création d’emplois. Au titre de ces conditions, le président des banquiers du Mali a évoqué en premier lieu, l’instauration de la paix, de la sécurité et l’intervention des services de l’Etat sur l’ensemble du territoire. Sanctionnée par des mesures administratives, législatives, institutionnelles et politiques. Et ce, par des institutions fortes et crédibles pour faciliter l’exécution de mesures économiques et financières. Des mesures assurant la relance économique par : l’appui budgétaire, les grands travaux publics et l’appui aux entreprises.
La partition des banques dans la relance économique du Mali
Malgré les dégâts subis par elles lors de la double crise politico-sécuritaire, les banques maliennes ont déjà posé les jalons d’une relance économique de notre pays. Cette relance économique, aux dires de Moussa Alhassane Diallo passe par cinq chantiers vitaux. A savoir : le retour des banques dans les régions nord du pays, le soutien aux entreprises, l’ offre de nouveaux produits et services, le renforcement de la capacité de financement des banques et la création d’une banque d’investissement.
Par rapport au retour des banques dans les régions nord du Mali. Le président de l’APBEF s’est réjoui du chemin parcouru. « Depuis aout 2013, les banques ont amorcé leur retour à Gao Tombouctou et Kidal » a-t-il laissé entendre. Si l’on sait que durant ces dix dernières années, le réseau bancaire national s’est densifié dans ces trois régions qui accueillaient sept banques sur les treize du pays. D’où l’occasion pour M. Diallo de rappeler que le retour des banques dans le septentrion favorise, en plus de financement des projets et programmes, la promotion et le développement de nombreux secteurs de développement. « Il demeure donc évident que sans développement, il n’y a pas de sécurité et vice versa », a-t-il indiqué.
S’agissant du soutien des banques aux entreprises, le schéma de relance économique concocté par l’APBEF repose entre autres, sur le renforcement des activités des entreprises en difficulté, le redémarrage de celles en cessation d’activités et la consolidation de la situation financière des entreprises en activité. Pour ce faire, l’APBEF n’entend pas lésiné sur les moyens, aussi financiers qu’humains de qualité. C’est pourquoi, comme expliqué par leur président, les banquiers veulent accompagner le financement bancaire par des actions de renforcement de capacité et des acteurs des banques que ceux du secteur privé de la zone d’intervention.
En outre, les banques pour bien faire face au défi veulent s’octroyer de nouveaux produits et services bancaires adaptés à l’exigence de l’heure. S’y ajoutent l’appui de l’Etat aux banques et la création d’une banque d’investissement. « Il est vrai que le paysage bancaire malien est riche de treize banques et de deux établissements financiers, mais aucune d’entre elles n’est spécialisée dans ce domaine », a déclaré le président de l’APBEF , tout en sollicitant la création d’une grande banque publique d’investissements.
Les palliatifs pour une vraie relance économique par les banques
Moussa Alhassane Diallo, dans son exposé n’a pas seulement égrené le chapelet des actions à entreprendre par les banques, il a aussi touché du doigt aux conditions idoines à réunir pour la réussite des mesures envisagées.
Selon lui, la réussite et la viabilité de toute politique de relance et de financement d’une économie post-crise demeurent subordonnées aux facteurs endogènes de quatre ordres.
Premièrement, l’existence d’un cadre macro économique, stable et favorable à la promotion des entreprises. C’est-à-dire sécurisé.
Deuxièmement, de la présence d’un dispositif réglementaire et judiciaire fiable.
Troisièmement, la mise en œuvre aussi bien sur le plan national que sous régional de marchés ouverts à la domiciliation des recettes.
Et enfin l’existence des bases de la bonne gouvernance pour maintenir les entreprises.
« Lorsque ces conditions sont réunies, le financement bancaire peut être un puissant levier pour assurer la relance économique » rassure le président de l’association professionnelle des banques et établissements financiers du Mali.
Moustapha Diawara