L’opération de saisie et de mise sous contrôle judicaire des biens des créanciers, déclanchée par l’institution bancaire contre des particuliers et sociétés de la place, suscite de véritables débats et commentaires tant dans les milieux financiers, judicaires que politiques. A présent, plusieurs paramètres permettent de s’interroger sur l’aboutissement de l’application d’une décision aussi complexe. L’Etat aura-t-il les mains libres ? Peut-il aller jusqu’au bout de sa démarche ? Y aura-t-il deux poids deux mesures dans l’application de la présente décision ? Explications.
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En décidant de relever en 2005 l’ancien directeur général de la Banque de l’habitat du Mali, BHM, M. Mamadou Baba Diawara, les plus hautes autorités, qui avaient estimé des zones d’ombre dans la gestion de l’institution bancaire, entendaient mettre de l’ordre et tirer les enseignements de la menace de faille qui pesait sur la structure. Epinglée dans le rapport de la même année du Vérificateur général, la gestion de la banque faisait état d’un manque à gagner de plusieurs centaines de millions de francs CFA. Comment ces milliards ont pu partir en fumée ? Où se situe la responsabilité ? Difficile pour l’instant d’en dire plus, même si les résultats des premières enquêtes ont conduit à l’interpellation et à la mise sous mandat de dépôt du sieur Diawara quant à sa responsabilité dans la mauvaise gestion des fonds. La réponse à ces équations fait l’objet de tous les commentaires chez les actionnaires et autres responsables bancaires. Si d’aucuns l’imputent à une mauvaise gestion des ressources, tout porte à croire, en outre, que le gouffre financier dans lequel la banque est plongée en ce moment tient lieu, d’autre part, du non paiement des créances dues par plusieurs clients.
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C’est par le souci justement de procéder à une restructuration du service et de relancer les actions de l’institution bancaire, que l’Etat vient d’ordonner une vaste opération de recouvrement des sous dus à la banque. C’est ainsi que les biens de plusieurs créanciers, particuliers et sociétés de la place, ont été placés sous contrôle judicaire. Au nombre de ces créanciers frappés par la présente opération de saisie, début d’une série, figurent entre autres, l’ancienne star du football malien, Fernand Coulibaly, dont la villa sise à la Cité du Niger vient d’être saisie et mise en vente aux enchères. De même, l’Hôtel Rabelais et plusieurs parcelles qu’il abrite, les biens de sociétés immobilières ont été mis sous contrôle judicaire pour non paiement des créances dues à la banque. D’autre part, toujours dans le cadre des mesures envisagées pour la relance de l’activité bancaire au niveau du service, il est prévu une série de licenciements pour une réduction considérable de l’équipe. Comme pour dire qu’une équipe restreinte et performante vaut mieux qu’un personnel élargi avec des moyens limités pour la banque.
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Et sur la question, plusieurs professionnels de la banque épousent l’initiative, car, estiment-ils, aujourd’hui, le personnel de la BHM, avoisine celui de la BDM-sa, réputée de nos jours dans la sous-région et sur le reste du continent comme une des institutions bancaires les plus puissantes.
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L’opération ainsi déclenchée par la banque sur ordre de l’Etat, principal actionnaire, est salutaire en soi. Seulement voilà. Elle fait l’objet de plusieurs analyses et commentaires tant dans les milieux bancaires que politiques. Et à présent, plusieurs paramètres permettent de s’interroger sur l’aboutissement d’une mesure aussi complexe. D’abord pour la saisie des biens, notamment des sociétés immobilières. Elles sont aujourd’hui peu nombreuses, ces sociétés dont les principaux actionnaires, sinon les promoteurs, ne soient des hauts cadres de l’Etat, ou des opérateurs économiques liés au le pouvoir.
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Face à une équation aussi difficile à équilibrer, l’Etat peut-il sévir et aller jusqu’au bout de sa démarche ? Rien n’est moins sûr. Concernant aussi la saisie de la villa du footballeur Fernand Coulibaly, le jeu semble compliqué pour l’Etat face à un joueur qui s’est beaucoup donné pour son pays, notamment à la CAN 1994 où il a permis au Mali de faire une longue marche vers le trophée. Face au devoir de reconnaissance et à la nécessité de rembourser les dettes de la banque, le dilemme est perceptible.
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D’autre part, s’agissant des licenciements annoncés, si l’annonce de la décision coupe le sommeil à beaucoup de travailleurs en ce moment, sa mise en application en fait autant chez les principaux décideurs. On le sait, ils sont nombreux, ces travailleurs de cette banque qui bénéficient de la protection soit du pouvoir actuel, ou des partis politiques, notamment de l’ancien parti au pouvoir. Comment licencier des gens qui sont forts de leurs protections auprès des barons du pouvoir ? Le tâche ne s’annonce nullement aisée.
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Ce qui fera dire d’ores et déjà à beaucoup à d’observateurs et de professionnels de la banque, que l’on s’achemine vers un scénario « deux poids deux mesures » En clair l’Etat peut-il aller jusqu’au bout de sa logique ? Attendons de voir.
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Issa Fakaba SISSOKO
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