REBONDISSEMENT DANS L’AFFAIRE BHM-RAPECO: L’ETAT VA-T-IL RECOUVRER SES SOUS ?

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L’Etat va-t-il recouvrer son argent versé sous forme d’une commission à la suite de la signature d’une convention douteuse signée, il y a quelques mois, entre la BHM et la RAPECO ? Autant dire que l’affaire relative au décaissement de fonds de plus de 20 milliards de francs CFA en faveur de la BHM-SA, à travers une filière italienne, qui avait défrayé la chronique en son temps, n’a toujours pas fini de révéler ses secrets. De nouveaux rebondissements en perspectives…
 
On est au mois de mai dernier quand la BHM, un établissement bancaire qui bat de l’aile à cause d’une trésorerie difficile, est subitement sur orbite pour avoir déboursé, dans une opération presque clandestine, un équivalent de près de 210 millions de francs CFA. C’était au titre d’une commission entièrement livrée au compte d’un partenaire italien. La commission elle-même a été effectuée à la suite de la signature d’une convention financière signée entre l’institution bancaire du Mali, représentée par son désormais ex- PDG, Mamadou Baba SYLLA, et la RAPECO de Modibo Kane KIDA. L’opération bancaire, ainsi conclue à Rome, sortait de l’ordinaire étant donné la personnalité de certains des protagonistes, à l’image du patron de la RAPECO, lesquels sont mêlés à de nombreuses affaires scabreuses tant au Mali qu’au-delà. Le patron de RAPECO n’est donc pas un cas isolé dans ce dossier à scandale.
Zones d’ombre
On le sait, depuis le début de l’affaire, que l’ancien patron PDG de la BHM, relevé de ses fonctions depuis, a été entraîné dans l’opération par son occulte conseiller financier, un certain B. DICKO, lequel, selon des sources crédibles, serait également l’un des hommes-clés du patron de la RAPECO. Le montage du dossier, à en croire les informations, a été réalisé presque en catimini en l’absence de toute concertation avec les autorités de tutelle et en violation de la procédure bancaire applicable en la matière surtout lorsqu’il s’agit d’un endettement en devises étrangères. D’ailleurs, dit-on dans le milieu, il est formellement interdit à un responsable de banque de prendre des engagements d’un tel montant sans une information du dossier au niveau du conseil d’administration. Et cela, en raison des conditions entourant l’endettement en devises étrangères qui sont, comme dans le cas d’espèce, très contraignantes.
Aussi, de gros soupçons ont-ils pesé sur le dossier dès la signature de la convention bancaire. En fait, plusieurs jours après l’encaissement de ladite commission payée au cash, les responsables de la BHM, qui ont signé les documents, n’avaient toujours rien vu venir concernant le montant de 50 millions de dollars devant être mobilisés pour les besoins de la cause au profit de la BHM. Au même moment, les prétendus partenaires de la filière italienne ont disparu dans la nature sans laisser de trace quelconque de financement. C’est dans le même contexte trouble que le conseil d’administration de la BHM, qui n’avait été associé à l’opération, apparaît soudainement pour faire le pompier en autorisant l’ancien patron de la BHM à poursuivre une opération financière dont tout le monde savait qu’elle était sans issue.
Rebondissement
L’alerte a été grande autour de ce dossier dont le montage rappelle étrangement le mode opératoire des réseaux de la mafia de la finance internationale. Le fait que le patron de la RAPECO, Modibo Kane KIDA, ait eu des dissensions insurmontables avec son protégé et complice dans ce traquenard financier, le nommé B. DICKO, quelques semaines seulement après la signature de la convention financière, a révélé les dessous scabreux de ce dossier qui est encore loin de son épilogue. Les mauvaises langues rapportent même que les deux comparses ne sont pas parvenus à accorder les violons sur le partage du butin.
Toujours est-il que de faits nouveaux ont apparu au cœur de ce dossier et qui démontrent, si besoin en était encore, que cette opération financière était en réalité, depuis le début, une véritable supercherie pour la finition de laquelle les protagonistes, côté filière italienne, ont déployé le mode opératoire des véritables réseaux de la mafia. C’est ce qui s’est d’ailleurs révélé, plus récemment, avec la découverte dans ce dossier de mobilisation de fonds de nouveaux faits troublants. Les enquêteurs, qui poursuivent discrètement leurs investigations dans le milieu, sont parvenus à identifier le mouvement des fonds versés. Ainsi, de bonnes sources proches du dossier, on apprend que le virement des fonds, contrairement à ce qui avait été annoncé, a été bel et bien effectué à Rome dans un compte appartenant nominativement à RAPECO. Autant dire que le montant de la commission, payée au cash par la BHM pour prétendre au décaissement des 50 millions de dollars, n’a jamais été, comme cela est de coutume, versé dans un compte séquestre. Ce nouveau rebondissement dans l’affaire BHM-RAPECO est tout aussi troublant que révélateur de l’ampleur des complexités et de la nature scandaleuse de l’opération financière elle-même, conclue dans une véritable opacité.
A l’examen de ces nouveaux éléments, les experts de la finance internationale ont conclu que le mode de virement bancaire utilisé par les protagonistes de l’affaire permettait alors au patron de la RAPECO, Modibo Kane KIDA, de disposer des fonds dès le lendemain de cette opération bancaire. En pareille circonstance, avertissent les mêmes sources, il est de la possibilité des autorités nationales de mettre directement sous pression celui qui a enlevé les fonds, à savoir le patron de la RAPECO, pour qu’il rembourse intégralement l’indu qu’il a perçu à la suite de ce traquenard financier et bancaire. En le faisant, les autorités nationales, en plus de recouvrer la somme versée ou du moins ce qu’il en reste, pourront également établir la lumière sur ce scandale financier en faisant la lumière sur la responsabilité des uns et des autres dans la commission des faits. Qui a effectué viré les fonds dans un compte appartenant à RAPECO ? Quel rôle a-t-il joué le conseiller occulte du désormais ex-patron de la BHM dans cette douteuse opération financière ? Y avait-il connivence entre les principaux protagonistes de cette affaire ? Comment la BHM peut-elle rentrer dans ses droits ? Autant de questions dont la réponse pourra faire jaillir la lumière sur ce traquenard financier, digne du mode opératoire de la mafia.

Par Sékouba SAMAKE   

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