Aujourd’hui au Mali, tout le monde se plaint qu’il n’y a pas d’argent. Pour les uns, le phénomène est mondial, pour d’autres les responsables de cette situation ne sont d’autres que le pouvoir politique. Pour d’autres encore, il y a de l’argent au Mali, mais seulement l’argent est utilisé à d’autres fins.
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En effet avant l’existence de la monnaie de pièce, toutes les activités économiques, commerciales s’effectuaient à travers les échanges avec les produits. Après, l’apparition et la diversification de la monnaie de pièce, puis en billet, constituait la seule garantie pour se procurer de quelque chose. Des années 1960 jusqu’aux vingt dernières décennies, la population vivait et avec 100F, 1000F on pouvait s’en sortir. On peut dire que les prix variaient d’un à l’autre, suivant les catégories de personne. Qu’est-ce qui explique cette rareté actuelle?
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Il faut reconnaître les répétitions des crises de la sécheresse, la mauvaise pluviométrie, le libéralisme anarchique, la baisse de production des produits agricoles et tout cela accentué par une mondialisation de l’économie due quelque part aux avancées des progrès techniques, scientifiques et technologiques qui ont fait que l’homme n’est plus maître de lui. Le cas du Mali est dramatique. Un pays essentiellement agro-sylvo-pastoral qui dépend, en grande partie, de l’extérieur. Cela se comprend aisément si les Maliens vivent uniquement des produits importés.
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Tout est recherché sauf l’essentiel. En un mot, au Mali, on manque de choix privilégié. Que ce soit, le fonctionnaire malien, le commerçant malien ou le citoyen lambda, chacun veut jouir et sans se préoccuper des lendemains meilleurs. A voir les grandes voitures de marque payées et importées, à voir les accoutrements, les dépenses faramineuses, sans oublier les caprices de la vie, on se rend compte qu’il y a bel et bien de l’argent au Mali. Il n’est pas interdit à qui que ce soit de payer une nouvelle voiture, de bien s’habiller, d’avoir la plus haute gamme de portable, mais seulement, vivre avec ses propres moyens est recommandé.
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Dans un pays où on doit chercher à manger une fois seulement, certains se permettent d’aller s’endetter pour se chausser à 75 000F CFA, s’habiller à 150 000 voire 200 000 F CFA. Au même moment, d’autres n’ont pas à se déguster la nuit à domicile. Ne sommes-nous pas dans un pays où la solidarité, l’entraide et l’amour du prochain doivent prévaloir ? Ne dit-on pas que le Mali est à plus de 95% de musulmans ?
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Autre difficulté, c’est celle de la pesanteur sociale qui prédomine. C’est le cas des gaspillages énormes au moment des mariages, des funérailles ou des simples cérémonies festives. Le drame, c’est surtout du côté des femmes avec leurs multiples tontines ; au moment où leurs maris se décarcassent pour chercher le gagne pain du jour.
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Chacun, au Mali, refuse de vivre modestement par rapport à ce qu’il gagne par jour, par mois et par an. Ce qui explique, sans doute, le fait que les étrangers qui arrivent au Mali sont surpris d’entendre que les Maliens sont pauvres. Ils ne peuvent pas comprendre, même si à long terme, ils finissent par comprendre la réalité. Sinon comment comprendre aussi que certaines personnes, n’ayant, ni boulot, ni rémunération salariale, se permettent de posséder des motos, des téléphones portables, sachant bien que l’entretien et la marche nécessitent des dépenses .
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C’est au Mali aussi qu’on voit qu’une seule personne peut nourrir 10 à 20 bouches sans oublier les amis, les parents restés au village et les caprices de la vie. En tout cas, depuis une décennie, vu les nouvelles maisons construites à Bamako et à l’intérieur du pays, vu tous les produits de l’étranger qui envahissent le territoire malien, on est en droit de croire que l’argent existe bel et bien au Mali. Seulement, il faut une utilisation judicieuse et surtout avoir le sens de prioriser ses propres dépenses. Cela passe d’abord par une bonne politique alimentaire et sanitaire, ensuite viendront les réjouissances.
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Or, au Mali, c’est l’inverse qui est pratiqué. Ce qui complique davantage la vie aux citoyens maliens. Comme on le voit, chacun est responsable de cette situation. Tant qu’on ne changera pas de mentalités, à l’allure où on va, l’argent risque de se faire davantage rare.
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Sadou BOCOUM
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