Rapport de la banque mondiale sur l’économie malienne : Une croissance de 5% en 2013

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 Selon le rapport de la Banque mondiale, au cours de la décennie écoulée, le Mali a connu un rythme de croissance économique appréciable. Entre 2000 et 2010, le PIB a cru au taux annuel moyen de 5,7 %.

Le taux de croissance a été volatile au début de la période mais s’est stabilisé à environ 5 % entre 2005 et 2010. Cette performance a été soutenue par des facteurs exogènes, notamment une pluviométrie et des termes de l’échange globalement favorables. Elle résultait également de facteurs endogènes, entre autres, la stabilité politique et une bonne gestion macroéconomique, qui ont permis un financement de l’investissement par des ressources extérieures.

Au cours de l’année 2012, les plus récentes estimations de l’institution financière internationale  tablent sur une contraction du PIB réel de 1.5 %, en relation avec les tensions d’ordre politique et sécuritaire.

Les secteurs les plus affectés par la crise seraient dans le domaine tertiaire, en particulier dans le tourisme et l’hôtellerie. Dans le secteur secondaire, le déclin du BTP (-20%), lié à la baisse des investissements publics et privés, serait contrebalancé par une bonne tenue de la production minière (+7.5%). Enfin, le secteur primaire (+8%) profiterait du rebond spectaculaire de la production agricole (+13%).

Ainsi, l’impact négatif de la situation d’instabilité politique sur l’activité économique en 2012 serait atténué par la bonne performance des sous-secteurs agricole et aurifère. Il convient, en outre, de relever une résilience appréciable du cadre macroéconomique.

L’exécution du budget de 2012 a été affectée par l’instabilité politique et la récession économique.

En termes de défis, le Mali doit encore réaliser des progrès substantiels concernant le niveau de collecte des recettes. Pour cela, la mise en œuvre du programme de transition fiscale est impérative. Du point de vue de la dépense, la composition de celle-ci devrait être fortement ajustée dans le moyen terme pour amplifier le niveau des investissements publics, tout en assurant la délivrance des services sociaux de base. Au sujet du financement, la forte dépendance vis-à-vis des ressources extérieures constitue une contrainte forte, qui pourrait être atténuée par l’approfondissement du marché financier domestique.

En tant que pays membre de l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA), le Mali partage les arrangements institutionnels de la Zone Franc, notamment le rattachement de la monnaie commune (CFA) à l’Euro.  Ce cadre institutionnel garantit un degré de stabilité monétaire appréciable, mais suppose aussi des contraintes sur l’autonomie de la politique monétaire, en particulier face à des chocs asymétriques.  Le coût d’ajustement induit en termes de réduction des investissements publics est illustratif de la contrainte susmentionnée.

En fin octobre 2012, la masse monétaire a progressé de 13% en glissement annuel. Cette progression reflète principalement une détérioration plus accentuée de la position créditrice du gouvernement, tandis que la croissance des crédits à l’économie  est ressortie à 8% en glissement annuel.

L’objectif de stabilité des prix, défini a moyen terme est globalement maintenu, malgré certains chocs transitoires, de nature exogène.

Le taux d’inflation moyen annuel est passé de à 1,4 % en 2010 à 3 % en 2011  et 5,3% en 2012, principalement en raison de l’impact de la sécheresse. Depuis novembre 2011, le taux d’inflation en glissement annuel s’est maintenu au-dessus de la moyenne de l’UEMOA, avec un pic de 8.2 % à fin Mai 2012. Au cours du dernier trimestre, en revanche, l’inflation a nettement ralenti, en rapport avec la bonne campagne agricole 2012-2013.

En 2012, le déficit du compte courant (dons inclus) serait sensiblement  réduit par rapport à 2011, passant de 10.4%  à 5.8% du PIB. Cette amélioration du solde courant reflète principalement une augmentation significative de la balance commerciale  (+287 milliards FCFA) imputable à la forte croissance des exportations en volume (+16% contre 6% pour le volume des importations) et à l’amélioration des termes de l’échange. Cependant, le solde global de la balance des paiements devrait connaitre une détérioration significative, en raison de la baisse des flux de capitaux nets, surtout publics. Le déficit global de la balance des paiements devrait être financé par une ponction de même ampleur  sur les réserves de change de la BCEAO. Le dispositif du pool commun de devises participe ainsi de la résilience du cadre macroéconomique face aux chocs externes.

Réformes structurelles

Depuis plusieurs années, le Mali s’est engagé dans la mise en œuvre de réformes importantes, notamment en matière de gestion des finances publiques.  Cela s’est traduit par des progrès considérables au niveau du processus budgétaire, tel que soulignés par le rapport PEFA publié en 2011. En revanche des progrès significatifs sont encore attendus concernant la mobilisation des ressources domestiques, le reporting financier et le contrôle de l’exécution du budget. A cet égard, le Plan d’action  gouvernemental pour l’amélioration et la modernisation de la gestion des finances publiques (PAGAM/GFP) a connu un niveau d’exécution relativement faible en 2011 et 2012.

S’agissant de l’environnement des affaires, le Mali recule de 5 places dans le dernier classement Doing Business (DB 2013).  Le pays s’est classé 151eme sur les 185 économies passées en revue, mais reste tout de même le champion des espaces OHADA et UEMOA.

Au sujet du développement humain, les contraintes budgétaires intervenues en 2012-2013, vont remettre en cause certains progrès, encore insuffisants réalisés au cours des dernières années.

Perspectives économiques

Les perspectives économiques à court terme dépendront fortement  des évolutions sur le terrain politique et sécuritaire. Sous l’hypothèse de la poursuite du dynamisme des secteurs agricole et aurifère,  le taux de croissance économique pourrait retrouver son niveau tendanciel de 5% en 2013. En revanche, le PIB devrait rester en dessous de son niveau potentiel, suite aux chocs subis par l’économie en 2011 et 2012.

En termes de priorités, la relance de l’économie devrait soutenir l’accès aux services  sociaux de base pour atténuer l’impact des chocs sur la pauvreté et les indicateurs sociaux. De même, la remise en état des infrastructures et services administratifs pourrait relancer le secteur de la construction et les prestations de service. Le gap créé au niveau du financement des investissements, qui affecte directement le potentiel de croissance devrait être résorbé rapidement.

Dans cette dynamique, les réformes concernant la préparation et l’exécution des projets d’investissements publics sont cruciaux.

A moyen terme, l’agenda des réformes structurelles devrait être renforcé pour consolider les fondements de la stabilité macroéconomique, mais aussi corriger les éléments de vulnérabilité liés à la faible diversification de la production. De même,  le développement du capital humain devrait être au centre de l’agenda des réformes, en vue de la génération d’emplois productifs. Enfin, le développement des infrastructures de soutien a la production, que ce soit en matière énergétique, d’aménagement agricole ou de désenclavement des zones de production, représente un chantier majeur.

 

Dieudonné Tembely

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