Pour ce mois béni de carême qui coïncide cette année avec la période de soudure et une forte tension sur l’offre et les prix de certains produits de première nécessité, l’Etat malien a pris certaines dispositions tentant à soulager la communauté musulmane. Le gouvernement vient d’annoncer la baisse des prix de certains produits. Voeu pieux comme on en a l’habitude ou réalité? Malgré cette volonté du gouvernement à veiller sur la stabilité des prix, c’est la peur au ventre chez les consommateurs en ce qui concerne une possible hausse pendant le mois de ramadan.
En effet, en plus de la réactivation du conseil national de prix dont la présidence a été confiée pour une fois à un gros importateur de la place, Bakoré Sylla, le PDG du groupe « GGB », le ministre de l’industrie, des investissements et du commerce, Ahmadou Abdoulaye Diallo, a effectué la semaine dernière une visite de terrain à l’usine Sukala et dans les magasins des différents gros importateurs des produits de première nécessité pour s’enquérir de l’Etat physique des stocks mais aussi et surtout fixer des limites acceptables pour la détermination des prix.
Sa sortie à la télévision nationale sur la problématique de l’approvisionnement du marché national aux produits de grande consommation prouve s’il en est besoin que l’Etat ne veut plus tomber dans les mêmes erreurs.
Pour assurer les consommateurs, une mission de la direction nationale du commerce et de la concurrence, composée des représentants du conseil national de la société civile, de la chambre de commerce et d’industrie du Mali et de l’union nationale des travailleurs du Mali a procédé au constat des stocks physiques commerciaux du 5 au 7 août 2010. Il ressort de cette mission que le niveau des stocks sur le territoire national ne présage aucune tension sur l’offre et il couvre largement les besoins du mois de ramadan si non plus.
Pour mieux contrôler la situation des produits de grande consommation, une analyse a été menée en juillet sur le marché national et international des produits, en termes d’offre et de demande et l’étude de la structure des prix de certains produits : le riz, le sucre, la farine, le lait en poudre, l’huile, etc.
Pour le riz et le sucre qui sont les plus consommés, la situation est très rassurante, selon le ministère de l’Industrie, des investissements et du commerce. En effet, à la date du 15 juillet 2010, sur le territoire national, il existait 73 911 tonnes de riz dont 36 435 tonnes au niveau des grossistes et 37 356 tonnes à l’Office des produits agricoles du Mali. Cette quantité qui couvre 35 jours de consommation du pays, ne prend pas en compte les stocks au niveau des pays et ceux au niveau des détaillants.
Selon les constats de la mission, les importations qui soutiennent la production nationale s’effectuent à un rythme très timide depuis un mois environ. Ils ont constaté que les prix pratiqués sur le marché varient entre 325 et 400 Fcfa/kilo pour le riz importé et 325 et 425 Fcfa/kilo pour le riz gambiaka. Le prix moyen du riz est de 343 Fcfa le kilo contre 352 F à la même période l’année dernière.
Le riz, le mil connaissent une certaine stabilité depuis trois mois dans les différents marchés de la capitale. Dans la mesure où ces deux produits de grande consommation sont vendus respectivement sur le marché entre 16 250 et 18 750 Fcfa selon la qualité. Autrement dit, le kilogramme du riz varie entre 325 et 450Fcfa. Le sac du gros mil est cédé à 11 250Fcfa et le petit mil à 10 000 Fcfa. Autrement dit, le kilogramme du mil varie entre 200 et 225Fcfa.
Les stocks du sucre, à la date du 15 juillet, ont été évalués à 28 495 tonnes sur le territoire national dont 13 735 tonnes auprès des grossistes, 12 623 tonnes au niveau de Sukala-Sa et 2 137 tonnes sous douane.
S’agissant du lait en poudre, le sac est vendu sur le marché entre 43 000 et 24 000Fcfa. Contrairement à la même période de l’année dernière où le même sac était vendu aux commerçants détaillants entre 44 000 et 24 000Fcfa.
Le prix de l’huile sur le marché varie entre 800 Fcfa à 1250Fcfa le litre.
Le département du commerce estime que cette quantité couvre les besoins de consommation nationale pour 61 jours. Le prix du sucre varie entre 550 FCFA le kilo et 600 FCFA avec les niveaux les plus élevés dans les régions de Gao et Kidal. La combinaison de certains facteurs a provoqué une augmentation de 29,02 % du prix du sucre par rapport au niveau de l’année dernière, à la même période. Il s’agit notamment du déficit de la production mondiale affectant l’offre sur le marché international, l’insuffisance de la production nationale pour couvrir les besoins de consommation locale qui sont satisfaits à 70% par les importations. Malgré l’application des prix officiels sur certains marchés de Bamako, les consommateurs n’excluent pas une possible hausse dans les jours à venir. C’est du moins la vision de Mamadou Sidibé, commerçant au marché de Niamakoro Sugu- Coura : « cette crainte est liée aux problèmes d’approvisionnement du marché et le gouvernement a du mal à respecter ses engagements en matière de prix ».
Nouhoum Dicko
& Birama Fall