Projet « Bonne gouvernance » : Le rôle et la place de l’Etat dans le développement en débat à Koutiala

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Quatre mois après la conférence débats tenue à Niono sur « l’agriculture et l’élevage dans l’autosuffisance alimentaire », le projet autour du partenariat entre la Fondation allemande Rosa Luxemburg et le réseau de communication « Kayira », vient de se transporter ce week-end dans la « Capitale de l’or blanc » autour d’une thématique non moins importante.

La salle de conférence du Conseil de cercle de Koutiala a refusé du monde ce samedi 20 août où se tenait une conférence débats aux allures de meeting politique, selon un observateur présent sur les lieux. Mais l’enjeu en valait vraiment la peine, expliquent les participants qui se disent séduits par la pertinence de la thématique : « Rôle et place de l’Etat dans le développement et la lutte politique ».

Il s’agissait donc, à travers ce thème, d’expliquer aux populations  le rôle de l’Etat dans la société, son fonctionnement et sa représentation. Pour les organisateurs de la conférence, le choix de Koutiala n’est nullement fortuit, quand on sait que cette localité est la 2ème ville industrielle du Mali après Bamako. « Depuis sa création, l’Association radio libre « Kayira »  œuvre à la mobilisation des syndicats,  paysans et ouvriers, les femmes et les jeunes contre le système capitaliste. L’extrême pauvreté dans laquelle vivent nos populations, est la conséquence des politiques néolibérales. Les conférences débats contribueront à informer et à sensibiliser les populations davantage sur les conséquences de ce choix politique » a expliqué le coordinateur des radios « Kayira » Madou Diarra. Qui était entouré, à la cérémonie d’ouverture par le représentant du préfet de la localité, le maire de la commune, les représentants  de plusieurs partis politiques et services de Koutiala.

« Il faut un nouvel Etat pour le Mali »
Comment l’Etat intervient pour assurer le développement ? Voici toute la problématique de cette conférence, animée le Pr. Balla Konaré, chargé de cours à la Faculté des sciences juridiques et politiques (FSJP) de l’Université de Bamako. 

Le conférencier définit l’État comme une forme d’institutionnalisation du pouvoir politique, autorité souveraine s’exerçant sur l’ensemble d’un peuple dans les limites d’un territoire déterminé. Le Pr. Konaré, qui s’est appesanti sur deux types d’Etat (communiste et capitaliste) a constaté une différence fondamentale dans leur fonctionnement. Le 1er, selon lui, est une doctrine, une politique visant à instaurer une société sans classes, garante d’une égalité entre les citoyens. Saluant les vertus de ce type d’Etat, le conférencier a révélé qu’il consacre la répartition équitable des ressources du pays dans un souci de justice sociale.

Le second type d’Etat (capitaliste), lui, est un système économique et social dans lequel des entrepreneurs possédant les moyens de production échangent librement lors de transactions monétaire cette production afin de dégager un profit, définit-il. Ce système, regrette le conférencier, consacre l’exclusion des couches faibles, et la supériorité des riches sur le pauvre. « Le Mali, déplore le Pr. Konaré, se caractérise ce type d’Etat, où une minorité de gens imposent leur volonté à la majorité ».

« Absence de souveraineté sur les ressources économiques »
La fonction de l’Etat, explique le conférencier, est interne et externe. Elle est interne lorsqu’il assure, entre autres, la défense au moyen de l’armée, la justice au moyen des juridictions, et l’ordre intérieur au moyen des forces armées et de sécurité. La fonction externe de l’Etat, elle est basée sur la diplomatie, la défense des intérêts du pays sur le plan international.
 Le conférencier a, dans sa communication, déploré « d’énormes insuffisances » dans le fonctionnement de notre Etat. Pour le professeur d’Universalité, l’une des caractéristiques des insuffisances de notre Etat réside dans l’absence d’autorité. « L’Etat dans sa forme actuelle au Mali ne garantit pas nos concitoyens le bien-être. Il favorise un groupe de personnes. Dans le cas du commerce, cite-t-il, l’Etat a favorisé un groupe d’opérateurs économiques qui imposent leur marché aux populations… Nous sommes malheureusement dans une démocratie du plus fort sur le plus faible » a dénoncé le conférencier. Qui regrette par ailleurs que la faiblesse de notre Etat ait conduit à l’envahissement de la région de Mopti par des troupes armées françaises et américaines au nom de la lutte contre la terrorisme au sahel ».

Par ailleurs, le conférencier a aussi dénoncé ce qu’il qualifie de mauvaise négociation des contrats d’exploitation minière. « L’or malien ne profite pas au peuple, mais plutôt aux multinationales » assène le Pr. Konaré. Qui constate « une absence notoire de souveraineté nationale sur les ressources économiques du pays ». Cela, rappelle-t-il, s’est traduit, véritablement depuis 1991 avec la mise à liquidation des entreprises et sociétés d’Etat comme la CMDT, la Régie de chemin de fer, l’HUICOMA, la SOTELMA, etc.

L’adoption de la Loi d’orientation agricole, et de l’introduction des OGM dans notre agriculture, du Code minier, etc. sont autant de faits qui traduisent, selon le conférencier, les limites de notre Etat. « Le rôle et la place qu’occupent nos Etats africains, particulièrement celui du Mali, a entaché notre indépendance » a conclue le conférencier. Qui appelle à la mobilisation des citoyens pour un changement.

Issa Fakaba Sissoko

 

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