Première journée des banques et établissements financiers :Le mur de méfiance brisé entre banquiers et opérateurs économiques

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Organisée le 5 mars au Centre international de conférences de Bamako par l’Association professionnelle des banques et  établissements financiers du Mali (APBEF) la première Journée  des banques aura été un franc succès dans la mesure où elle aura permis de briser le mur de méfiance entre  les deux acteurs-clés du développement économique que sont les banques et les opérateurs économiques, notamment les promoteurs des PME-PMI. Elle a été meublée par des expositions-ventes à travers une quinzaine de stands  et des conférences-débats de haute  facture  à l’image de celle portant sur " la problématique du financement des entreprises par le secteur bancaire au Mali : cas des petites et moyennes entreprises, la bancarisation et la monétique ".

Première du genre, cette journée  a débuté par la coupure du ruban symbolique par  le ministre de l’Economie et des finances, Sanoussi Touré, qui avait à ses côtés son homologue de la Communication et des nouvelles technologies, Mme Diarra Mariam Flantié Diallo, banquière de son état, le  président de l’Association professionnelle des établissements financiers, Moussa Alassane Diallo et le Directeur national de l’Agence de la BCEAO pour le Mali, Oumar Tatam Ly.

Après la coupure du ruban symbolique, ce fut la visite des stands représentant les banques et établissements du Mali  et le GIM-UEMOA qui proposaient, dans une ambiance bon enfant, leurs  produits au public. Cela grâce à une panoplie de supports imprimés, audio et audiovisuels.

La conférence-débats aura  été l’un des temps forts de la Journée  marquée par trois communications. Intitulée " Problématique  du financement  des entreprises  par le secteur bancaire au Mali : cas des petites et moyennes entreprises ", la première  fut exposée par Moussa Alassane Diallo, président de l’APBEF non moins PDG  de la BNDA.

Il ressort notamment de cette communication  que l’amélioration  de l’accès au financement des entreprises, en particulier les petites  et moyennes entreprises, constitue, aujourd’hui,  une préoccupation croissante, tant au Mali que dans les autres pays de l’UEMOA.

Les difficultés  d’accès au financement, de poursuivre le conférencier, occupent une place de choix parmi   les principaux obstacles auxquels sont confrontés les PME, surtout en période de démarrage. Cette  problématique revêt une importance capitale  pour les pays de l’UEMOA où le développement des PME  apparaît comme l’un des facteurs stratégiques pour relever les défis de l’accélération de la croissance économique, de la création d’emplois et de la réduction de la pauvreté. " Les établissements de crédit entretiennent des relations diverses et variées avec les entreprises (opérations de crédit, de dépôt, de service, de conseil). A ce titre, les entreprises, en tant que structures de production de biens et de services ne sauraient trouver meilleur partenaire que les banques et établissements financiers dans le bon déroulement de leur cycle de production. Cette relation privilégiée entre le système bancaire et les entreprises est au cœur de toutes les stratégies visant à développer un tissu économique durable et compétitif. Malgré des efforts financiers  importants déployés au cours des dernières années dans la mise à disposition de ressources financières aux entreprises par les établissements de crédit, des incompréhension entre les deux acteurs majeurs de l’économie demeurent",  a relevé le président de l’Association professionnelle des banques et établissements, Moussa Alassane Diallo.

En effet, d’un côté les entreprises se plaignent du difficile accès  aux sources de financement bancaire,  de la complexité des procédures  bancaires et des longs délais de réponse, du volume  important de document à fournir (états financiers, rapports d’activités, prévisions financières, etc.) du taux élevé d’intérêt, des garanties difficiles à fournir et des apports personnels  hors de proportion.

De l’autre côté, les banques se plaignent du mauvais montage financier et technique  des projets, de l’incohérence des états financier et technique lorsqu’ils sont disponibles, de l’insuffisance des études de marché et leur crédibilité, de la mauvaise appropriation du projet  par son promoteur, de la faible capacité managériale, de l’absence d’organisation interne et de suivi-conseil, de l’insuffisance de l’apport personnel et, enfin,  de la problématique des garanties.

Si les discussions étaient, par le passé, très houleuses entre les banques et les promoteurs de PME qui se regardaient en chiens de faïence, aujourd’hui les incompréhensions et la méfiance se sont sensiblement  estompées. Et le dynamisme des banques dans le financement  des PME a été même salué par certains opérateurs économiques au cours des débats. Un dynamisme qui doit aller crescendo d’autant que le gouvernement semble avoir mis au cœur de ses priorités  le financement des PME à travers la création d’un fonds d’investissement et d’un fonds de garantie qui seront dotés  chacun de 5 milliards de FCFA.

Le conférencier  a également informé l’assistance de l’existence d’un marché de la garantie à l’échelle sous-régionale et régionale, un marché, au-demeurant, en forte  croissance. Il s’agit notamment de Garantie des Investissements en Afrique de l’Ouest (GARI-s.a.) du Fonds Africain de Garantie et de Coopération  Economique (FAGACE) et du Fonds de Solidarité Africain (FSA). Moussa Alassane Diallo a également confié qu’un fonds de garantie est en cours  de création à la BAD qui couvre largement, dans ses objectifs, les PME.

La conférence-débat a été également  meublée par une communication sur la bancarisation présentée par le Directeur Général de la Bank of Africa, Mamadou Sène, non moins vice-président de l’APBEF. Il  en ressort  que  la banque, quel que soit le jugement, souvent excessivement sévère,  qu’on porte sur elle – est l’intermédiaire incontournable de toutes les transactions dans une économie moderne. Ainsi, promouvoir l’accès du plus grand nombre d’agents économiques (ménages, entreprises, structures étatiques) aux services bancaires est, sans aucun doute, un moyen d’accroître et d’intensifier les transactions. En d’autres termes, promouvoir la bancarisation serait un moyen de stimuler l’activité économique. La bancarisation-ou plus exactement le taux de bancarisation-mesure le taux de diffusion des services bancaires dans la population ; elle est  partout une préoccupation de tous.

L’objectif clairement affiché par le Gouverneur de la BCEAO pour la  campagne de bancarisation  lancée  fin  2010  est l’atteinte en  2012  d’un taux de bancarisation de 20%.  Actuellement, ce taux est en moyenne de 5%, dans notre espace économique et monétaire.

Cette large convergence sur le besoin de bancariser toutes les couches de population repose sur les objectifs que la bancarisation permet d’atteindre. En effet, la bancarisation est à la fois un accélérateur de croissance, un outil d’aménagement du territoire et un outil d’intégration sociale.

Dans l’UEMOA, en 2009, en taux de bancarisation, le Mali arrive en 2ème position avec un taux de 6,6%, compte non tenu des SFD, ndlr), derrière le Togo (12,6%) et devant le Sénégal (6,4%), le Bénin (5,4%), la Côte d’Ivoire (4,4%), le Burkina Faso (3,7%), la Guinée Bissau   (2,3%) et le Niger (1,3%) a précisé le Directeur Général de la Bank of Africa.

Toujours au sein de l’Union, en 2009, en terme de densité bancaire, le Mali arrive en 3ème position avec un ratio d’une agence ou bureau pour 49 600 habitants,  derrière le Sénégal (40 909) et le Togo (42 222) et devant le  Bénin (63 636), la Côte d’Ivoire (67 532), le Burkina Faso (81 967) la Guinée Bissau (87 500) et le Niger (223 438).

C’est au Directeur de GIM-UEMOA qu’est revenu l’honneur de  présenter la communication  sur la monétique. Il a saisi l’occasion pour faire  un vibrant plaidoyer en direction des autorités maliennes afin que  notre pays signe un accord de siège avec sa structure. Et exhorter les citoyens de l’espace UEMOA à adopter la carte GIM-UEMOA comme moyen de paiement privilégié dans toutes leurs transactions.

L’administration devrait donner le ton  en permettant, par exemple, le paiement  des impôts via les cartes GIM. Il a, enfin, fait part de son optimisme  quant à l’atteinte de l’objectif de 20% de taux de bancarisation dans l’espace UEMOA grâce  notamment à l’utilisation du mobile banking. 

Yaya SIDIBE

 

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