Première édition de la rentrée économique : Le CNPM expose les préalables pour la réduction du chômage et faire du Mali un pays émergent et compétitif

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La Salle de Banquet du Palais de Koulouba a servi de cadre le mardi 23 mai 2017 à la tenue de la première édition de la Rentrée économique du Conseil National du Patronat du Mali (CNPM). Présidée par le Chef de l’Etat, la rencontre s’est déroulée en présence des présidents des Institutions de la République, des membres du Gouvernement, des ambassadeurs accrédités dans notre pays, des PTF et de nombreux chefs d’entreprises. Cette première édition de la rentrée économique du CNPM, qui a été un coup de maitre, côté organisation, a été marquée, entre autres, par l’intervention du président de la République et de celui du CNPM. Deux thèmes ont été retenus. Il s’agit de la thématique Emploi et formation professionnelle et celle de la commande publique.

 

Devant les décideurs politiques et les partenaires au développement, le Président du CNPM Mamadou Sinsy Coulibaly a déclaré que «la rentrée économique, rencontre que nous souhaitons voir inscrite désormais dans l’agenda des décideurs politiques se veut être un espace d’échanges visant à mettre les questions économiques au centre des préoccupations nationales. Car nul ne peut contester le fait que tout est lié à l’économie ».  Pour lui, cette activité est l’occasion pour les décideurs politiques et économiques mais aussi pour les partenaires au développement de mener des réflexions permettant d’aboutir à des réflexions majeures, indispensables pour la relance économique.

La parole est revenue, ensuite, à M. Seydou Mamadou Coulibaly, vice-président au CNPM, pour la présentation des deux thèmes. S’agissant du premier thème «Emploi et formation professionnelle: Quelles mesures pour quels résultats», M. Seydou Mamadou Coulibaly dira  qu’il s’impose de lui-même dans le contexte assez particulier que connaît notre pays. Pour lui, la clé de voûte du programme présidentiel est la création de 200 000 emplois pour lesquels le secteur privé est fortement impliqué. Cet engagement du secteur privé est un acte citoyen et répond à une responsabilité sociale. «Cependant, force est de constater que toutes les conditions ne sont pas actuellement réunies pour la mise en œuvre de cet engagement par le secteur privé. En effet, comment recruter et créer des emplois quand les conditions d’une relance économique forte et durable ne sont pas au rendez-vous ?

Pour M. Seydou Coulibaly, plusieurs dysfonctionnements pèsent sur la gouvernance des structures dédiées à l’emploi et à la formation professionnelle d’appui. Il s’agit des limites des Conseils d’Administration, en tant qu’instance décisionnelle suprême, et en précisant sa composition et ses modalités de fonctionnement. Cependant, note-t-il, «force est de constater que le Conseil d’administration devient un organe de figuration destiné juste à mettre la forme à des décisions qui seraient prises à d’autres niveaux. Le Conseil d’administration, dans sa forme actuelle, perd le plus souvent ses prérogatives au profit du ministre de tutelle». Au patronat du Mali, on dénonce le fait que la gestion des structures d’appui soit confiée à un directeur général dont le processus de désignation et de nomination le place sous l’autorité du ministre de tutelle plutôt que de celle du Conseil d’Administration dont il devrait normalement relever. De ce fait, pour le 1ier Vice-président du CNPM,  «le Conseil d’Administration n’a aucun droit de regard et reste, le plus souvent, impuissant face à la gestion de ces structures et face aux défiances qui pourraient être constatées». Il n’a pas manqué de dénoncer la nomination du DG pour une période non limitée qui le pousse plus à être préoccupé par son maintien plutôt qu’aux performances globales de sa structure.

Sous ce registre, le CNPM propose que la nomination des DG se fasse à la suite d’un appel à candidatures par voie de presse et que le processus de présélection soit conduit par un cabinet privé indépendant. Aussi, le Patronat du Mali demande à ce que leur mandat ne dépasse pas trois ans, renouvelable qu’une seule fois.

Sur le plan de la fiscalité, selon M. Seydou Mamadou Coulibaly, «un constat s’impose à nous lorsque nous nous intéressons aux impôts et taxes auxquelles les entreprises maliennes sont assujetties». Il s’agit  de la pression fiscale qui pèse sur les entreprises maliennes en matière d’emploi qui est l’une des plus importantes de l’espace UEMOA. «Il apparaît que les entreprises maliennes sont frappées par plus d’impôts que leurs homologues des autres pays de l’UEMOA. Au moins deux taxes supplémentaires sont payées au Mali à savoir la taxe Emploi Jeunes et la taxe Logement» note-t-il. Ici, le CNPM propose la suppression de la Contribution Forfaitaire et une refonte des différentes taxes (TFP, TEJ, TL) en une seule, appelée «Taxe Emploi».  Il s’agit de laisser ce taux à 5 % et le montant collecté servira à alimenter les différentes agences qui bénéficient de ces fonds. L’objectif de cela est de supprimer des taxes qui n’existent pas ailleurs et qui sont de nature à freiner la compétitivité des entreprises maliennes.  Pour le 1er vice-président du CNPM, il nécessite aussi d’apporter des modifications sur l’Impôt sur les Traitements et Salaires (I.T.S.) sur le taux d’imposition qui pourrait être ramené à  25 %, sur les tranches de revenus en tenant compte de l’augmentation du salaire de façon générale ces dernières années et sur la base imposable. Cette mesure vise comme objectif  de faire baisser la pression fiscale sur les entreprises afin de les inciter à recruter davantage et à être plus compétitives face à leurs homologues de l’UEMOA et d’augmenter les revenus des travailleurs sans induire une augmentation de salaire afin d’améliorer le pouvoir d’achat des ménages et de créer les conditions d’une véritable relance économique par une relance de la consommation. Enfin sous ce chapitre de la fiscalité, le patronat malien invite le Gouvernement à réduire la part patronale dans les charges sociales de 2 %, dans l’objectif de se rapprocher des taux en vigueur dans les autres pays de l’UEMOA.

 

Six mesures nécessaires pour une Commande Publique efficace

Pour un cadre plus favorable aux entreprises nationales, le patronat demande aux autorités maliennes de multiplier les supports de publication des appels d’offre, de décoder les informations indispensables et de dématérialiser les procédures des appels d’offres. Il s’agit aussi de la neutralité des autorités, de l’instauration du « Buy Malian Act » et de la labellisation.

Pour sa part, le Président IBK, après avoir salué la création de cet espace d’échanges entre décideurs politiques et chefs d’entreprise, a reconnu que les embuches sont nombreuses pour les entreprises maliennes. Il a promis que de mesures diligentes seront prises pour lever les entraves  à la création de richesses pour une économie émergente.

« Nous n’allons pas attendre un an pour nous retrouver, mais, dans 6 mois  nous nous retrouverons pour faire le point. Et nous ferons en sorte qu’il y ait un Buy Malian Act » a annoncé le président IBK. Il a ainsi rassuré le président du CNPM que le gouvernement mettra tout en œuvre afin de permettre aux entreprises maliennes d’atteindre leurs objectifs, à concurrencer ceux de la sous-région pour le Bonheur et l’Honneur des Maliens.

Notons enfin que le CNPM est une organisation qui a la responsabilité de conduire toutes études et actions en faveur du bien commun des entreprises. C’est à ce titre, qu’il représente et défend les intérêts des entreprises, définit et fait connaitre le point de vue des entrepreneurs, exprime leur volonté de progrès et favorise la liberté d’entreprise.

De ce fait, il est le représentant principal des entreprises auprès des pouvoirs publics, des organisations patronales étrangères, des organisations syndicales de travailleurs, des organisations économiques et sociales, des partenaires techniques et financiers.

C’est dans ce cadre que le CNPM a initié la Rentrée Économique au Mali avec la ferme conviction, qu’à l’instar des autres rentrées (judiciaires, culturelle, sportive, littéraire, etc.), il est indispensable aujourd’hui pour le Mali d’avoir cet espace d’échanges et de propositions.  Où chaque année, les acteurs du secteur privé viendront à la rencontre des pouvoirs publics afin de se saisir d’une problématique forte, pour laquelle ils seraient prêts à s’engager afin de réunir ensemble les conditions d’un meilleur exercice de l’activité économique.

Dieudonné Tembely

tembely@journalinfosept.com

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