Réélu à la tête de la Banque africaine de développement (Bad) pour les cinq années à venir, le président Adesina entre dans l’histoire parce qu’étant le premier Président de la Banque réélu par un scrutin. Toutefois, il est conscient de l’énorme chantier qui l’attend : faire face à de gros défis et d’importants enjeux, dans un contexte marqué par la pandémie de Covid-19 dont les stigmates seront visibles sur les économies africaines.
Les lampions se sont éteints sur les assemblées annuelles du Groupe Banque africaine de développement, notamment avec la tenue de la 55è assemblée annuelle du Conseil des gouverneurs de la Banque africaine de développement (Bad) et de la 46è assemblée annuelle du Conseil des gouverneurs du Fonds africain de développement (Fad). Diverses thématiques y ont été débattues : l’intégration régionale et le commerce, le climat, le genre, les jeunes, les emplois et la soutenabilité de la dette et la façon dont nous pouvons mettre l’accent sur des infrastructures de soins de santé de qualité afin de renforcer la résilience économique de l’Afrique. En plus de la manière de parvenir à la viabilité financière à long terme de la Banque.
Mais Covid-19 oblige ! Ces assises ont été organisées en ligne du 26 au 27 août 2020. Et cette même Covid-19 a été au centre des discussions, notamment les réponses rapides à lui apporter et aussi, et surtout, la relance des activités économiques plombées depuis bientôt un an par ce petit virus, ennemi invisible qui fait trembler le monde. Ce que le Conseil des gouverneurs de la Bad reconnaîtra dans son communiqué final, notamment en son premier point retenu à la suite de cette rencontre, comme pour montrer toute l’importance accordée au sujet.
Faire face aux défis occasionnés par cette pandémie persistante
En effet, on peut lire dans le communiqué final du Conseil des gouverneurs : “Nous prenons note des énormes défis posés par la pandémie de Covid-19, et notamment des graves perturbations qu’elle engendre dans les plans de développement de nos pays membres régionaux (Pmr). À cet égard, nous félicitons le Groupe de la Banque d’avoir adopté la Facilité de réponse rapide à la Covid-19 (Crf) pour fournir une gamme flexible de solutions exceptionnelles de soutien afin d’atténuer les graves conséquences économiques et sociales de la pandémie au sein de nos Pmr. Nous appelons à la mise en œuvre effective de la Crf, dans le respect du cadre de stabilité financière de la Banque, afin que ses nobles objectifs puissent être atteints et à l’adaptation des interventions du Groupe de la Banque pour faire face aux défis occasionnés par cette pandémie persistante, à moyen et à long termes.”
Et ledit communiqué de préciser : “Compte tenu des perspectives très incertaines liées à la pandémie, nous invitons le Groupe de la Banque à poursuivre la mise en œuvre de ses programmes en accordant une attention particulière à la gestion des risques financiers et opérationnels qui pourraient survenir, afin de préserver sa capacité à remplir sa mission de développement de la manière la plus efficace possible.”
Lors de cette rencontre annuelle, il a été aussi question d’un vaste programme de réformes entrepris par le Groupe de la Banque dans le cadre de la septième augmentation générale du capital (Agc-VII) et de la quinzième reconstitution des ressources du Fonds africain de développement (Fad-15). Le Conseil des gouverneurs se réjouit des mesures prises à ce jour pour mettre en œuvre le programme de réformes et exhorte le Groupe de la Banque “à redoubler d’efforts pour honorer pleinement et en temps voulu les divers engagements pris, en vue d’affiner son orientation stratégique, d’améliorer son efficience et son efficacité tout en garantissant la viabilité financière, de renforcer sa capacité à produire des résultats à grande échelle, et de consolider sa position pour optimiser son impact en tant que partenaire de développement de confiance sur le continent.”
Avec le débat soulevé sur la gouvernance de la Bad, quelques mois avant la tenue de ces assemblées annuelles, cet aspect ne pouvait être évidemment occulté. Il a fait l’objet d’une attention particulière traduite par l’exhortation du Groupe de la Banque à renforcer ses fonctions de gouvernance interne, de conformité, de contrôle et de responsabilité pour s’aligner sur les bonnes pratiques des institutions sœurs, tout en précisant : “À cet égard et dans un esprit d’unité et de collaboration, nous autorisons la création d’un Comité ad hoc du Conseil des gouverneurs chargé de superviser la revue du cadre de gouvernance de la Banque en matière d’éthique et de traitement des plaintes. Cette revue portera sur la politique de dénonciation et de traitement des griefs, le code de conduite des dirigeants élus, le mandat du Comité d’éthique et toute autre règle pertinente, et visera à les mettre à jour afin de renforcer la gouvernance du Groupe de la Banque, de garantir les plus hauts niveaux de responsabilité, de crédibilité et d’intégrité et de promouvoir la transparence et l’indépendance.”
Réélu pour un nouveau mandat de cinq ans à la tête de la Banque africaine de développement, le président Akinwumi A. Adesina mesure à sa juste valeur l’ampleur du chantier qui l’attend, en affirmant dans son disciurs de clôture des assemblées annuelles du Groupe Bad : “Je suis impatient de travailler en étroite collaboration avec chacun d’entre vous pour accomplir la mission urgente et difficile qui nous attend : aider l’Afrique à se reconstruire, plus solidement, plus intelligemment, et plus audacieusement, après cette pandémie de Covid-19.” Il ajoute : “Aujourd’hui encore, la Banque africaine de développement a montré son attachement aux normes les plus élevées et son engagement en faveur de la transparence et de la bonne gouvernance institutionnelle […] Je réponds à ce nouvel appel. Un appel à servir de manière désintéressée l’Afrique et la Banque africaine de développement.”
Amadou Bamba NIANG