Pour protéger la COMATEX et BATEXCI : L’Etat tente d’imposer le tissu Fancy aux Maliens

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Qui veut interdire le port du Bazin au Mali ? C’est la question qui est aujourd’hui sur toutes les lèvres après les propos tenus le lundi dernier, 21 juin 2010 par le président de la Chambre de Commerce et d’Industrie du Mali et non moins président du Conseil Economique, Social et Culturel Jeamille Bittar lors de la conférence de presse organisée par l’association des intervenants dans la filière Thé vert au Mali.

Ce dernier qui était venu donner des assurances aux importateurs de Thé vert au Mali par rapport au monopôle de fait que le Modérateur du secteur privé Moussa Diakité concoctait pour Emile Achcar, le promoteur du «Thé Barro»,  a profité de cette occasion pour inviter les importateurs du tissu Bazin aussi à se préparer à la guerre contre toute tentative d’imposer un monopôle de droit ou de fait.

«Je tiens à dire que ma femme n’abandonnera jamais son traditionnel bazin au profit du Fancy local. Le bazin est aujourd’hui bien ancré dans nos mœurs. Aucune politique de protection encore moins de relance d’une quelconque industrie locale ne nous amènera à renoncer à notre bazin»,  martela-t-il dans un tonnerre d’applaudissements. Bon nombre de grands commerçants habillés en grands boubous bazins bien teintés n’ont pas manqué de féliciter chaleureusement Jeamille Bittar pour cette sortie. Le président de la Chambre de Commerce et d’Industrie, décidément bien inspiré ce jour-là, tiendra à faire savoir aux importateurs de Thé qu’il n’y aura ni monopôle de droit, ni monopôle de fait sur un quelconque produit au Mali. «Nous ne sommes pas dans un régime socialiste. Aujourd’hui, le commerce est libéral en République du Mali », réaffirma t-il.

Que Jeamille Bittar proteste vigoureusement contre ces remises en cause de notre option économique, c’est-à-dire le libéralisme économique ne doit surprendre personne. En effet, depuis quelques temps on assiste médusé au retour d’un protectionnisme au Mali qui ne dit pas son nom. Les protocoles d’accord signés sur le savon, le sucre, la farine, le riz, le fancy et aujourd’hui le thé ne sont autres que des occasions de se faire de l’argent sous le couvert du slogan de la protection des industries locales. Le projet d’appui aux commerçants détaillants qui a aussi été financé à hauteur de 5 milliards de F Cfa gracieusement offerts par le président de la République ne constitue-t-il pas un autre goulot d’étranglement ? Mais en la matière, le président de la Chambre de Commerce et d’Industrie du Mali est convaincu que la faute incombe aux collaborateurs du ministre du Commerce et de l’Industrie, Abdoulaye Ahmadou Diallo. «Il y a certaines velléités qui cherchent à déformer la démarche du ministre»,  dira-t-il tout en promettant de tirer toute cette affaire au clair.

Quid de l’interdiction du bazin au Mali ?

Quand le président d’une institution de la République appelle ses troupes à se préparer à la guerre, il y a décidément péril en la demeure.

Et en la matière, la faute incombe une fois de plus au modérateur du secteur privé, Moussa Diakité.

Selon les informations recueillies auprès des importateurs de tissu bazin au Mali, ledit modérateur a convié des soi-disants importateurs et vendeurs de tissus «Fancy» pour signer un protocole d’accord avec les deux industries locales de la place : COMATEX et BATEXCI. Il ressort dudit protocole que celui qui doit importer par exemple cinq balles de bazin est obligé d’acheter 500 balles de tissus fancy avec COMATEX ou BATEXCI.

Et curieusement, nous informe-t-on, sans pour autant qu’il y ait une communication c’est-à-dire une large publication de la teneure du fameux protocole d’accord, certains importateurs de bazin qui avaient déjà lancé des commandes ont vu leurs marchandises bloquées par la Direction Nationale du Commerce et de la Concurrence (DNCC). C’est le cas par exemple de cette grande commerçante de la place dont les deux remorques pleines de tissus bazin légers sont jusqu’à présent bloqués au niveau de la DNCC.

Cette mesure est d’autant plus paradoxale que les services des douanes eux-mêmes ne comprennent pas encore ses vraies motivations. Selon un responsable des douanes, dans le code des douanes, les articles du bazin et du fancy ne sont pas traités dans la même rubrique. Cette bataille qui commence est celle de tous les Maliens qui tiennent à leur bazin. Ce tissu qui est fabriqué en Allemagne est destiné exclusivement au marché malien où tous les autres pays de la sous-région viennent s’y approvisionner. Pourquoi tuer alors la poule aux œufs d’or ?

Birama Fall


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