«Le Mali a réalisé de très bonnes performances économiques au 30 juin de l’année en cours ». Ainsi s’est exprimé Christian Josz, le chef de mission du Fonds monétaire international (Fmi) en fin de mission dans notre pays. Son remplaçant, déjà sur place, a été présenté à l’occasion du déjeuner sympathique offert avant-hier par le ministre de l’Economie et des finances, Mamadou Igor Diarra, pour remercier au nom du président de la République et du Gouvernement Christian Josz et son équipe, « pour les conseils stratégiques qu’ils n’ont cessé de prodiguer au Mali durant toute la durée de leur mission », selon le Ministre.
Ce départ de Christian Josz coïncide avec la fin de la quatrième revue du Fmi dans notre pays, au titre du programme de Facilité élargie de crédit (Fec). Comme le précise le Ministre Mamadou Igor Diarra lors de la conférence de presse qu’il a co-animée avec le chef de mission sortant du Fmi, dans la salle de conférence de l’Hôtel des finances de l’Aci 2000 aussitôt après le déjeuner, «le Fmi est avant tout un programme de conseil et d’assistance qui aide à améliorer le cadre macroéconomique et la gestion des finances publiques ». C’est dans ce cadre que les revues permettent de se pencher sur la situation économique du pays.
La quatrième revue qui s’achève a été mise à profit pour un cadrage budgétaire de l’exercice 2016, avec «un budget d’Etat qui fait beaucoup plus de place aux investissements et au financement des projets », selon Mamadou Igor Diarra.
Précisons cependant que ce budget 2016, déjà ficelé, connaîtra certainement des réaménagements à travers une loi de finances rectificative, après la Conférence des bailleurs prévue le 22 octobre prochain à Paris. Le Mali attend beaucoup de cette rencontre dont les retombées, en termes financiers, devront donc être intégrées dans ledit budget.
Accord sur l’essentiel
Dans l’ensemble, il y a eu une convergence de vues entre le Fmi et les autorités maliennes, selon les déclarations des deux parties. «Il y a eu un accord sur l’essentiel » précisera Christian Josz, qui a tenu à ajouter que « le Mali a réalisé d’excellentes performances en fin juin 2015, mais il faudra veiller à ce que l’accélération des dépenses publiques attendue d’ici la fin de l’année se fasse en toute rigueur ».
Il faut reconnaître que la rigueur mise à profit par le ministère de l’Economie et des finances a porté ses fruits, puisque les finances publiques ont été assainies, permettant ainsi de mettre en place un budget 2016 qui signe l’amorce véritable de la relance économique. En effet, les recommandations du Fmi lors des revues précédentes mettaient l’accent sur la nécessité de faire preuve de beaucoup plus de rigueur dans l’application des règles budgétaires et de passation des marchés publics pour rétablir la confiance des entreprises, des consommateurs et des bailleurs de fonds. Et aussi, préserver la stabilité macroéconomique en maintenant le solde budgétaire de base proche de zéro et le socle budgétaire global à un niveau compatible avec la viabilité de la dette. En plus de l’accélération des réformes pour améliorer le climat des affaires, notamment en renforçant la gouvernance et en développant les efforts de lutte contre la corruption.
Il semble bien que tous ces points relèvent maintenant du passé car à tous ces niveaux, le Fmi a décerné un satisfecit au Mali. En d’autres termes, comme le précise Christian Josz : «Les engagements pris par le Mali en vue d’accéder au programme de Facilité de crédit ont été respectés ».
Aux termes des discussions entre le Fmi et les autorités du Mali, des mesures sont préconisées afin de consolider les performances acquises en matière de gestion budgétaire et aussi pour mieux asseoir les conditions du développement économique de notre pays.
Parmi ces initiatives, il convient de retenir d’abord, que la direction générale des douanes est appelée désormais à produire un rapport sur la situation des importations pour permettre la confrontation avec les chiffres émanant de la société chargée de la vérification des importations, en l’occurrence Bivac. Une autre façon de veiller sur la régularité des opérations d’importation.
Ensuite, les dépenses militaires seront auditées par le Contrôle général des services publics pour vérifier si on a tenu compte des recommandations issues de la dernière revue du Fmi, notamment en termes de respect des principes budgétaires et de passation des marchés publics.
Par ailleurs, le Bureau du vérificateur général sera mis à contribution pour l’audit des exonérations à l’importation qui coûtent 233 milliards FCFA au Mali, soit 4% du produit intérieur brut (Pib).
En outre, pour maîtriser la chaîne des dépenses, il appartiendra désormais au ministre de l’Economie et des finances de nommer les DFM et les DAF de tous les services publics, à compter du 1er janvier 2016.
Répondant à la question de savoir quel est le meilleur chemin du développement pour le Mali, Christian Josz de marteler : «Il faut mettre l’accent sur l’Education. Il faut avoir un système éducatif performant. Ce qui n’est pas le cas actuellement car les gens vont se former à l’étranger pour bénéficier d’une bonne qualité d’enseignement ». C’est sans commentaire !
Amadou Bamba NIANG